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«La grande liberté quand on est artiste, c’est ce qu’on dit sur scène»

Avec la venue d’Elie Semoun, Maeva Bongard et Christopher Belizaire ont clôturé en beauté la première année de leur association.   | L. Ott

Théâtre
Samedi dernier, l’humoriste, acteur, réalisateur et auteur français était de passage à Vevey pour une journée de masterclasses organisée par l’Association Les Mijaurés.

Sur les quais veveysans, des éclats de rire s’échappaient de la salle où une vingtaine de participants s’essayait à la comédie. Leur mentor le temps d’une journée? Elie Semoun, le grand invité des Mijaurés. Cette association, créée à La Tour-de-Peilz l’année dernière par les comédiens et metteurs en scène Maéva Bongard et Christopher Belizaire, propose des cours de théâtre hebdomadaires et des masterclasses. Après l’humoriste suisse Yoann Provenzano, c’est avec l’artiste français de renom que le duo a réitéré l’expérience.
Un sketch, une scène du dernier «Ducobu», ainsi qu’«Une soirée perdue», d’Alfred de Musset étaient au programme. «Avec mon sketch, je souhaitais transmettre le sens de la comédie. Quant au texte de Musset, dont le génie me fascine, c’était l’occasion de le moderniser», explique celui qui joue actuellement les ultimes représentations de son septième spectacle Elie Semoun et ses monstres.

«Lâchez prise!»
Si l’humoriste s’est déjà prêté à l’exercice de la masterclass avec des intermittents du spectacle, transmettre sa passion à des novices s’est avéré être un défi inédit. «C’est plus fatigant, car il faut tout leur apprendre. Beaucoup sont stressés et réfléchissent trop. Mais c’est justement très enrichissant comme expérience, petit à petit ils ont lâché prise», confesse-t-il en fin de journée.
Sur scène, les apprentis-comédiens se sont prêtés au jeu, bénéficiant des retours d’Elie Semoun. «C’était super, tu t’es approprié le texte», s’exclame-t-il après la présentation de l’un deux. «Oublie-nous!», lance-t-il en guise d’encouragement à une participante submergée par le stress. Avant de distiller de précieux conseils à l’ensemble du groupe. «Le plus important, c’est de comprendre le texte, et de croire en ce qu’on dit. La sincérité est primordiale, tout comme la confiance en soi.»
Entre deux selfies, les participants confient avoir apprécié l’accessibilité et la simplicité d’Elie Semoun. Cédric, par exemple, se réjouit de l’ambiance conviviale qui régnait au fil de la journée. Laurent, lui, retient les recommandations de l’artiste, à commencer par le naturel dont il faut faire preuve.

L’humour comme boussole
Dans son métier, comme au quotidien, la transmission est une valeur chère à Elie Semoun. «Je fais un métier de partage. C’est important pour moi d’échanger des bouts de vie qui peuvent aider les gens, comme dans le documentaire sur mon père qui était atteint de la maladie d’Alzheimer.» Parmi les causes qui lui tiennent à cœur, citons entre autres l’écologie, mise en lumière dans Ducobu passe au vert. «Dans ce film adressé aux enfants, je voulais mettre l’accent sur ces problèmes qui nous concernent tous. La jeunesse se retrousse les manches et peut faire changer les choses», estime le réalisateur.
Si l’humour et l’autodérision permettent d’aborder des thèmes délicats, les changements sociétaux en redessinent parfois les limites. «La grande liberté quand on est artiste, c’est ce qu’on dit sur scène. Mais l’évolution sociétale peut parfois empêcher de faire de l’humour. J’ai par exemple supprimé des parties d’un sketch, par crainte de choquer», commente Elie Semoun.
Quant à l’actualité, il n’hésite pas à s’exprimer, y compris sur les sujets les plus graves, comme la situation au Proche-Orient. Des prises de parole qui comportent certains risques, car «il y a beaucoup de dérives», constate-t-il.

Brins de poésie
Outre ses projets professionnels, Elie Semoun s’adonne à diverses passions. Féru de jardinage, il cajole ses plantes choisies avec soin. Et lorsqu’il ne s’occupe pas de ses abeilles – «attaquées par des frelons!», s’exaspère-t-il en riant –, c’est dans les livres qu’il trouve refuge. De sa maman, professeure de français, il a hérité du goût des mots. Parmi les lectures qui l’ont transporté, il suggère «Cent ans de solitude», de Gabriel García Márquez, et «Le Maître et Marguerite», de Mikhaïl Boulgakov. De quoi ponctuer l’été d’une dose de poésie.
Après Montreux, Genève, ou encore Lausanne, Elie Semoun était ravi de revenir sur les bords du Léman. «J’adore la Suisse, j’y ai joué plusieurs fois. En plus, j’ai une passion pour l’horlogerie, et le chocolat bien sûr!», s’enthousiasme-t-il. Nul doute qu’il fera escale en terres helvétiques pour présenter son prochain spectacle, actuellement en cours d’écriture. Patience…

 

Plus d’infos: mijaures.ch

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