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Empêtré dans les difficultés, Vevey se bat toujours

En une semaine, l’équipe de la Riviera a enchaîné deux excellents résultats.  | asproduction.ch / Vevey-Sports

Football
Malgré les problèmes économiques et le départ de plusieurs joueurs clés, l’équipe de la Riviera réalise des performances honorables en Promotion League. Les Veveysans viennent de récolter quatre points en deux matches.

À voir évoluer Vevey avec son style très plaisant, porté vers l’attaque, ses joueurs déterminés qui ne lâchent rien, on a de la peine à imaginer que le club reste en proie à de graves problèmes financiers et que plusieurs titulaires ont préféré quitter le bateau en pleine saison.

En une semaine, l’équipe de la Riviera a enchaîné deux excellents résultats en Promotion League. Elle a battu Kriens l’ex-leader et dimanche, elle a obtenu un méritoire match nul 2-2 au stade de Bouleyres face à Bulle. À quatre journées de la fin, Vevey, 9e sur 18, compte sept points d’avance sur Baden, le premier relégable, une marge confortable.

«J’ai toujours regardé vers le haut, nous glisse l’entraîneur Jean-Philippe Lebeau, après le match. Malgré tout ce qui s’est passé, nous avons conservé les mêmes exigences. Je suis très fier de l’attitude de mes joueurs.»

Un capitaine multifonction

À Bulle, les visiteurs ouvrent le score en premier. Joris Correa transforme un pénalty à la 20e minute. Mais c’était sans compter la réaction fribourgeoise. L’égalisation vient six minutes plus tard grâce à Kevin Sumbula. À la 40e, couronnant une superbe combinaison, Jonas Mayingi redonne l’avantage aux Jaune et Bleu. «Ces Veveysans jouent vraiment bien au ballon», a-t-on entendu à plusieurs reprises dans les tribunes bien garnies pour ce derby romand. La deuxième mi-temps a pratiquement été entièrement à l’avantage des Bullois qui sont revenus au score à la 67e avec un but signé de Marko Kuzmanovic. Ensuite, Vevey a plié sans jamais rompre.

Dans sa cage, le capitaine Nicolas Grivot a, comme à son habitude, multiplié les parades décisives, sans que cela ne lui suffise. «Ce match, on voulait le gagner! J’aurais voulu aider encore davantage l’équipe.» Avec son expérience et son charisme, le gardien joue un rôle crucial au sein d’une formation qui est confrontée à une situation compliquée. «Je suis un peu le grand frère multifonction qui assure les relais et fédère le groupe. J’essaie aussi de donner de l’énergie. Sur le terrain, on fait notre job et tout ce qui est arrivé en dehors n’est pas de notre faute. Pour nous, il n’a jamais été question d’abandonner.» Le nouveau président Cyril Cornu le félicite. «Nicolas est un super capitaine. Posé, il aide beaucoup les jeunes.»

Dans l’ouragan

Quand en septembre dernier, ce dernier a succédé à William von Stockalper à la tête du club, il n’aurait jamais imaginé se retrouver dans une situation financière aussi fragile. Fin février, nous révélions dans nos colonnes que les joueurs n’avaient plus touché leurs salaires depuis le début de l’année. Huit semi-pros, l’ossature de l’équipe, ont choisi de partir, comme Alexis Charveys, le meneur de jeu à Rapperswil, ou encore Ridge Mobulu, le buteur, à Bavois. Aujourd’hui, malgré le soutien d’entreprises et de particuliers, la crise est loin d’être résolue. Jean-Philippe Lebeau a continué à être payé normalement, mais tous les joueurs restés au club, sont dans l’attente. «Si tout se passe bien, on espère pouvoir payer deux ou trois mois de salaire d’ici à la fin du championnat en juin», souligne Cyril Cornu.

Pour mobiliser ses joueurs, le président a évoqué devant eux un épisode qu’il avait vécu lorsqu’il opérait comme coach dans le tennis professionnel, avec le langage fleuri qui le caractérise. «J’ai fait du sport, comme vous, leur a-t-il dit les yeux dans les yeux. Je me suis retrouvé dans une situation difficile avec un joueur en Australie. Entre nous, c’était tendu du matin au soir. J’aurais pu prendre un avion et rentrer chez moi, mais j’ai fait le choix de rester avec lui. J’en ai chié pendant des mois, j’ai fermé ma gueule et finalement, on s’en est sortis. Je sais que votre situation est difficile, mais tous ensemble, on va y arriver!»

Malgré ces circonstances, une sorte d’union sacrée s’est forgée entre l’entraîneur et ses joueurs. Ce qui fait l’admiration du président. «Jean-Philippe Lebeau a tenu la baraque. Et sans jamais perdre leur état d’esprit positif, les joueurs n’ont rien lâché. Ils se sont arrachés la gueule et ont fait un job admirable. Les gars ont joué le jeu à fond. Je suis très fier d’eux.»

Pour compenser les départs, plusieurs jeunes âgés de 17 à 19 ans, issus de l’équipe réserve (2e ligue), ont été intégrés à la Promotion League. «Je savais qu’ils avaient le potentiel pour jouer plus haut», lance Cyril Cornu. C’est d’ailleurs sur la jeunesse et moins sur les mercenaires qu’il veut miser à l’avenir pour pérenniser le club. «Vevey est une ville de foot, nous avons plus de 400 juniors, ce qui constitue un potentiel extraordinaire.» Dans cette perspective, le maintien en Promotion League est primordial, selon le président. «Rien n’est acquis, il nous faut encore une victoire.»