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Des coups de boutoir, de la sueur et beaucoup de fair-play

Le Genevois Mohammed Ayyad (34 ans) a déployé toute sa bravoure face au Colombien Santiago Garces (23 ans). | L. Zurcher

Puidoux
Vendredi, le meeting «Boxe en Lavaux» a tenu toutes ses promesses à la salle du Forestay. Cet événement inédit a été mis sur pied par Jean-Paul Demierre et Bertrand Duboux, ancien journaliste sportif à la TSR.

Vendredi dernier, sur le ring du meeting «Boxe en Lavaux» à Puidoux, Mohammed Ayyad (34 ans), Genevois d’origine libanaise, est sérieusement malmené par son adversaire, le Colombien Santiago Garces (23 ans). Il résiste, mais encaisse coup sur coup. On a presque mal pour lui. Tout acquis à sa cause, le nombreux public présent dans la salle du Forestay le soutient comme un seul homme. «Mo, on est tous avec toi!», «Vas-y Mo!» 

Titubant, il tiendra pourtant jusqu’au bout des six rounds. «Un combat homérique, Mo est allé au-delà de ses limites», lance au micro Bertrand Duboux, l’ex légendaire Monsieur boxe de la TSR, à la fois speaker et organisateur du meeting.  

Sitôt descendu du ring, enroulé dans un drapeau libanais, Mo est porté en triomphe par des dizaines de supporters. «Ce sont eux qui m’ont fait tenir, je n’avais pas le choix», sourit-il déjà remis, comme par miracle. C’était son combat de reprise après six ans hors des rings. «Aujourd’hui, mon garage marche bien, j’ai plusieurs employés, c’est ce qui me permet de m’entraîner à nouveau.» Il avait trois ans quand il a quitté son pays resté si cher à son cœur.  

Pour l’amour du noble art

Ce meeting «Boxe en Lavaux» a été une réussite. Les quelque 1’000 spectateurs de la salle du Forestay presque pleine ont assisté à des combats acharnés entre les meilleurs boxeurs romands et des adversaires venus de France, de Moldavie, mais aussi de Colombie et du Venezuela. À 77 ans, cet éternel passionné qu’est Bertrand Duboux a mené à bien son projet un peu fou, malgré les difficultés. «Heureusement qu’Allianz a joué le jeu comme sponsor principal, car j’ai essuyé beaucoup de refus. J’ai dû mettre 30’000 francs de ma poche pour payer les boxeurs et j’espère rentrer dans mes frais grâce aux entrées.»  

Alors que sa longue carrière l’a vu commenter les combats les plus mythiques des Cassius Clay et autres Mike Tyson, l’ancien journaliste sportif continue à écumer les meetings anonymes à travers la Suisse romande. «En boxe, il y a bien plus d’amitié et de respect entre les athlètes qu’en foot ou en hockey et c’est ce que j’aime tant.» Vendredi, après chaque duel, aussi violent soit-il, les boxeurs se sont tous congratulés chaleureusement comme s’ils étaient les meilleurs amis du monde.   

Crochets et uppercuts

Sur le ring, il y a eu de la sueur, des visages cabossés, du sang aussi parfois, devant un public en transe par moments, oscillant entre des encouragements et des saillies plus guerrières comme: «Ne le laisse pas respirer, finis-le!»

Le duel des super-lourds entre le Genevois Janick Moluh (113 kilos), et le Français
William Monnin (119 kilos) a été un grand moment. Ce que s’envoient ces colosses ressemblent à des coups de massue. À chacune de ses attaques, Monnin lance un cri strident à vous glacer le sang. Dominé à un moment, Moluh a fini par l’emporter de justesse. 

Quand on lui a demandé, encore tout transpirant, ce qu’il aime dans ce sport, il a répondu du tac au tac: «La boxe, c’est comme la vie, sauf qu’on sait d’où viennent les coups.» Hors des rings, balayant les clichés, il travaille tout en minutie comme assembleur de cadrans chez Rolex, quintessence du luxe. Avec l’espoir d’aller aux prochains JO de Los Angeles, il sacrifie tout à sa passion. «Du lundi au vendredi, ma vie se résume à bosser, aller à la salle, manger et dormir.» 

La fougue de la jeunesse

Entre les cordes, d’autres duels ont été tout aussi âpres. Saoulé de coups par le jeune Lausannois Marwan Maslard (20 ans), le Moldave Mihail Zubenco (21 ans) s’est vite mis à saigner du nez. Contraint à l’abandon, le visage tuméfié, le héros malheureux a levé les bras au ciel comme s’il avait gagné devant un public très ému.   

De son côté, le Payernois Leonid Berisha (23 ans) a parfaitement justifié son statut de grand espoir suisse en dominant le Français Dilan Altun. «Champion du monde», sa réponse claque comme un uppercut quand on lui demande l’objectif qu’il s’est fixé. En avril dernier, ce jeune patron d’une entreprise de machines à café s’était incliné de peu, aux points, contre le tenant du titre, l’Ouzbek Akmaljon Isroilov, à Iguaçú au Brésil.   

Enfin, le seul combat féminin s’est conclu par un match nul entre la Genevoise Marie Gautier et la Lausannoise Angela-Mia Mury. Cette dernière, s’estimant un peu lésée, a pourtant pris le verdict avec fair-play. Analyste criminelle à la Police cantonale après des études universitaires, elle envoie aussi les a priori au tapis. Ses entraînements quotidiens lui permettent d’«effacer les tracas de la journée» et de «vider les frustrations». «De caractère, je suis plutôt calme et réservée», confie-t-elle. Sur le ring, elle n’a par contre pas hésité à rentrer dans son adversaire. De quoi enthousiasmer le public nombreux. Sur ce point, l’événement a su convaincre. Reste à savoir s’il sera réédité.

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