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Bluedög ou le magicien de la six cordes

Lauréat d’un Blues Music Award, Bluedög sort un nouvel album le 2 mai et sera le 3 mai au MIGS.  | C. Losberger press

Musique
La 4e édition du Montreux International Guitar Show va faire vibrer les murs du casino en cette fin de semaine. Philipp Gerber précédera l’Américain Lance Lopez lors de la soirée du samedi.

L’année dernière, lors d’un showcase au Montreux International Guitar Show (MIGS), le public est resté sans voix devant la prestation du musicien de blues suisse, Philipp Gerber, dit Bluedög. Son jeu de guitare est tel que la question peut se poser: s’est-il rendu dans le Mississippi, plus exactement au carrefour de Clarksdale, pour pactiser avec le diable comme l’avait fait, dans les années 30, Robert Johnson?

Ce dernier, reconnu comme l’un des artistes les plus influents de l’histoire du blues, est à l’origine du mythe du «crossroad». La légende veut que l’Américain ait vendu son âme au diable, afin d’acquérir des doigts en or pour devenir un virtuose des six cordes. Un qualificatif qui peut également être attribué à Bluedög.

Le casino en feu

L’année dernière, c’est Cyrill Deschamps, membre de la Swiss Blues Society et président du Vully Blues Club qui avait présenté le guitariste aux organisateurs. «À plusieurs reprises, j’ai fait venir jouer sur une des scènes celui que l’on surnomme <le sorcier du blues>. J’ai ensuite proposé aux responsables du MIGS de le placer pour un showcase, estimant que ce musicien, aux talents multiples, avait droit à une reconnaissance en Suisse romande.»

Co-fondateur et programmateur artistique de la manifestation, Emmanuel Cottier s’en souvient comme si c’était hier. «Bluedög dégageait une telle énergie! Il est fougueux, passionné, et donne tout lorsqu’il est sur scène. Lors de son showcase, ce fut un tollé dans le casino. Les basses résonnaient si fort, le son était si puissant que le directeur des lieux nous avait demandé de baisser d’un cran.»

C’est grâce à cette prestation mémorable que l’artiste soleurois a convaincu les organisateurs de lui donner sa chance sur la grande scène. Il y jouera donc ce samedi (20h30), en première partie du Texan Lance Lopez, autre prodige de la guitare.

Un award pour la bête du blues

Très longue barbe blanche à la ZZ Top, stature imposante, yeux bleus pétillants, Converse aux pieds et foulard à la ceinture, lorsque Bluedög apparaît, le public se tait… car l’homme se mue en bête de scène. Saisissant sa guitare, ajustant son micro, il laisse son talent exploser au service des notes bleues.

Tour à tour sa voix se fait puissante ou caressante, son jeu de guitare vigoureux ou tendre, mais toujours cette perfection dans l’interprétation de ce blues, souvent teinté de rock, qu’il aime plus que tout. Outre ses talents exceptionnels de musicien, c’est son énergie qui impressionne. Il n’habite pas la scène, il la porte. Il ne joue pas des morceaux, il les vit, il ne fait pas de la musique, il l’invente. Plusieurs pointures en témoignent à l’instar de Thierry Jaccard, du groupe The Two. «Bluedög est un musicien extraordinaire. Il est tellement présent sur scène et l’on ne peut qu’admirer son jeu de guitare. Dans le milieu, il est reconnu comme excellent et très créatif.» Preuve en est, cette année, «Phipu» Bluedög Gerber a raflé un Blues Music Award.

Celui qui a foulé des scènes en Russie, en Inde ou encore aux États-Unis ne cesse de se réinventer. Outre le groupe Bluedög qu’il forme avec Brigitte Geiser au clavier, Yves Horisberger à la basse et Etienne Issartel à la batterie, il fait également partie du groupe MGM (Müller, Gerber, Meier) qui axe ses compositions sur l’authenticité d’histoires chantées aux sons de guitares acoustiques. Mais ce n’est pas tout, il dirige encore BlueMonday@Kofmehl (Soleure) où des artistes tels que Dr. Feelgood ou encore Ryan McGarvey se sont produits.

Notez encore que le MIGS ne s’est pas contenté d’inviter des pointures uniquement pour sa soirée blues: Al Di Meola, légende de la guitare jazz ouvrira la manifestation ce vendredi avec un concert acoustique, et Dominic Miller, qui a joué sur les albums de Sting et tourné avec ce dernier, clôturera la manifestation ce dimanche (19h).

www.migs.ch
«Montreux International Guitar Show», vendredi 2
au dimanche 4 mai,
Casino de Montreux.

Une académie pour côtoyer des grands noms

Outre les mastersclasses, qui permettront aux participants durant 1 heure de s’immerger dans le monde de guitaristes tels que Jonas Wolf, Chris Woods, ou encore Dominic Miller, le MIGS proposera des masterscamps, sous la houlette de la MIGS Academy. «Les 1er et 2 mai, nous offrons des formations de guitare sur une journée, détaille le programmateur artistique Emmanuel Cottier. Nous avons créé cette académie dans le but de permettre aux participants de côtoyer des guitaristes de renom, d’échanger avec eux, et de visiter l’intimité de leur univers musical. Elle leur offre une opportunité unique, qui va au-delà du simple cours, en leur donnant l’occasion de découvrir de nouveaux styles, d’explorer des techniques originales et de développer leur créativité.»

Thierry Jaccard et Yannick Nanette, du groupe The Two, connaissent bien Martin Harley qui animera l’un de ces mastercamps, le 2 mai. Ceux qui ont reçu, en début d’année, un «Best Blues Band Award 2025», l’ont d’ailleurs déjà fait venir jouer en Suisse. En direct du Canada, où le groupe tourne actuellement, Thierry Jaccard se réjouit de la mise sur pied de projets comme la MIGS Academy. «Je suis très intéressé par ce genre d’initiatives. Et Martin Harley est un virtuose dans le domaine. C’est un artiste sympathique et simple. Il a de l’humour, il est humble, humain et nous a beaucoup appris sur le business dans le domaine musical.»

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