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Quand la fiction rejoint la réalité

Le dernier roman de Danielle Berrut, paru aux éditions Pierre Philippe, résonne étrangement avec l’actualité valaisanne.  | DR

Littérature
La Chablaisienne Danielle Berrut publie avec «Une saison d’orages» un roman qui fait étrangement écho aux événements en cours à Blatten, dans le Haut-Valais.

«S’il avait dû émettre une réserve à son bonheur, Antoine aurait évoqué la proximité du versant rocheux qui dominait son domaine (…) Par le passé, des esprits chagrins avaient mentionné les risques liés à l’instabilité des versants, mais tant que les éboulis étaient facilement évacuables, tant que les maisons étaient sauves, bref tant qu’il faisait bon vivre si près du ciel, personne ne voulait s’en préoccuper.» 

Il y a quelque chose du Ramuz de «Derborence» ou de «La grande peur dans la montagne» dans ces lignes. Nous sommes à Prazloup, «petit village blotti au pied d’un versant alpin», et les premiers paragraphes du nouveau roman de Danielle Berrut résonnent avec l’actualité à Blatten comme un coup de tonnerre dans la vallée. 

Bien évidemment, l’écrivaine, dont c’est ici le quatrième roman, n’avait pas imaginé que la sortie de son livre coïnciderait avec l’évacuation du village haut-valaisan, menacé par la montagne qui le surplombe. «J’avais eu envie d’écrire sur ce sujet après avoir été frappée par le glissement de terrain au-dessus de Leytron, il y a quelques années, explique-t-elle. J’avais commencé ce roman quand la catastrophe de Brienz a eu lieu… et il sort par hasard alors que l’événement est en cours à Blatten.»

Des forces occultes ?

Un nouvel épisode qui aura ému la Montheysanne d’adoption. «J’ai passé toute ma jeunesse dans le village de Morgins, je sais l’attachement que l’on a pour son coin d’origine et les rapports étroits qui nous relient les uns aux autres. Devoir quitter son village, c’est perdre une dynamique, une unité qui nous rassemblent.» Mais il y a autre chose qui a ému Danielle Berrut. «Ce que j’ai remarqué dans les interviews, c’est la tranquille résignation des habitants. Il n’y a pas de révolte, mais un espoir de rentrer chez soi. Comme une sagesse villageoise venue du fond des âges d’une population habituée à être confrontée à la dureté des lois de la nature. Cela permet une certaine résilience.» 

Et cela n’occulte pas une part de mystère que l’on retrouve imprégnée dans le roman de la Chablaisienne. Là encore, Ramuz, que cette enseignante à la retraite a travaillé en cours, n’est pas loin. «Il y a une part de la population qui commence à se demander s’il n’y a pas des forces occultes derrière ces événements et comme l’un des personnages interpelle, il y a des mauvaises langues qui pensent que cette fille a pu jeter une sorte de maléfice. Ce qu’on ne comprend pas, on cherche à l’expliquer par tous les moyens; si cela ne se justifie pas scientifiquement, on recourt à l’imaginaire, aux mythes, aux histoires du passé.» Celle-ci, pourtant, est bien actuelle…

Dédicaces jeudi 5 juin à 17h à la librairie «À l’ombre des jeunes filles en fleurs» à Monthey et samedi 14 juin dès 14h à la FNAC Monthey. 

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