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Un chiot dévoré dans un chenil

Jeune chiot boxer d’à peine 5 mois, Jahde s’est faite dévorée par deux bergers allemands il y a un peu plus de deux ans.  | LDD

Procès à Vevey
La propriétaire d’un chenil est accusée de mauvais traitements infligés à un animal par négligence. Une jeune boxer d’à peine cinq mois est décédée début 2023 sur sa propriété, dans l’Est vaudois, dévorée par deux bergers allemands.

Jeune chienne d’à peine 5 mois, Jahde est décédée dans de tristes conditions le 31 janvier 2023. Ce matin-là, sa maîtresse la dépose en pension pour la journée dans un chenil de l’Est vaudois. Elle est une habituée de cette institution. La gérante du chenil place la petite boxer dans un enclos extérieur, mais pas seule. Elle se trouve en compagnie de deux bergers allemands qui appartiennent à cette responsable.

Les deux grands chiens ont alors attaqué, puis mis à mort Jahde. Survenu probablement entre 10h et 11h, le drame n’est pas immédiatement constaté par la gérante. Elle découvre les importantes mutilations subies par le chiot que lorsqu’elle entre dans l’enclos pour nourrir les trois bêtes.

À la suite de la mort de Jahde, elle envoie un message à la propriétaire de l’animal dans l’après-midi. Lorsque la propriétaire la rappelle, la gérante lui explique que sa jeune boxer est – propos repris dans l’acte d’accusation conclu après enquête – «décédée d’une crise cardiaque qui aurait entraîné un saignement par la gueule et que, de ce fait, les deux autres chiens avec lesquels elle se trouvait lui auraient bouffé le museau».

«Je ne sais vraiment pas ce qu’il s’est passé, c’est un accident regrettable, témoigne cette semaine l’éleveuse par téléphone. Cela ne m’était jamais arrivé. Chaque fois que je pense à Jahde, je suis triste.»

La maitresse et les enfants de la petite boxer défunte encore plus. «Ce qui nous a choqués, ce n’est pas tant l’accident. Il faut rester bienveillant: ça peut arriver à tout le monde. Ce qui est terriblement gênant, c’est qu’on ait essayé de masquer l’incident, aussi qu’on ait tenté de ne pas nous donner la possibilité de voir la dépouille de Jahde, ou de ne pas pouvoir la récupérer.» 

Par ailleurs, elle dit avoir été «encouragée par de nombreuses personnes, dont des professionnels, à aller plus loin. Soit déposer une plainte pénale, afin que les circonstances de la mort de Jahde soient examinées, puis jugées. Mais sans faire de battage au préalable, notamment auprès des médias».

Tentative de contrainte

Pour le Ministère public, la responsable «dans le but de s’éviter des ennuis s’est ensuite fermement opposée à la demande» de sa cliente, laquelle lui indiquait vouloir venir chercher le corps de son animal. La gérante lui propose alors de lui envoyer une photo du cadavre. Cette dernière décline la proposition et envoie au chenil son ex-mari et père de ses deux enfants. L’éleveuse refuse de rendre le corps et propose de le faire incinérer. Mais le messager insiste.

Finalement, la responsable du chenil consent à emmener la dépouille chez un vétérinaire d’une commune voisine. L’autopsie réalisée conclut «à la perforation de le peau, à des hémorragies sous-cutanées et intramusculaires, à des lacérations musculaires au niveau de la tête, du cou et des épaules, à une rupture du foie et des poumons, avec hémothorax et hémoabdomen, ainsi qu’à des hémorragies aiguës alvéolaires des poumons».

La propriétaire de Jahde a déposé plainte et demande en plus réparation civile à hauteur de 23’000 francs. À l’issue de son enquête, le procureur a décidé de renvoyer la prévenue devant les juges de l’arrondissement de l’Est vaudois. Le magistrat a retenu, comme infractions possiblement réalisées, les mauvais traitements infligés aux animaux par négligence et aussi la tentative de contrainte.

Sanctions demandées

Il requiert une sanction de 120 jours-amende à 60 francs avec sursis pendant deux ans, plus une amende de 900 francs possiblement convertible en 25 jours de prison de substitution en cas de non-paiement. Le procès se déroulera ce vendredi à Vevey devant le Tribunal de police.

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