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Alpes vaudoises: l’hiver du rebrassage de cartes

Martin Deburaux a des projets plein la tête pour l’avenir de Télé Villars-Gryon-Les Diablerets. | C. Dervey – 24 heures

Remontées mécaniques
À l’heure de rouvrir les pistes, Martin Deburaux attaque sa première saison à Villars-Gryon-Les Diablerets. À Leysin, la saison démarre sans directeur.

Un absent et un novice. À quelques jours de l’ouverture du 7 décembre, les deux principaux domaines des Alpes vaudoises connaissent des actualités très différentes.
Tandis que Télé Leysin-Les Mosses-La Lécherette se cherche un nouveau directeur (lire ci-contre), l’entrepreneur Martin Deburaux, ancien restaurateur et directeur d’école de ski, entame une nouvelle aventure professionnelle à la tête de Télé Villars-Gryon-Les Diablerets (TVGD). Marketing, sécurité, canons à neige, nouvelle application mobile, barrières à neige, système anti-fraude: on passe tout en revue.

Martin Deburaux, comment vous sentez-vous dans ce nouveau rôle?
– Très bien, j’ai reçu un excellent accueil. Il y a de quoi faire en vue de l’ouverture partielle du 7 décembre, puis totale à partir du 14. Nous n’excluons pas d’anticiper si la neige tombée le permet, mais nous attendons d’évaluer les effets du redoux.

Le passage de restaurateur à directeur de TVGD n’est-il pas trop ardu?
– Pas du tout. Il y a un gros point commun: l’approche clients. Depuis la semaine dernière, nous pouvons compter sur un chef des ventes et marketing. Faire la queue à une caisse physique, c’est terminé. Nous avons développé des collaborations avec des partenaires, comme les hôtels, les écoles de ski, l’Office du tourisme, ainsi que des tour operators. Nous disposons également d’une nouvelle application mobile avec des infos en direct, le plan des pistes, un GPS des pistes.

Un gros enjeu est d’économiser la neige. Trois projets étaient annoncés, dont des barrières pour en capturer au Grand Chamossaire. Où en est-on?
– Le chantier a commencé il y a un mois. Un sixième du projet, une section d’environ 50 mètres, va être créé pour constituer une section test. Nous envisageons de recouvrir une partie de ces barrières de panneaux solaires pour alimenter directement en électricité la télécabine du Roc d’Orsay.

Il y avait également le vœu de modeler le terrain dans certains secteurs pour diminuer les quantités de neige nécessaires.
– Nous saurons cette semaine si nous obtenons le permis de construire. Ce projet poursuit en effet l’objectif de réduire la production de neige – donc la consommation d’eau et d’électricité – mais aussi la diminution des heures de damage d’environ 60 à 70% et du nombre d’accidents sur ce secteur.

Et qu’en est-il des canons à neige prévus sur la liaison Villars-Diablerets?
– Les études techniques et environnementales sont en cours. Ce projet nous permettra d’assurer la liaison à ski entre les deux principales stations du canton.

À Leysin et aux Mosses, le projet de canons a rencontré une levée de boucliers. Il faut s’attendre aux mêmes résistances?
– Je ne conjecture rien. Je précise toutefois que notre projet est bien moindre et ne constitue qu’une extension de l’enneigement mécanique existant.

Vos autres priorités?
– La principale est le renouvellement de la télécabine Barboleuse-Les Chaux à l’horizon 2030, pensée non seulement pour le ski, mais également pour un usage en tant que transporteur public entre Barboleuse et l’Alpe des Chaux, et ce tout au long de l’année. Nous avons eu une première séance d’information auprès des propriétaires, d’autres seront organisées prochainement. La deuxième priorité sera le développement des activités hors du ski, le fameux «quatre saisons».

Au niveau de la sécurité, vous annonciez une réflexion l’an dernier. Elle a avancé?
– Oui. Des caméras permettront d’analyser le comportement des usagers et d’alerter l’opérateur en cas de problème: un garde-corps mal baissé, un skieur mal installé ou qui a laissé son sac à dos, des petits enfants seuls, etc. Sur huit installations, six sont équipées. Les deux dernières le seront l’an prochain. Je signale également un système anti-fraude semi-automatique, notamment pour repérer les abonnements qui auraient été confiés à un proche ou ami. Les resquilleurs ne passeront plus entre les gouttes.

Vous avez également revu certains horaires.
– Nous ouvrirons plus tôt, dès 8h30, pour répondre aux nouvelles habitudes.

Un intérim en attendant Noël

À Leysin et aux Mosses-La Lécherette, l’heure est aussi au changement à la veille de l’ouverture des pistes prévue le 7 décembre. La saison d’hiver débutera en effet sans directeur des remontées mécaniques, Armon Cantieni, en poste depuis septembre 2022, ayant démissionné. Ce dernier, qui a connu des ennuis de santé, ne souhaite pas commenter. Pas plus que Jean-Marc Udriot, syndic de Leysin et président de Télé Leysin-Les Mosses-La Lécherette (TLML). «La nouvelle a été communiquée aux équipes en septembre», précise-t-il.

Le vice-directeur Cédric Sauser assure l’intérim, secondé par Sybille Colaço, nommée sous-directrice. «L’opérationnel est assuré, ajoute Jean-Marc Udriot. Le processus de recrutement d’un nouveau directeur ou d’une nouvelle directrice est en cours. Nous espérons avoir engagé quelqu’un avant Noël pour une entrée en fonction courant 2025.» Pour TLML, c’est un coup dur au moment où plusieurs chantiers d’envergure sont en route: prolongement du train jusqu’à la télécabine, remplacement de cette dernière à l’horizon 2032 (fin de la concession), diversification touristique quatre saisons et installation de nouveaux canons à neige.

Ce dernier volet, largement contesté lors des mises à l’enquête, doit par ailleurs faire l’objet d’une nouvelle procédure à la demande du Canton, compte tenu de la présence de prairies et pâturages secs protégés sur l’itinéraire prévu. «Une mise à l’enquête complémentaire unique pour les trois volets concernés est prévue en janvier.»

Sur le terrain, les préparatifs de saison vont bon train sur les secteurs principaux (Berneuse à Leysin et Crettex-Dorchaux aux Mosses). Niveau animations, il en va de même pour le Tobogganing Park de Leysin. La station mise également sur l’Opel Freeski Tour (25-26 janvier), le GiantXtour (19 au 22 mars) ou le Shapes Festival (17-23 mars).

Glacier 3000: bon début, mais venteux

À Glacier 3000, la vraie nouveauté est évidemment la réouverture du restaurant Botta, ravagé par un incendie en septembre 2022 et inauguré dans sa version nouvelle avec terrasse panoramique au milieu du mois (voir notre édition du 20 novembre). De manière générale, le directeur Bernhard Tschannen parle d’un «très bon début» depuis l’ouverture du 9 novembre, même si le vent a passablement compliqué les choses. «Nous avons eu des rafales jusqu’à 210 km/h et de la casse la semaine dernière sur des installations. Le mât du Peak Walk a notamment été arraché.»

Le mètre de neige accumulé a tout de même permis d’ouvrir la plupart des installations et le week-end à venir s’annonce sous de bons auspices avec du soleil et du frais. Parmi les nouveautés, la Combe d’Audon est en phase d’élargissement dans sa partie centrale, le Snowpark a été déplacé vers le Botta et deux nouveaux stades d’entraînement ont été créés. Pour la vertigineuse piste du Black Wall, il faudra encore attendre de la neige fraîche.

La neige viendra plutôt des canons

Sauf que, selon les projections de MeteoNews, il y a peu de neige naturelle à attendre ces dix prochains jours. «La tendance n’est pas à la grosse dégradation, informe le météorologue Nicolas Borgognon. Après la faible perturbation de dimanche à lundi, il devrait y en avoir une autre ce jeudi, mais elle n’amènera que peu de précipitations et pas en dessous de 1’800-2’000 mètres. Il n’y aura pas de miracle pour les arrivées en station.» D’autant que le redoux et le foehn sont à l’œuvre, rendant les canons à neige inopérants jusqu’ici. Les choses pourraient toutefois changer: «Un rafraîchissement des températures est attendu en fin de semaine.»