Rechercher
Fermer ce champ de recherche.

Un vestige artistique en plein cœur de Vevey

Le Montreusien Romain Miceli a ouvert sa «Galibrairie» dans les fondations d’une tour du XVe siècle.  | N. Desarzens

Patrimoine
Au centre-ville, une tour médiévale abrite une librairie et un espace d’exposition dorénavant ouverts au public. Une initiative de Romain Miceli, son nouveau gardien.

À deux pas du centre commercial sis à la rue du Simplon se trouvent des vestiges datant de 1448. Invisibles à l’œil inattentif et surtout méconnues du grand public, les fondations de La Tour de Bolliet émergent à proximité d’un parking souterrain. Sitôt le pas de porte franchi, un escalier en colimaçon nous emmène dans les entrailles de ce monument historique.

Avec plus de 5’000 livres sur les étagères, il y en a pour tous les goûts. Un recueil de prières de 1790 ou un roman de poche de seconde main d’Emile Ajar, la palette littéraire est à la hauteur de l’amour que Romain Miceli porte aux livres. Collectionneur dans l’âme, il écume les brocantes à la recherche de pépites. À l’image de cette édition originale de 1967 du tome 1 d’Astérix le Gaulois, avec sa couverture en cuir.

Féru de beauté et d’histoire, le coup de foudre entre cet économiste spécialisé en gestion culturelle et ce monument historique fut instantané. «C’était brut de chez brut, avec beaucoup d’infiltrations d’eau, mais ce lieu détient un grand potentiel!» Nouveau locataire depuis l’an passé – l’édifice appartient à la Confédération – le Montreusien s’est d’abord employé à tout rafraîchir et à réaménager, le tout en préservant le farfadet malicieux vivant entre ces murs.

Un écrin à la croisée des arts

Il est de ces lieux habités. Avec ses vieilles pierres et ses caveaux, l’atmosphère de La Tour de Bolliet est empreinte d’une sérénité toute particulière. À l’abri du monde extérieur, les fondations en tuf du XVe siècle ont emmagasiné des années d’histoires. L’odeur du papier, émanant d’ouvrages datant parfois de plusieurs siècles, favorise cette ambiance hors du temps.

Alliant patrimoine architectural et art contemporain, ce cadre historique fait dialoguer œuvres d’art et livres anciens. Tout juste accrochés aux murs, les portraits multicolores d’Adrien Sabbah créent une narration silencieuse avec les milliers d’ouvrages qui leur font face.

Cet ancien éditeur et fondateur des Editions Romann a une appétence particulière pour le livre, de l’artisanat à ses plumes romandes, en passant par la littérature française. «La Tour de Bolliet réunit ces trois envies: la beauté d’un travail d’artisan, le goût pour les lettres et la mise en avant d’auteurs suisses.»

Pas uniquement dévouée au livre, la «Galibrairie» se veut être à la croisée d’une galerie et d’une librairie, sans oublier la volonté d’accueillir des événements culturels de toutes sortes. Un lieu hybride donc, qui révèle la volonté de son repreneur de faire vibrer ces vieilles pierres.

«Les œuvres artistiques exposées ne doivent pas dépasser les 3’000 francs. Je souhaite que tout le monde puisse s’y retrouver.» Le tout en restant accessible au plus grand nombre, se débarrassant d’un certain verni élitiste. Un petit pari, «mais Paris ne s’est pas fait en un jour!», conclut le gardien des lieux.

galibrairie.com
Vernissage de l’exposition «L’univers coloré d’Adrien Sabbah» le samedi 17 mai dès 18h30, rue du Musée 4b, Vevey.

Oubliée pendant 20 ans

Selon les archives, La Tour de Bolliet était le point d’entrée dans l’enceinte de la ville. Au tournant du XXIe siècle, les travaux de construction du nouveau centre commercial mettent en lumière les vestiges des fortifications médiévales de Vevey. Quelques chanceux ont pu déambuler dans les caveaux attenants aux fondations de cette tour, à l’occasion d’expositions organisées par le locataire précédent. Le grand public a toutefois pu découvrir l’espace temporairement, grâce à Images Vevey en 2018. Mais depuis ce printemps, près des réameublements, cet espace est entièrement accessible au public.

GALERIE