
À 37 ans, Sara Dubler a décidé de sauter le pas en ayant recours à la congélation d’ovocytes pour préserver sa fertilité. | L. Menétrey
«Je ne m’y attendais pas du tout», confie Sara Dubler. Après s’être livrée à cœur ouvert dans une vidéo sur lnstagram sur sa décision de congeler ses ovocytes, la créatrice de contenu connue sous le pseudo «A hungry blonde» a été submergée par les réactions. Plus de 120’000 vues, 500 commentaires et des centaines de messages privés.
De quoi surprendre la femme de 37 ans de la Riviera qui l’a publiée «sur un coup de tête» et «sous le coup de l’émotion». «Les semaines qui ont suivi, partout on m’en parlait et on me remerciait d’avoir libéré la parole», s’étonne cette Suisso-Irlandaise.
Depuis petite, Sara se voit fonder une famille. Mais c’est au début de la trentaine que l’instinct maternel s’est imposé, alors que les relations amoureuses s’effilochent et que l’horloge biologique commence à se faire entendre. «Je n’ai pas trouvé un homme qui soit prêt à s’engager sur le long terme. C’est difficile aujourd’hui», souffle-t-elle. C’est cet été que Sara a sauté le pas. «Je veux mettre toutes les chances de mon côté.» Contrairement à d’autres femmes qui choisissent cette démarche pour des raisons professionnelles, Sara évoque avant tout des raisons relationnelles.
Une hausse de 200%
La congélation d’ovocytes, ou vitrification ovocytaire, consiste à prélever les ovocytes d’une femme pour les conserver à très basse température, afin de les utiliser plus tard. Deux cas de figure: médical (avant un traitement affectant la fertilité, comme une chimiothérapie) et social, dit aussi «social freezing», pour celles qui souhaitent retarder leur maternité.
En Suisse, depuis 2017, les ovocytes peuvent être congelés jusqu’à dix ans. Sara a donc jusqu’à ses 47 ans pour en bénéficier. «Même si j’ai toujours espoir que ça se fasse naturellement», glisse-t-elle. Elle fait partie d’une tendance en forte hausse: selon l’Office fédéral de la santé publique (OFSP), 2’551 femmes y ont eu recours en 2023, contre 841 en 2019, soit une augmentation de plus de 200%.
Au Centre de procréation médicalement assistée (CPMA) à Lausanne – le centre est présent également à Montreux – les demandes ont été multipliées par quatre en cinq ans. À l’Espace de la femme à Vevey, le gynécologue Maxime Jacob estime que la pratique est «assez isolée, car la démarche reste lourde et contraignante pour les femmes».
Un processus pas anodin
En pleine transition professionnelle pour reprendre un poste dans le management sportif, le moment était idéal pour Sara. «C’est émotionnellement prenant, mais c’est aussi énormément d’organisation et de temps.» Elle entamera les injections hormonales début novembre. Pendant dix à quatorze jours, elle devra se piquer chaque soir afin de provoquer une stimulation ovarienne et favoriser la maturation des ovocytes. Un contrôle échographique et sanguin tous les deux jours permettra de déterminer le moment optimal pour la ponction. «Dès que c’est bon, je prends mes billets pour Barcelone et me rends à la clinique pour effectuer rapidement l’intervention», explique la trentenaire.
La ponction est réalisée sous anesthésie, puis les ovocytes sont congelés dans de l’azote liquide après sélection en laboratoire. Beaucoup de femmes redoutent de devoir réaliser un second cycle, dans le cas où le premier n’aurait pas suffi. «Le nombre d’ovocytes recueillis peut parfois être décevant après tout le traitement enduré et l’espoir investi», souligne le docteur Jacob.
De 5’000 à près de 10’000 francs
Si les frais de congélation d’ovocytes sont remboursés par la LAMal pour des raisons médicales, celle à titre préventif (social freezing) est intégralement à la charge de la patiente. Contrairement à la France, où elle est totalement couverte pour les femmes de 29 à 37 ans. «Ça devrait être pareil en Suisse, surtout si l’on souhaite favoriser le taux de natalité. Il faut qu’on évolue avec la société», estime Sara.
Cette dernière a fait le choix de réaliser la ponction à l’étranger avec une clinique espagnole, afin d’économiser. Sara estime le tout à 5’000 francs, incluant le prix des médicaments et le déplacement. Au CPMA, le coût total d’un premier cycle est d’environ 5’300 francs, hors médicaments. Si la patiente effectue deux cycles successifs, le prix du second est réduit à 3’900 francs. Un budget non négligeable.
Si Sara Dubler connaît un soutien infaillible de sa famille, en particulier de ses parents qui prévoient de l’accompagner en Espagne, toutes n’ont pas cette chance. «Certaines femmes en ont honte et se cachent. Il ne faut plus que ce soit un tabou», conclut-elle.

"Le nombre d’ovocytes recueillis peut parfois être décevant après tout le traitement enduré et l’espoir investi”
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