
Le directeur Armando Prizzi (à dr.) et le rédacteur en chef Xavier Crépon restent confiants malgré la fin de la collaboration entre Riviera Chablais Hebdo et 24heures au 31 décembre 2025. Ils envisagent même une extension du périmètre du titre si des opportunités se présentent. | G. Lombardi
La collaboration entre Riviera Chablais Hebdo et 24heures prendra fin le 31 décembre prochain. «Quelle collaboration?», direz-vous peut-être. Même après quatre ans d’existence de votre feuille régionale, il n’est pas rare de lire ou entendre «J’ai déjà lu cet article de Riviera Chablais Hebdo dans 24heures», ce qui est juste, ou «Riviera Chablais Hebdo reprend des articles de 24heures», ce qui est faux.
Quoi qu’il en soit, dès le 1er janvier prochain, il n’y aura plus de confusion possible. Le contrat qui lie votre hebdomadaire à celle qu’on appelle affectueusement «la Julie» ne sera plus. Le titre d’information historique de l’éditeur Tamedia, en pleine mue éditoriale, l’a résilié fin juin, considérant que les articles fournis par Riviera Chablais Hebdo ne correspondaient plus à sa nouvelle ligne.
Pour Riviera Chablais Hebdo, le manque à gagner financier n’est ni négligeable, ni sans conséquences, mais l’hebdomadaire se prépare à ce virage «de manière sereine» et même «avec plusieurs défis stimulants à venir», à entendre son éditeur Armando Prizzi et son rédacteur en chef Xavier Crépon.
Rappelez-nous en quelques mots la genèse de cette collaboration sur le point de se conclure.
– A.P.: Lorsque j’ai eu l’idée en 2020 de lancer un nouveau journal régional qui couvrirait l’actualité de la Riviera et du Chablais, je me suis approché de Tamedia, éditeur de 24heures, pour explorer la voie d’une collaboration commerciale. Le grand quotidien a ouvert la porte à un partenariat du même type que celui mis en place en 2017 avec le Journal de Morges pour le district de Morges. Nous nous sommes engagés à fournir des articles locaux et régionaux quotidiennement que 24heures reprendrait sur ses plateformes numériques et print. Un contrat a été signé et la collaboration a démarré à notre lancement, en mars 2021. Cela a permis à 24heures de fermer ses rédactions de Vevey et Aigle – nous avions d’ailleurs repris les baux de leurs locaux – et trois de leurs journalistes régionaux sont devenus mes employés (ndlr: ils sont encore deux aujourd’hui). Pour les articles fournis, 24heures nous alloue un montant annuel.
À combien s’élève-t-il ?
– A.P.: Cela reste confidentiel, mais c’est un montant important pour un budget comme le nôtre.
Sans ce montant, on imagine que cela implique des conséquences en vue du cap du 1er janvier. Quelles sont-elles ?
– A.P.: La principale a été de signifier son licenciement économique à un collaborateur proche de la retraite, non sans faire un effort substantiel pour combler l’essentiel de son manque à gagner lors des derniers mois qui le séparent de ses 65 ans. Nous avons aussi décidé de bloquer depuis cet été à 16 le nombre de pages des trois numéros mensuels réservés aux abonnés. Jusqu’ici, il oscillait entre 16 et 20. Le tous-ménages de fin de mois, près de 100’000 exemplaires distribués de Vevey à Saint-Maurice – et occasionnellement en Lavaux et en Veveyse – continuera à son rythme habituel, soit entre 28 et 32 pages, selon le volume de publicité et d’annonces ou en cas d’opération spéciale.
Qu’est-ce que cela implique au sein de la rédaction ?
– X.C.: De se réorganiser un peu, d’anticiper davantage les besoins en articles sur plusieurs semaines. Compte tenu du poste en moins, il faudra continuer d’étoffer notre réseau de pigistes et de collaborateurs externes. D’un autre côté, le travail pour 24heures implique différentes tâches éditoriales chronophages en vue de la mise en ligne de nos articles, d’être réactifs au quotidien selon les actualités, et donc de modifier constamment nos programmes en conséquence. Nous n’aurons plus à le faire, ce qui permettra de gagner du temps et de l’énergie pour nous concentrer sur l’hebdomadaire. Je préfère voir le verre à moitié plein, d’autant que cela nous apportera une plus-value.
C’est-à-dire ?
– X.C.: Dès 2026, la plupart des contenus locaux et régionaux que nous publierons seront exclusifs, vous ne les trouverez pas dans un autre média. Notre ADN restera lié à l’information locale pure. Nous couvrons les Conseils communaux dès que nous le pouvons, ce que nous sommes les seuls à faire pour l’essentiel. Nous racontons les petites histoires qui font causer, abordons des problématiques purement régionales de la Riviera et du Chablais. Nous espérons que les habitants et amateurs d’information locale le comprendront et qu’ils s’abonneront. Je pense qu’il y a une marge de progression.
Tout de même, doit-on craindre pour la qualité du journal ou sa santé financière ?
– A.P.: Après plus de quatre ans d’existence, nous affichons une bonne santé financière, avec des comptes dans le noir, ce qui, au vu du marché des journaux actuels et des déboires de certains titres, n’était pas couru d’avance. Nous avons de bonnes rentrées publicitaires, ce qui nous met aussi à contre-courant de la tendance générale, et cela me conforte dans l’idée que ce journal a toute sa raison d’être. Notre principal défi aujourd’hui est d’augmenter le nombre de nos abonnés pour réduire notre dépendance au marché publicitaire, qui peut être volatile, et renforcer notre lectorat et notre position de journal de nos deux régions. Et pour ce faire, nous ne pouvons pas transiger sur la qualité de nos contenus.
« Faire aussi bien avec moins », c’est du déjà entendu. Comment pensez-vous y parvenir au quotidien ?
– X.C.: Nous pouvons compter sur des journalistes qui croient en ce projet. Nous allons réfléchir à comment mieux organiser le travail pour réduire les déperditions de temps et mieux exploiter les forces en présence, que ce soit en rédaction, avec l’équipe de metteurs en pages ou l’administration. Nous restons une petite entreprise, une quinzaine d’employés au total, où tout le monde met la main à la pâte. Enfin, un facteur n’est pas négligeable: l’ambiance à l’interne et les rapports entre collaborateurs sont excellents.
L’année 2026 risque néanmoins d’être celle de tous les dangers…
– A.P.: Non, je ne le pense pas. J’ai confiance en notre projet et en mes collaborateurs. Au contraire, je ne m’empêche pas de rêver en plus grand, avec une extension de notre périmètre si des opportunités se présentent. J’y travaille. Nous sommes tous conscients des défis qui nous attendent et sommes prêts à les relever. L’étape est importante, soyons réalistes, mais ce journal restera sain et qualitatif, j’en suis convaincu. C’est l’occasion de voler pleinement de nos propres ailes. À nous de les déployer au mieux. Maintenant, il revient à nos lecteurs de dire, en s’abonnant, si nous avons vu juste.
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