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Une initiative populaire ambitionne de geler les constructions

Première Commune de la Riviera à disposer d’un Plan d’affectation conforme à la nouvelle LAT, La Tour-de-Peilz est devenue un eldorado pour les promoteurs.  | F. Doleyres

La Tour-de-Peilz
Face à une frénésie immobilière souvent critiquée, un groupe de citoyens propose d’instaurer des zones réservées pour une durée de cinq ans. Explications.

Et si la population de La Tour-de-Peilz décidait de mettre un frein aux constructions sur le territoire communal? Le scénario est d’un genre inédit, mais pas impossible. Une initiative populaire vient en effet d’être lancée en ce sens. Son comité est constitué de cinq personnes, dont deux élus au Conseil communal, le Vert’Libéral Jérôme Bonvin et le socialiste Michel Bloch. Un groupe de citoyens qui en appelle à une «densification raisonnable».         

«Voir autant de chantiers quand je roule à vélo, cela fait un moment que ça m’énerve», lâche Jérôme Bonvin, à l’origine de la démarche. Une effervescence immobilière qui a commencé en 2019, lorsque la Ville s’est dotée de son nouveau Plan général d’affectation (PGA). Et depuis, le ballet des grues et des machines n’en finit pas d’agiter cette commune de bientôt 13’000 habitants. 

Rattraper le retard

«En plus des nuisances, il y a aussi la question des infrastructures: elles ne suivent pas le rythme», poursuit celui qui travaille comme cadre chez Nestlé. «Que ce soit pour les écoles, les crèches ou l’accueil des seniors, la Commune est en constant rattrapage. Et on continue pourtant à construire… Je pense qu’il est nécessaire de mettre un frein au développement immobilier pour prendre le temps de combler ce retard.»

Sa proposition? L’instauration de «zones réservées» en certains endroits du territoire boéland. En clair, il s’agirait de «geler» les constructions durant cinq ans, le temps que de nouvelles infrastructures publiques voient le jour, afin d’absorber la croissance démographique. «Ce répit permettrait aussi de mener des réflexions en vue de l’élaboration de notre prochain Plan général d’affectation», ajoute le quadragénaire, qui rappelle que le PGA actuel sera considéré comme obsolète en 2034.

Voilà donc pour le principe: des quartiers mis sous cloche. Mais lesquels, au juste? «Cela concernerait des zones de moyenne à forte densité, où l’on voit de nombreuses maisons être remplacées par des immeubles», explique Jérôme Bonvin. Et de préciser: «Actuellement, un recensement architectural est mené par la Commune, afin d’identifier les bâtiments qui ont un intérêt historique et patrimonial. Cet inventaire pourrait nous servir à déterminer les quartiers à préserver.»

«Faire bouger les lignes»

Cette proposition de zones réservées, le Vert’Libéral l’a déjà portée l’an dernier devant le Conseil communal. Mais elle a été largement refusée. «On dit que le Canton refusera les zones réservées, mais je crois que la pression populaire peut faire bouger les lignes. Ne rien tenter par contre, c’est garantir le statu quo.» 

C’est donc une autre voie que le Boéland a décidé d’emprunter: l’initiative communale. «En cas d’acceptation, elle ne pourrait pas être simplement balayée par le Canton, lequel garde la main sur ces questions.» D’ailleurs, l’arrêt du Tribunal fédéral qui vient d’enterrer le projet immobilier des Grands-Prés à Montreux est à prendre selon lui comme un signal favorable.

Sur la table de l’Exécutif

Déposée le 12 septembre, l’initiative doit à présent être examinée par la Municipalité. «Il est encore trop tôt pour nous exprimer», indiquait la syndique Sandra Pasquier en fin de semaine dernière. Ce point sera à l’ordre du jour de la séance du 29 septembre. 

Le texte passera-t-il cette première rampe? «C’est une question d’interprétation juridique, estime Jérôme Bonvin. Si l’Exécutif donne son feu vert, je ne pense pas que cela puisse lui être reproché ultérieurement. En revanche, ce serait un mauvais signal de ne pas laisser la population voter à ce sujet.» En cas d’autorisation par la Municipalité, les initiants auront trois mois pour récolter les quelque 1’300 signatures requises.

À quelques mois des élections communales, la démarche ne serait-elle pas une manière pour le Vert’Libéral de se faire aussi un joli coup de pub? «Je ne suis pas candidat à la Municipalité, si c’est la question, répond-il. Je cherche simplement à préserver la qualité de vie des Boélands.» Voilà qui est dit.

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