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À Caux, deux émergents en écho du monde

Aurore Vuataz et Kim Andenmatten au bord du lac, à Montreux. Tous deux se réjouissent des merveilleuses opportunités de rencontres que permettront les Émergences musicales Montreux-Riviera. | P. Genet

Montreux
Les 2es Émergences musicales rassemblent neuf futurs talents francophones de la chanson du 1er au 7 décembre. Rencontre avec Aurore Vuataz et Kim Andenmatten.

Si les Émergences musicales sont bel et bien affaire de rencontres, alors pour elle et pour lui, elles ont déjà commencé. Ce vendredi matin, à la gare de Montreux, c’est le Lutrien Kim Andenmatten, 37 ans, qui est le premier au rendez-vous. On évoque brièvement son parcours dans la musique, majoritairement marqué par l’univers des comédies musicales, genre dans lequel il se produit régulièrement depuis une dizaine d’années et pour lequel il coordonne des soirées «open mic» (ndlr: scène ouverte) à Lausanne. Il mène un duo de pop francophone intimiste avec Damien Le Goff sous le nom de Demain Lundi, qui a sorti un premier EP en octobre.
On en est là lorsque, quelques minutes plus tard, débarque Aurore Vuataz, Chesseloise de 21 ans. Elle, qui vient d’une «famille très musicienne», a fait dix ans de violon classique, «pas mal d’années» de chant, écrit «beaucoup», chez elle, prend des cours de… comédie musicale.
Et là, au moment où l’on rejoint l’avenue des Alpes pour vaincre le froid autour d’un café, un premier lien se fait. Son nom à elle fait tilt dans sa tête à lui, et elle confirme: elle est la nièce de Daniel Vuataz, auteur veveysan à qui l’on doit notamment le livret de la comédie musicale «Big Crunch», où quatre amis désœuvrés cherchent leur place dans un monde menaçant de s’effondrer; et Kim a été l’un d’eux.

Brochette de noms certifiés
À partir de ce dimanche, c’est dans le cadre feutré d’un Caux Palace loin de l’effondrement qu’Aurore et Kim chercheront leur place. Avec sept autres futurs talents de la chanson de Suisse, de France et du Québec, sélectionnés parmi plus de 80 candidatures, ils y seront en résidence durant une semaine, sous l’égide de la Saison culturelle de Montreux et de l’Association Voix du Sud, qui organise de tels rendez-vous depuis 30 ans dans le sud-ouest de la France sous la férule de Francis Cabrel.
Tous ces «émergents» seront épaulés par des noms reconnus: le duo romand Aliose, l’auteur-compositeur-interprète français Olivier Daguerre et l’arrangeur parisien Alex Finkin. Le tout sous le parrainage du chanteur Gauvain Sers et l’aura de Francis Cabrel.
On égrène ces noms au moment où les cafés arrivent sur la table. Ça stresse? «Évidemment, ça fait partie de l’artiste, note Kim. Si on était sûrs de nous, ce ne serait pas normal. C’est une première pour nous deux, on sort de notre zone de confort.» Aurore acquiesce, pose l’éternelle question de la légitimité. «Maintenant qu’on a été sélectionnés, il va falloir montrer quelque chose. Moi qui pense toujours que ce que je fais n’est pas assez bien, je vais devoir apprendre à lâcher prise. Je ne pourrai pas passer des heures à tout refaire…»

Changer le monde?
Happés par la peur soudaine de «ne rien réussir à écrire», les deux «locaux» de l’étape disent venir chercher sur les hauts de Montreux «une bienveillance» et l’envie de «bouffer» tout ce qui se présentera. «Je vais y aller avec la plus grande ouverture possible pour pouvoir tout prendre. Il faut que ça serve à nous construire nous», souligne la Chesseloise. Pour, à terme, vivre de la musique? Pas forcément. «On a envie que la musique ramène de l’argent, c’est un travail immense, mais j’aime aussi mon métier. Après… si l’opportunité se présente, je l’étudierai sérieusement», relève le Lutrien, actif dans la communication visuelle et enseignant au Centre d’enseignement professionnel de Vevey (CEPV). «La dure réalité des plateformes de streaming, où il faut 1 million d’écoutes pour gagner 3’000 balles, est venue précariser encore davantage la situation de l’artiste.»
À défaut d’écrire des chansons qui rapportent, ils tenteront déjà d’en écrire des bonnes. Mais c’est quoi, une bonne chanson? «Une dont on se souvient», assène Aurore. «Une qui résonne avec la vie de la personne qui l’écoute», complète Kim. La résonance. Celle du monde sur l’artiste rassemble les deux émergents. «Si une nouvelle du monde m’énerve, ça va m’imprégner au moment d’écrire», débute-t-elle. Il poursuit: «Le monde nous impacte fort à l’intérieur. Et une chanson, ça part de ce qu’il y a à l’intérieur.» Et ça peut changer le monde en retour? «Ça peut changer le monde d’une personne…»


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