
Le groupe Helion Energy vient de lancer un projet pilote en Suisse qui participe à la stabilisation du réseau en corrigeant les écarts entre production et consommation. | DR
Plusieurs facteurs peuvent entraîner des coupures de courant, voire un black-out. Celui qui va nous intéresser ici est directement lié à la production d’électricité solaire, que ce soit chez un particulier, une entreprise, un regroupement de consommation propre (RCP) virtuels ou sous la forme de communautés électriques locales (CEL).
Si la Suisse bénéficie d’un réseau solide, celui-ci est confronté à des défis croissants: une demande en hausse, un parc de production en mutation et la nécessité d’intégrer une part grandissante d’énergies renouvelables, dont la production est par nature variable.
Un réseau sous pression croissante
Si la production indigène d’énergie renouvelable est une bonne chose, elle engendre une volatilité accrue, due à une production intermittente que l’on peine à réguler. Or, une forte proportion d’énergies renouvelables (solaire, éolien) non pilotables dans le mix énergétique, à l’échelle suisse ou européenne, peut rendre le réseau plus complexe à équilibrer, surtout si des erreurs de prévision de production coïncident avec une forte demande ou l’indisponibilité d’autres moyens de production flexibles.
Swissgrid observe déjà des phénomènes de «bouchons» sur certaines lignes, et des flux d’électricité non planifiés qui transitent par la Suisse, témoignant de cette tension. «Notre infrastructure électrique nationale, véritable épine dorsale de l’approvisionnement, doit donc impérativement s’adapter à cette nouvelle donne. Malheureusement, les procédures pour la réalisation d’un projet sont encore beaucoup trop longues», déplore Marie-Claude Debons, Senior Communication Manager chez Swissgrid.
Un exemple: la réalisation du projet entre Chamoson et Chippis a duré 35 ans, de la première étude à la mise en service de la ligne. «Il faudrait pouvoir raccourcir ou simplifier ces procédures!»
Mieux contrôler le solaire
Dans ce contexte tendu, le groupe Helion Energy vient de lancer un projet pilote en Suisse, en partenariat avec le gestionnaire du réseau de transport à très haute tension Swissgrid. Cette innovation vise à renforcer la stabilisation du réseau grâce à l’énergie solaire décentralisée, c’est-à-dire à corriger les écarts entre production et consommation.
En agrégeant la production fournie par des entreprises et des particuliers, l’entreprise vient de créer une nouvelle centrale virtuelle. Connectée à Swissgrid via la plateforme Helion One, elle peut ajuster à la demande l’injection ou la retenue d’électricité dans le réseau. Pour les propriétaires et les entreprises, rejoindre ce type de centrale virtuelle offre une opportunité de participer activement à la transition énergétique, tout en contribuant à la stabilité du réseau électrique. En intégrant des solutions solaires décentralisées, ils peuvent non seulement réduire leur facture d’électricité, mais aussi jouer un rôle clé dans la prévention des pannes à grande échelle.
Par ailleurs, un système de bonus est proposé. «Même si le tarif de rachat de l’électricité reste bas, autour de 6 centimes le kWh, les clients sont récompensés par un <flex-bonus>, qui peut représenter jusqu’à 300 francs par an pour une maison individuelle», estime René Silva, co‑directeur Romandie d’Helion Energy.
Améliorer l’autonomie
Les utilisateurs souhaitent de plus en plus consommer leur propre électricité, sans la renvoyer dans le réseau. Mais cela suppose une gestion très fine. «Pour qu’aucun watt ne parte vers le réseau, il faut que le système soit conçu pour ça. On parle alors d’îlotage. Cela implique soit une batterie stationnaire, soit un véhicule avec batterie bidirectionnelle», précise le spécialiste. Grâce à ces technologies, la maison devient autonome. Toute l’énergie est consommée ou stockée sur place, sans que le réseau en soit affecté.
Une autre révolution se profile: l’utilisation de voitures électriques comme batteries domestiques. Les modèles dotés de la technologie bidirectionnelle permettent désormais de recharger la maison en cas de besoin. «Une voiture électrique stationne 90% du temps. Sa batterie, en moyenne huit fois plus grosse qu’une batterie de maison, peut offrir jusqu’à quatre jours d’autonomie pour une famille de quatre personnes», indique René Silva. «Et non, cela ne vous empêche pas d’aller travailler, précise-t-il. En Suisse, on parcourt en moyenne 36 kilomètres par jour. Avec 400 km d’autonomie, il reste largement de quoi faire.»
Face aux risques de surcharge du réseau, l’Office fédéral pour l’approvisionnement économique du pays (OFAE), avec la Commission fédérale de l’électricité (ElCom), Swissgrid et d’autres partenaires, vient de publier de nouvelles recommandations et restrictions. Un plan en quatre étapes vise à prévenir une pénurie d’électricité durant la période hivernale. Il débute par des économies volontaires (jusqu’à 5%), suivies d’interdictions (comme les panneaux lumineux hors ouverture) et de restrictions (limitation de chauffage). L’ElCom souligne que l’absence d’accord électrique avec l’Union européenne est un facteur de risque, malgré la sécurité apportée par les interconnexions.
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