L’artiste espère réaliser bientôt une nouvelle œuvre du côté de sa chère station de Leysin. | L. Grabet
Antoine Guignard, alias «Les Pinceaux Verts D’Antoine» (LPVDA), a encore frappé! Le talentueux «street ponceur» de Leysin, qui grave au papier de verre et à la pierre ponce des scènes ou visages dans des façades de vieux bois depuis 2017, vient de venir à bout d’un nouveau chantier d’ampleur. Cette fois-ci du côté de Delémont (JU), à la demande de l’École jurassienne du bois.
L’artiste vient de poser une couche d’imprégnation pour protéger son dernier chef-d’œuvre des UV et des intempéries aussi longtemps que possible. «Soit pour 3 à 4 ans au maximum», précise-t-il. Ensuite, l’image s’estompera peu à peu en délivrant à chaque étape une nouvelle beauté plus nostalgique encore…
Cette fresque s’est imposée assez naturellement dans son imaginaire. Elle s’étale sur 100 m2 de mélèze et se déguste en anamorphose. À savoir que, selon un certain angle, elle donne l’impression d’être en trois dimensions. On y voit deux enfants finalisant une grande maison de poupée en bois dans laquelle ils ont pris place avec leurs outils. La scène est à la fois poétique et onirique, mais aussi très réaliste de par les postures des protagonistes. «J’avais conçu une maquette dans laquelle les enfants d’un ami ont pris place. Les photos que j’en ai tiré m’ont permis d’arriver à l’image finale», explique Antoine Guignard.
500 feuilles de papier de verre
Cette fresque a exigé un mois de travail à LPVDA loin de son cher village de Leysin, de ses montagnes «magiques», de ses deux chèvres et de sa brebis. Il a usé 500 feuilles de papier de verre dans cette bataille. «La phase de traçage est celle qui est la plus complexe. Je reproduis mon esquisse dans le bois avec un tournevis ou du papier de verre.» Suit la phase de ponçage.
Habituellement, LPVDA travaille avec des écouteurs sur les oreilles. Il se laisse porter aussi bien par du rap que du punk ou du Tchaïkovski. «Je suis dans ma bulle. J’en ai besoin dans cette phase seul face à mon idée qui se matérialise dans le bois. D’autres me viennent souvent. Je les note dans mon petit carnet. Et à la fin de la journée, je suis content du travail accompli.»
De nombreux badauds ne s’y trompent pas. La zone, située au fond d’une sorte de zone industrielle sans issue, est peu passante. Mais ils sont des dizaines à y prétexter une promenade ces dernières semaines pour admirer la fresque. Une fois sur place, les «Bravos! C’est un plaisir de voir ça» et autres félicitations fusent. Et beaucoup dégainent leurs appareils photo. «Ça me touche. Voir les passants s’approprier ainsi mes dessins est un vrai plaisir», confie LPVDA. L’homme est pudique et répond doucement «Merci…» à ses admirateurs.
Une expo en préparation
Cela fait maintenant plus de sept ans que le Leysenoud trace sa route dans le «street pouncing», une discipline de niche qu’il a inventée par hasard en rénovant un chalet hérité de son grand-père et dont il reste le seul représentant répertorié à ce jour. L’artiste vit de son art depuis cinq ans et il est régulièrement invité dans les festivals de «street art» où son savoir-faire enthousiasme.
Le Vaudois de 40 ans dessine depuis sa plus tendre enfance et son adolescence l’a porté à explorer le milieu du graff, bombes à la main. Au fil des ans, il a semé un peu de beauté dans la région du côté de Leysin, des Mosses, des Diablerets, d’Aigle, de Torgon et en Lavaux. Actuellement, il est en pourparlers pour une future œuvre à Leysin. «Mais cet hiver, mes autres projets se feront à l’étranger, précise-t-il. Je vais aussi me concentrer sur le travail en atelier, afin de créer une collection de tableaux pour une expo pour l’automne ou l’hiver 2026.» On a hâte de découvrir tout ça!
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