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«Vevey se doit d’être ambitieux»

Le nouvel entraîneur de la Une du Vevey-Sports l’assure: si son équipe arrive à engranger un maximum de points d’ici à mars-avril, «elle visera le podium».  | A. Sulik

Football
Bien connu dans la région, le technicien de 54 ans est le nouveau coach du Vevey-Sports qui entame sa deuxième saison en Promotion League. Interview à quelques jours du début du championnat.

Metin Karagülle, vous revenez encore une fois à Vevey après plusieurs passages. Vous aimez vraiment ce club ?

– J’ai été tour à tour l’entraîneur assistant de Jean-Philippe Karlen, de Christophe Caschili puis d’Amar Boumilat avec qui nous avons disputé les finales en 2023. Cette fois, je reviens comme entraîneur principal. À mes yeux, Vevey, entre Lausanne et Sion, est le club qui dispose des meilleures infrastructures, qui est le plus ambitieux.

Sans compter son côté populaire…

– Vevey attire en effet plus de supporters que certains clubs de Challenge League. Des derbies contre Bavois ou Bulle peuvent facilement attirer 700 à 800 spectateurs. On joue pour faire plaisir au public. Quand j’entraînais Aigle, nous avions réussi en 2015 la montée en 2e ligue interrégionale devant 2’200 spectateurs contre Genolier, ce qui reste, et de loin, le record du stade. 

Vevey a réussi une remarquable première saison en Promotion League (8e sur 18) malgré des problèmes financiers et le départ de plusieurs joueurs cadres. Quelles sont vos ambitions pour cette saison ?

– Les gars ont effectivement fait un super championnat et le mérite en revient en bonne partie à mon prédécesseur, Jean-Philippe Lebeau. Concernant mes ambitions, je pourrais me contenter de vous dire le maintien, l’éternel cliché… Mais non! J’ai toujours été un entraîneur ambitieux. Si on arrive à engranger un maximum de points d’ici à mars-avril, on visera le podium. Selon moi, Bienne, Schaffhouse – le relégué – et les M21 de Bâle font figure de favoris.

De quelle équipe disposerez-vous ?

– Une douzaine de joueurs sont restés grâce à l’excellent travail du nouveau président Fatlind Rama et à celui de Salim Karib, le directeur sportif. Dans les buts, je vais faire confiance à Michel Fohouo, resté dans l’ombre ces dernières saisons. Concernant les transferts, tout se jouera, comme c’est souvent le cas, dans les derniers jours du mercato. Mais nous avons déjà obtenu le prêt de plusieurs recrues de Sion et Servette, avec qui nous avons une très bonne collaboration. Et je vais aussi lancer des espoirs de la région. Aider les jeunes à réaliser leurs rêves a toujours été une priorité dans ma carrière.

Vous ne manquez pas de prestigieuses références à cet égard…

– À Sion, j’ai lancé Benjamin Kololli. Avec Azzurri Lausanne, j’ai donné sa première chance à Joël Monteiro, alors qu’il avait 17 ans. Il joue aujourd’hui en équipe de Suisse. Avec Monthey, j’ai repéré Chadrac Akolo, alors qu’il avait à peine 14 ans. À Monthey également, j’avais dans mon effectif un certain Steve Rouiller. À 24 ans, employé dans une station-service, il avait abandonné toute ambition dans le foot quand j’ai parlé de son cas à Christian Constantin. Steve a fait un stage avec Sion à Marbella et il a été engagé. Aujourd’hui, avec Servette, il est l’un des meilleurs défenseurs du pays.

Quelle est votre philosophie de jeu ?

– Être plus malin que l’adversaire. La France a été championne du monde en Russie en 2018, mais qui se souvient comment cette équipe jouait? C’était tout sauf spectaculaire… Mais au final, elle a remporté le titre.

En juin dernier, Fatlind Rama a repris un club au bord de la faillite. Qu’en est-il aujourd’hui ?

– Les promesses ont été tenues. Les joueurs ont touché leurs arriérés de salaire. Plus de 100’000 francs ont été déboursés. Vevey est sur la bonne voie.

D’Aigle à Bex, de Monthey à Collombey-Muraz, on ne compte plus les clubs de la région que vous avez entraînés. À 54 ans, votre passion reste intacte?

– À 32 ans, après avoir notamment joué à Monthey avec Orlando et Quentin, j’ai dit à mon épouse: «J’arrête le foot.» Quelques jours plus tard, je devenais entraîneur-joueur au FC Bouveret. Je n’ai plus jamais arrêté. J’avais 21 ans à peine quand j’ai passé mon diplôme.

En 2020, vous avez même entraîné l’équipe de Karabükspor, en 2e division turque, votre pays d’origine.

– C’était pendant le Covid. J’entraînais Azzurri Lausanne et le championnat avait été arrêté. Ce qui n’était pas le cas en Turquie. J’ai passé une saison magnifique dans ce club très connu en Turquie. Comme dans tous les pays latins, le foot est une vraie passion là-bas. C’était pour moi l’occasion de retourner dans mon pays. Je suis arrivé en Suisse à 8 ans.

Les voitures de sport constituent votre autre passion. Vous dirigez une grande carrosserie à Collombey.

– Je l’ai fondée voilà 32 ans. J’ai 22 employés que je traite avec le même respect que mes joueurs. Quand j’étais ado, mes deux oncles de Lausanne transformaient des Porsche de compétition et des voitures de tourisme et je leur donnais des coups de main. J’ai gardé une passion pour cette marque. J’en possède personnellement une quinzaine dont une 911 de 1966, les premiers modèles.