La Municipalité de Vevey fait bloc avec l’absence pour raisons de santé du syndic Yvan Luccarini (au centre). | L. de Senarclens – Archives 24 heures
Visage de la Ville et tête dirigeante de l’administration communale, le syndic Yvan Luccarini est absent depuis début octobre. Contacté, ce dernier ne souhaite pas s’exprimer sur son état de santé. Est-ce que son absence annonce le début d’une «crise politique inédite»? La réalité est plus nuancée. Les six autres municipaux font actuellement bloc. «On se partage le boulot en bonne collégialité», assure le vice-syndic Vincent Imhof.
Mais ce qui est peut-être encore plus inquiétant que le retrait du syndic, c’est l’absence de quatre chefs de service, dont deux aux postes clés des Finances et des Ressources humaines. Suppléante du syndic pour les Finances et les Ressources humaines, Laurie Willommet évoque un malheureux concours de circonstances. «Repourvoir les postes vacants, c’est notre objectif premier, surtout pour éviter de surcharger l’administration. Les processus de recrutement se poursuivent et j’ai bon espoir. Il faut aussi dire que ce sont des postes compliqués à repourvoir, on le voit dans plusieurs autres communes.»
La municipale Gabriela Kämpf (décroissance alternatives) est également confrontée à une absence, celle de sa cheffe du Service de la cohésion sociale, selon nos sources pour raison de santé. L’édile relève qu’il s’agit «d’une fonction sensible, exposée. On peut dire qu’elle se situe entre le marteau et l’enclume, entre pression politique et l’engagement complexe des ressources et moyens». Y a-t-il trop d’exigences autour de ce poste de cadre? Gabriela Kämpf veut contextualiser. «Certains services ont dû se reconstruire, à la suite de la crise sanitaire, de la Fête des Vignerons ou encore après la crise de la précédente législature.»
Problème de gestion?
De l’avis de certains membres de la Commission des finances, l’absence du chef du Service des finances est d’autant plus remarquée en pleine discussion sur le budget 2025. De surcroît pour une administration en pleine transition vers un nouveau système comptable, le MCH2. «Comme si un énorme navire se retrouvait sans capitaine», nous a-t-on glissé.
«Cela commence à faire beaucoup pour gérer une administration communale de cette ampleur», s’inquiète Sandra Marques. La conseillère communale PLR a donc rédigé un postulat, qui sera traité lors de la prochaine séance du 5 décembre, pour demander un audit externe sur la gestion de la Ville. «Nous souhaitons comprendre le potentiel mal-être et la raison des difficultés rencontrées lors des recrutements, poursuit la cheffe de groupe. Car l’absentéisme a aussi un coût pour la Ville. C’est un cercle vicieux, qui termine trop souvent par du surmenage et des arrêts de travail.»
L’idée d’un audit est accueillie avec circonspection par la gauche de l’échiquier politique. Une source nous a soufflé qu’une telle procédure ne va pas faire avancer ou améliorer quoi que ce soit. Si la droite se défend de provoquer une polémique, certains élus de la gauche dénoncent une manœuvre électorale et déplorent les attaques systématiques à l’encontre de l’Exécutif.
Une stratégie réfutée par la droite, qui dit ne pas vouloir accabler la Municipalité en place. «Le problème des chefs de service est récurrent à Vevey, abonde Patrick Bertschy. Ce n’est pas une spécificité de cette législature.» La problématique occupera les membres de la Commission de gestion, qui rendra un rapport en mai de l’année prochaine.
Il est vrai que la question du budget 2025 a provoqué de vives tensions au sein de la Commission des finances. Avant toute entrée en matière, le centre droit avait apposé une condition, celle d’une marge d’autofinancement de 6 millions de francs contre les 4 millions prévus. Peu après, le syndic était en arrêt maladie. Les spéculations vont bon train. Manque de leadership? Conflit interne? On n’en saura pas plus à ce stade. Mais pour citer une source, «un passage à vide, ça peut arriver à n’importe qui».
Ce blocage en amont des séances de la Commission des finances a eu l’effet escompté, à savoir obtenir des compromis pour le budget 2025. Car au sein du camp bourgeois, la frustration est bien là, ses élus n’étant représentés que minoritairement à l’Exécutif. D’où ce coup de force contre la gauche majoritaire, afin de se faire entendre et parvenir à des compromis.
Avant la dernière séance mardi dernier, un membre nous a pourtant dit être confiant, assurant que la séance serait productive. La tempête semble être passée, même si les discussions du Conseil communal le 5 décembre prochain s’annoncent animées.
Légende: Le syndic Yvan Luccarini est absent depuis début octobre pour des raisons de santé.
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