Avec l’Unesco, Montreux la musicale crée sa partition

Montreux figure sur la carte du monde, principalement par son activité musicale. Elle le doit à un passé foisonnant et un présent prolifique, qui serpente des débuts de l’Orchestre du Kursaal au XIX^e siècle jusqu’aux Émergences musicales. Entre deux, le génie d’Ernest Ansermet et d’Igor Stravinski, les partitions des éditions de la Fête des narcisses, les concerts de Montreux pop, le Septembre musical, le Mountain studio (voir édition 193, 5 mars 2025), Tous en chœur et le Montreux Jazz Festival jalonnent ce lien charnel entre la note bleue et la Perle de la Riviera.

Dernier avatar, l’inscription de Montreux au très important Réseau des villes créatives de l’UNESCO (RVCU). Avec Fribourg, elle est la seule suisse à faire partie de ce maillage de cités qui collaborent dans des domaines bien précis. Si celle des Zaehringen fait partie du réseau «Gastronomie», Montreux a logiquement intégré celui de la «Musique». Elle y siège avec la Liverpool des Beatles, la Kingston de Bob Marley, et Séville, berceau du flamenco.

C’est sous le prisme de ce label que les autorités ont décidé de donner un nouveau et très important élan à la troisième commune vaudoise en termes de population. Municipal entre autres de la culture, de la promotion économique et du tourisme, Jean-Baptiste Piemontesi détaille ce qui va refaçonner Montreux.

Pourquoi Montreux a-t-elle décidé de rallier le Réseau des villes créatives de l’UNESCO?

– Cela fait plusieurs années que nous travaillons au développement de l’attractivité de la commune, notamment en valorisant son patrimoine musical. Le but est de créer une offre culturelle annuelle, pour assurer un tourisme quatre saisons et prolonger la durée moyenne des séjours. C’est dans ce but que Montreux a intégré le RVCU: pour la positionner dans un réseau mondial emblématique et ancrer la notion de durabilité.

Que favorise ce club très sélectif ?

– Le réseau, qui compte 351 villes, dont 75 villes créatives de musique, permet à ses membres de promouvoir la coopération et d’identifier la créativité comme facteur stratégique d’un développement urbain durable. C’est pour nous une opportunité fantastique de consolider l’histoire de Montreux dans le domaine musical, et de mettre en valeur ce patrimoine qui fait partie de notre ADN.

Quelles apparences prendra le visage musical de Montreux et à quelle échéance ?

– Un plan directeur 2025-2030 regroupe un certain nombre de projets tant publics que privés. Ils se déploieront sous différentes formes dans toute la ville. Le mobilier urbain, la signalétique, un «Walk of music», des fresques pourront progressivement être réalisés au gré des évolutions urbaines, dont le grand chantier de la Grand-Rue.

Quelles sont les grandes réalisations à très court terme déjà actées ?

– Il y aura la réouverture du Centre de Congrès au deuxième semestre 2026. De nombreux acteurs y reprendront leurs quartiers, à l’instar du Septembre musical, du Jazz et de la Saison culturelle, mais également de Montreux Vevey Tourisme, ce qui créera un pôle événementiel et musical. Nous allons aussi thématiser les abords de la statue de Freddie Mercury au bas de la place du Marché, ainsi que refaire intégralement la place de jeux à la Rouvenaz sur la thématique de la musique.

Dans le dossier de candidature pour le RVCU, outre le réenchantement de
la ville et l’émergence de nouveaux talents, vous mentionnez la mue du musée. Qu’en est-il ?

– Il est en effet prévu de le repositionner en tant que musée du tourisme. Il ferait la part belle au rôle de la musique dans le développement touristique de Montreux. Toujours dans la vieille ville, dans un bâtiment à côté de la Maison Visinand, le Conservatoire devrait réunir en un seul lieu ses écoles jazz et classique. La création d’une salle de concert de 200 places est prévue. Elle pourrait accueillir les auditions et serait également mise à disposition des associations musicales et des sociétés locales.

Pouvez-vous décrire ce grand changement sur la Grand-Rue dont on parle beaucoup actuellement en ville ?

– Dans le cadre de sa revalorisation, la Grand-Rue verra, à terme, son trottoir significativement élargi, plus de végétalisation et d’aménagements conviviaux. Et nous souhaitons bien évidemment la thématiser autour de la musique, avec la création d’un «Walk of music». Nous voulons ainsi rendre l’axe principal de Montreux plus attractif, soutenir nos commerçants et restaurateurs en rendant ce périmètre plus homogène et en favorisant son lien avec le lac. Et comme pour l’ensemble de notre vision à court et long terme, nous jouons ici sur la valorisation de nos atouts.