Pour le 1er Août, Gaël Grobéty vise juste

C’est ce que l’on appelle mettre dans le mille. À quelques jours de la Fête nationale suisse, Gaël Grobéty, 42 ans cette année, annonce la parution d’une version dessinée de son roman «La Reine de Coeur», paru en 2019 aux éditions Cousu Mouche.

L’histoire, celle d’une jeune mendiante et d’un fils de paysan que rien ne prédestinait à voir leurs existences liées, revisite un mythe fondateur de l’histoire helvétique. Au centre du récit, des scènes qui se sont imprimées dans l’imaginaire collectif: Guillaume Tell refuse de saluer le chapeau du bailli Gessler sur la place du village; puis le bailli, voulant lui faire payer cet affront, défie le solide arbalétrier, s’il veut avoir la vie sauve, de viser une pomme placée sur la tête de son propre fils.

Des 204 pages du roman originel, Gaël Grobéty et le dessinateur jurassien Richard Henry ont tiré un magnifique ouvrage superbement illustré de 32 pages à destination du jeune public – pensé en premier lieu pour les 6-9 ans, le livre touchera aisément les plus grands. Et c’est bien des enfants, d’ailleurs, que l’aventure de cette «Reine de Coeur» illustrée est partie.

«Le roman est surtout destiné à un lectorat adulte et mon épouse, Pamela, trouvait dommage que nos enfants, dont les deux plus grands ont aujourd’hui 9 et 7 ans, n’y aient pas accès», raconte Gaël Grobéty. En cachette de son auteur de mari, elle contacte alors Richard Henry, dont le travail d’illustration pour un roman de fantaisie avait séduit le couple.

Cinq années de travail

Les premiers croquis, reçus de sa femme un jour de Noël 2020, émeuvent profondément le romancier, qui décide d’en faire un ouvrage dûment publié. Ce seront les éditions PVH, avec lesquelles collabore de longue date Richard Henry. Mais il y avait également deux autres raisons: la maison neuchâteloise met en avant une littérature de l’imaginaire labellisée suisse; et, porté par son amour des livres «à l’ancienne», Gaël Grobéty avait «envie d’en faire un bel objet». C’est donc chose faite, 4 ans et demi après les premières esquisses.

C’est qu’il a fallu rendre le récit accessible à un lectorat plus jeune, en adoucir la complexité en retrouvant notamment une chronologie plus évidente que celle du livre originel pour un public pas encore aguerri aux circonvolutions de l’écriture romanesque. «Tout n’a pas été gommé non plus, nous avons sciemment conservé une partie de cette complexité narrative, afin de plaire aussi à un lectorat plus âgé», explique l’écrivain veveysan.

Courage, amitié et sacrifices

Passé par le spectre de plusieurs classes de primaire, le texte a été validé par son public cible en amont. Il en ressort, selon les mots de présentation de l’éditeur, «un récit émouvant sur le courage, l’amitié et les sacrifices» qui «captive par son mélange de magie et de lutte contre l’injustice».

«On est dans un monde dont on a parfois l’impression qu’il se désagrège, entre urgence climatique, multiplication des guerres et émergence de chefs d’États discutables à la tête de grandes puissances mondiales, enchaîne Gaël Grobéty. Si le respect de l’autre, l’attention à l’autre, étaient davantage présents, les choses iraient sans doute mieux. Avec ce livre, j’ai notamment voulu poser la question de savoir jusqu’où l’on peut pousser le don de soi pour l’autre.» Le résultat, comme le réveil annoncé sur nos monts par le soleil, est brillant.   

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«La Reine de Coeur», de Gaël Grobéty et Richard Henry, PVH éditions, 32 pages.