
Jean-Louis Ormond, ici en 1929. | DR
«À mon sens, Jean-Louis Ormond a été complice de la forgerie autour de ce que je considère comme étant le dernier faux attribué à Gauguin. Ou tout du moins au courant et éventuellement abusé par Louis Grélet», déclare Fabrice Fourmanoir, expert du peintre. Le Français a fait décrocher quatre contrefaçons du génie postimpressionniste ces dernières années dans les plus grands musées du monde.
Ses documents et recherches en la matière nous ont permis de révéler un possible faux, soit le dernier tableau de Gauguin, l’«Autoportrait aux lunettes», soi-disant peint quelques jours avant la mort de l’artiste français aux Marquises (voir nos éditions 199 et 200 du 16 et 23 avril 2025). L’œuvre aurait été donnée au négociant et aventurier veveysan Louis Grélet qui l’a ramenée de la lointaine Polynésie française. Propriété depuis 1945 du Kunstmuseum de Bâle, elle vient d’être décrochée et va être analysée en profondeur.
Les détails de la provenance et des propriétaires successifs de l’«Autoportrait à lunettes» indiquent que Louis Grélet a donné ou vendu le tableau à Jean-Louis Ormond, descendant d’une famille de notables veveysans. «Probablement dans le but de le refourguer très cher. Les Ormond étaient connus et respectés, notamment dans le monde de l’art. La mère de Jean-Louis fut la sœur du très grand peintre américain John Singer Sargent», décrypte Fabrice Fourmanoir.
Du reste, les duettistes font consigner le dernier Gauguin chez Sotheby’s à Londres. Lors de la vente du 6 février 1924, il est acheté par… Francis Ormond, père de Jean-Louis! Pourquoi la transaction ne s’est pas faite entre fils et père dans la villa familiale Soliman, sur la Riviera? L’histoire ne le dit pas. Mais pour Fabrice Fourmanoir, «le père peut-être au courant de la forgerie aurait voulu protéger son fils d’un scandale, voire d’un emprisonnement».
Précoce et doué
Jean-Louis Ormond est né en Italie le 22 novembre 1894. Il suit des études en Angleterre, puis à l’Université de Lausanne. Originaire de La Tour-de-Peilz, le jeune Jean-Louis travaille à la fabrication des cigares et cigarettes Ormond, à Vevey, de 1921 à 1930. La branche est hyper productive et constitue un des fleurons de l’industrie suisse.
Sous sa houlette, la manufacture familiale fusionne avec l’entreprise Rinsoz en 1931. Il administre et préside Rinsoz & Ormond SA et gère plus tard des fabriques de parfums à Genève et à Paris. On ne lui connaît ni épouse, ni descendance. Président du parti libéral veveysan, il siège très longtemps au Conseil communal.
Jean-Louis Ormond est un grand joueur d’échecs avec la marque de «Maître». Il préside plusieurs années la fédération suisse. Sur le plan local, il est encore président de la très active Société des Beaux-Arts de Vevey. À l’occasion de son 90e anniversaire, 24 heures lui consacre un article titré: «Figure légendaire fêtée à Vevey». L’industriel s’éteint le 29 octobre 1986 à l’âge de 91 ans.
Legs importants
La famille Ormond, sur trois générations, a donné diverses œuvres à la Ville, comme une statuette en bois représentant Saint-Martin de Vevey. D’autres encore au Musée Jenisch, comme deux huiles de Charles Gleyre, portraits représentant des membres de ladite famille, ou un dessin magistral de Jean-Auguste-Dominique Ingres.
«Concernant notre dessin d’Ingres, donné par Jean-Louis Ormond et qui compte parmi les œuvres emblématiques du Musée Jenisch, sa provenance est clairement documentée. Par ailleurs, il n’y a pas de doute quant à son authenticité», informe Pamella Guerdat, conservatrice adjointe et responsable de la recherche de provenance. Nous voilà rassurés.
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