
Potions, hydromel, cuisson au chaudron et maison de hobbit créent une ambiance particulière au marché du Diable vert. | L. Menétrey
Pénétrer dans ces jardins, c’est comme être happé dans un autre espace-temps. Celui où les minutes et les heures s’écoulent autrement. On se retrouve soudain projeté en l’an 1000, comme à l’époque des vikings.
Ce dimanche, en fin de matinée, dans la campagne bucolique de Bex, le marché Esprits du Nord bat son plein aux Jardins du Diable vert. Depuis la veille, les visiteurs, certains costumés, affluent pour ce rendez-vous singulier où se mêlent imaginaire viking et artisanat nordique. Un événement qui, au fil des ans, est devenu un pèlerinage pour les amoureux de légendes et de savoir-faire oubliés.
«Quand les gens passent le portail, ils ne veulent plus partir. Ici, on laisse la place à la magie et à notre âme d’enfant de s’exprimer et de s’émerveiller», glisse Valérie Fayard, la gardienne de ce lieu singulier. Et il suffit de quelques pas pour comprendre: un jardin médiéval s’épanouit au détour d’un sentier, une maison de hobbit abrite la tisanerie, des cabanes de lutins émergent du sous-bois. De tous les côtés, les enfants cabriolent et s’y inventent des mondes féeriques. «Viens, on va réveiller les lutins!», s’écrie l’un. «C’est une soupe magique!», s’exclame une petite en voyant une marmite de soupe à la courge qui frémit sur un feu de bois. «Le chaudron de la sorcière», renchérit l’autre.
Au total, 35 exposants déploient leur art sur les étals: des potions et élixirs, des bières artisanales vikings, de l’hydromel (boisson fermentée à base d’eau, miel et levure), des couteaux forgés à la main, des objets en cuir… «Hier, on a eu 720 personnes. Parfois, on monte à 1’000 visiteurs par jour, explique Valérie. Ça fait des week-ends à 2’000 personnes!»
Pépinière de créativité
Auparavant, ce terrain était une pépinière. Magali et Dominique Mottet l’ont transformé en lieu d’accueil et de ressourcement, et en jardin d’agrément. Mais après 20 ans d’activité, le temps de la transmission est venu. «On sentait que c’était le bon moment», lance Magali, qui s’affaire à l’arrière de son stand. «C’est non-stop ici. Nous, on aime créer, et on n’avait plus le temps pour ça. En résultait une certaine frustration», ajoute son mari. Il faut dire que la créativité, c’est de famille chez les Mottet. Lui forge des couteaux, elle pratique l’herboristerie et écrit des livres, et leur fille est illustratrice. Ils ont su recréer leur cocon un peu plus loin, toujours à Bex. Depuis 2021, ce sont Valérie Fayard et Adrien Mesot qui veillent sur les Jardins du Diable vert en faisant perdurer cet héritage, notamment à travers leurs marchés mythiques.
Les vikings, pas que des brutes
Au stand «Les 9 mondes», Yasmin incarne l’esprit nordique. Vêtue d’une robe-tablier jaune, d’un chapeau de laine et de bijoux anciens, elle est «la garante de l’histoire viking», assure Valérie. Autour de sa ceinture en cuir: un couteau, des ferrures vikings et une besace.
Yasmin et son acolyte Patrice essayent tant bien que mal de battre en brèche les stéréotypes sur les vikings – bourrus, violents – pour révéler la richesse de leur artisanat. Ils reçoivent par exemple de la part d’un éleveur des peaux de bêtes qu’ils revalorisent. «En Suisse, plus de la moitié de la laine est jetée. C’est du gâchis, il faut retrouver l’art de tanner et travailler ces matières brutes», soupire Patrice, debout derrière son étal couvert d’objets en laine et de peaux de lapins. Originaires du Nord vaudois, les deux exposants sont des habitués depuis plus de quatre ans.
Le marché Esprits du Nord est l’un des trois grands rendez-vous annuels du Diable vert: le Marché enchanté au printemps, les Esprits du Nord à l’automne, et celui de Noël, prévu du 29 au 30 novembre prochains. Ateliers, boutiques, tisanerie et jardins y sont à découvrir tout au long de l’année.
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