
Prostré sur sa chaise jeudi dernier à Vevey à l’heure du jugement, l’accusé n’a pas semblé comprendre la teneur et la portée de la sentence infligée par le Tribunal de l’arrondissement de l’Est vaudois. Après environ 30 minutes de lecture des faits et de leur implication pénale, la présidente Anne-Catherine Page a annoncé la peine: quatre ans ferme de privation de liberté.
Comédien âgé de 34 ans et bien connu dans le milieu théâtral, le prédateur Didier* était accusé d’avoir commis des abus sexuels sur 11 élèves, alors qu’il était professeur d’improvisation. Plusieurs de ces élèves étaient mineurs au moment des faits qui se sont produits entre 2009 et 2020.
Une honte qui change de camp
Doué et charismatique, Didier, «rencontrait certains de ses élèves plus particulièrement lors de soirées qu’il organisait à son domicile et au cours desquelles il initiait des jeux à boire à caractère sexuel entre les participants», selon l’acte d’accusation de la procureure.
Le comédien, encore récemment en spectacle, «exerçait des pressions d’ordre psychique créant une dépendance émotionnelle et sociale, en lien avec sa position influente dans le milieu». Pour Anne-Catherine Page, il «a puisé dans le vivier des ces jeunes qu’il a attirés pour assouvir ses pulsions».
La Cour a ainsi eu la main beaucoup plus lourde que la représentante du Ministère public qui avait demandé 30 mois, dont 6 ferme. Les magistrats veveysans ont retenu la contrainte sexuelle, dans tous les cas. Aussi, les actes d’ordre sexuel infligés à des enfants. Mais surtout le viol d’une jeune femme. Cette dernière, assise sur le banc des plaignants, n’a pas pu contenir ses larmes, comme un peu plus tard un de ses compagnons d’infortune sur le banc en face.
À l’issue de la lecture de ce jugement – pour lequel le comédien violeur fera appel, ce qui suspend sa potentielle incarcération – les très nombreux parents, amis, proches des victimes, environ 50 personnes réunies dans la salle du tribunal, se sont enlacés, embrassés et réconfortés. Avec le sentiment qu’après un tel gâchis, la justice était enfin passée. Sur le sol devant le poste de police, qui abrite à l’étage la salle du tribunal, une main a tracé à la craie: «La honte a changé de camp».
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