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Olivier Mottet, en chemin vers l’épure

Le musicien sur les hauteurs de la colline de Chiètres, au-dessus du village de Lavey où il vit. Proche de la nature, il aime particulièrement s’y ressourcer lors de longues balades. Et la guitare n’est jamais bien loin.  | P. Genet

Musique
Éducateur, répondant en spiritualité et aumônier à l’armée, l’auteur-compositeur-interprète chablaisien prépare un nouvel album en forme de quête de simplicité.

Ce n’est pas un hasard; d’ailleurs, le hasard, il n’y croit pas. Il s’agit plutôt de synchronicité, concept développé en psychanalyse par le psychiatre Carl Gustav Jung et se décrivant comme la coïncidence de deux événements distincts qui soudainement fait sens. Samedi matin 26 avril, au moment où se tenaient place Saint-Pierre au Vatican les funérailles du pape François, Olivier Mottet chantait la messe du pèlerinage des pères de famille en l’église Notre-Dame de Valère, à Sion, pour laquelle il avait écrit et composé une dizaine de chants liturgiques. Un symbole fort pour cet Agaunois d’origine, dont la pratique de la foi chrétienne est simple, proche de la nature et vectrice d’une ouverture œcuménique et interreligieuse forte.

Moins de 48 heures plus tôt, le jeudi soir précédent, nous l’avions rencontré chez lui à Lavey, en cette demeure de pierre et de bois, simple elle aussi, mais accueillante et généreuse en espaces et en lumière, qu’il habite avec son épouse Marie, harpiste, pianiste et professeure de chant grégorien, et leur fils de 4 ans et demi. Un ancien corps de ferme qu’il s’attache à rénover lorsque son rôle de père et ses tâches d’aumônier, d’éducateur et de répondant en spiritualité dans une institution sociale lui en accordent le temps.

S’occuper de sa spiritualité

«La dimension spirituelle est quelque chose qui m’avait longtemps manqué dans mon métier, mais qui revient aujourd’hui sur le devant de la scène, parce que les gens sont en manque de repères et ont besoin de trouver et de donner du sens, confie-t-il lorsqu’on l’interroge sur cette dernière fonction. Et cette quête de sens passe par la spiritualité.»

Une dimension qui n’est pas exclusivement religieuse, souligne le quarantenaire. «Tout le monde a une spiritualité, toutes les civilisations ont une aspiration à la transcendance. On a un besoin d’être relié de manière verticale et horizontale, de partager, de faire des liens, de transcender cette humanité. Et si cette spiritualité est autre que religieuse, il faut aussi pouvoir s’en occuper.»

Une écriture plus apaisée

D’aussi loin qu’il s’en souvienne, sa spiritualité à lui, catholique, a toujours été liée à la musique, a «toujours habité» ses chansons. Discographiquement, du bien nommé «La source», en 2009, au double-album électronique/acoustique «Gange», en 2016, en passant par «Du mercure dans la rivière», en 2013, l’auteur-compositeur-interprète a toujours mis «des valeurs» derrière ses chansons. «Si ce n’était pas dans l’écriture, c’était dans la finalité du propos», explique-t-il.

Ainsi par exemple de «La Wii», du nom d’une fameuse console de jeu, qui lui valut en 2010 le Prix des radios francophones publiques. «On a tout, trop de tout / Tout ce qu’on veut, ce qu’on veut pas / Ce qu’on aimerait, on l’a déjà / On claque des doigts et le voilà / Mais on manque de l’essentiel / Tournés vers nous, pas vers le ciel».

Olivier Mottet n’avait plus sorti de disque depuis 2017 et le très inspiré «Mes armes», mises en musique de textes de Sainte-Thérèse de Lisieux qu’il interprète en duo avec sa femme. Un album qui a emmené le couple dans des églises de Suisse et de France, au gré de concerts intimistes et dépouillés.

C’est aujourd’hui dans cette même direction de l’épure qu’il veut aller avec son prochain disque, en cours de finalisation. Une production acoustique guitare-voix intitulée «Un tout p’tit peu avant plus tard», qui contiendra d’anciens morceaux réarrangés, des chansons pour enfants et d’autres plus directement liées à la spiritualité du chanteur. «J’écris moins qu’avant, peut-être parce que je suis plus apaisé; mais quand j’écris, je garde davantage. L’écriture est aujourd’hui un souffle, une joie sereine, là où avant elle naissait d’une pulsion, d’un besoin.» Une écriture à découvrir ou redécouvrir tout prochainement.

oliviermottet.net