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Coup d’envoi pour le terminal rail-route

Gérard Seingre, Franz Ruppen, Isabelle Moret et Fabrice Thétaz (de g. à d.) ont officialisé vendredi dernier le lancement des travaux du Terminal Combiné de Monthey (TCM).  | L. Menétrey

Monthey
Les travaux de la plateforme de transbordement sont lancés, pour une mise en service espérée pour 2027. Objectif: moderniser la logistique régionale en facilitant le transfert de marchandises entre trains et camions.

Sur le parking de l’établissement primaire et secondaire, un semi-remorque bleu attire les regards. Derrière ses parois se cache une piscine mobile, prête à être déployée en une demi-journée. Dès que la porte s’entrouvre, une bouffée de chlore s’échappe et ne laisse plus aucun doute quant à la nature de cet étrange véhicule.
Dans un bassin de 8 mètres de long sur 2,10 mètres de large, six élèves suivent leur cours de natation, encadrés par leur enseignante qui les suit depuis le sol sur toute la longueur. Bonnets bien ajustés sur la tête, l’eau chauffée à 30 degrés jaillit à chacun de leurs mouvements, tandis que les «splatch» et «splotch» résonnent contre les parois du camion.

Un plancher modulable
La particularité de ce dispositif réside dans son plancher modulable, qui peut monter ou descendre de 0 à 1,20 mètre à la simple pression d’un bouton. «J’ai trouvé rigolo que le sol bouge», confie d’ailleurs Mihajlo, 8 ans. Ses camarades de classe partagent son ressenti, même si l’expérience peut impressionner.
«Les premières réactions sont positives, les élèves me demandent souvent d’abaisser davantage le plancher, observe Valérie Passera, enseignante de sport et de langues. La principale contrainte est qu’il faut être deux adultes: la maîtresse reste avec les élèves à l’extérieur tandis que nous, dans le camion, gérons le temps où ils se changent, car il n’y a que trois vestiaires.»

Prévenir les noyades
«C’est mon père, professeur de natation au Maroc, qui a inventé le plancher réglable à la fin des années 50, partage Jean-François Buisson, président d’Aqwa Itineris. J’ai repris son concept et transposé sa piscine dans un camion pour rendre l’apprentissage de la nage accessible à tous. L’idée m’est venue en faisant de l’humanitaire dans le Moyen Atlas, où les inondations font chaque année des victimes par noyade et où il est nécessaire de former les secouristes volontaires.»
Français d’origine et installé à Lausanne, il présente alors son idée à l’EPFL. Après sept ans de travail mené en partenariat avec l’EPFL et la HES de Berne, le premier prototype voit le jour en 2017 et fait halte à Évolène. Après quelques étapes en Suisse, le projet a rapidement suscité l’intérêt en France. Depuis, le prototype n’arrête pas d’être sollicité par des Communes dépourvues de piscine. Loué pour des périodes allant de deux à cinq semaines selon le nombre d’élèves, il est déjà réservé jusqu’à fin 2026.

Amener la nage dans la cour d’école
Dans de nombreuses régions rurales ou de montagne, les piscines sont rares, voire inexistantes, et celles qui existent sont souvent trop éloignées, ce qui complique l’organisation. «Plutôt que d’emmener les enfants à la piscine, l’idée est que la piscine vienne à l’école», résume Jean-François Buisson.
À Villeneuve, depuis plusieurs années, les élèves suivent trop peu de cours de natation, car la piscine n’ouvre que de juin à mi-septembre. «Pour remédier à ce problème, on s’est dit qu’on allait tester ce dispositif sur un mois, afin de mesurer son impact et la satisfaction des enseignants et des élèves», explique Marc-Olivier Narbel, président de l’Association scolaire et parascolaire intercommunale du Haut-Lac (Aspihl) et municipal à Chessel.
Jusqu’au 10 octobre, plus de 200 élèves de l’établissement scolaire vont apprendre à nager dans ce bassin itinérant. «Nous avons ciblé les élèves de 6 à 8 ans, car c’est à cet âge que les progrès sont les plus visibles. Nous voulions aussi qu’ils puissent bénéficier d’au moins trois séances dans le camion-piscine», détaille la directrice, Muriel Ansermoz.

La piscine mobile: une solution d’avenir
L’investissement pour un camion neuf est estimé à 700’000 francs. Une somme importante, mais qui pourrait être partagée. «Si l’expérience est concluante, notre objectif serait d’en acheter un exemplaire avec d’autres Communes pour diviser les coûts», avance Jean-Marc Chavannes, membre de l’Aspihl et municipal à Roche.
La piscine mobile ne contient que 24 mètres cubes d’eau. Lorsqu’elle doit être déplacée, l’eau est vidée, déchlorée puis récupérée par la Commune pour l’arrosage ou le remplissage des citernes d’incendie.