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«Notre région a besoin d’un média pour la mettre en valeur»

L’entrepreneur de 55 ans Armando Prizzi a grandi à Vevey. Il a lancé Riviera Chablais SA en 2021.   | Lô photographie

Interview
Le Riviera Chablais Hebdo célèbre aujourd’hui ses 4 ans. Dans un contexte médiatique romand actuellement tendu, votre journal a réussi à se faire une place, alors que de nombreux défis l’attendent encore.

Armando Prizzi, le Riviera Chablais Hebdo compte près de 200 numéros. Vous osiez l’espérer à son lancement?

– Oui, j’y ai toujours cru. Autrement, je ne me serais jamais lancé dans cette folle aventure. Cette région a besoin d’un média pour la mettre en valeur, que ce soit en presse écrite ou sous un autre format. Après ces quatre années intenses, mais surtout passionnantes, je sais que nous avons fait le bon choix. Nous avons une assise confortable. Notre journal est attendu chaque semaine que ce soit par nos lecteurs, nos annonceurs, ou les multiples acteurs qui font vivre la Riviera et le Chablais.

Alors que la tendance est de plus en plus au tout-numérique, vous avez choisi de miser sur le papier…

– N’en déplaise aux amateurs du digital, les lecteurs aiment encore tourner les pages du journal. C’est pourquoi nous défendons avant tout le papier,  sans pour autant négliger le numérique que nous souhaitons encore développer. Nous avons déjà une offre de E-paper, ainsi qu’un site Internet qui propose l’accès à l’entier de notre contenu pour une semaine, un mois ou une année.

Quels ont été les principaux défis lors du lancement? Après la disparition du Régional, c’était un sacré pari…

– Nous avons sorti une première édition le 24 mars 2021, à savoir un an environ après la fin du Régional. Nous avons donc dû aller chercher nos lecteurs. Ce n’était pas couru d’avance. Comme dans toute entreprise, il faut à tout prix tenir les trois premières années. Dans ce milieu, c’est d’autant plus vrai, il est très difficile de durer. Aujourd’hui, nous passons la barre des quatre ans. Nous le devons au soutien de nos abonnés, mais aussi à celui de nos partenaires, que ce soient les privés ou les Communes. Je remercie également l’ensemble de mon équipe grâce à laquelle nous avons acquis une légitimité dans la région. Chaque semaine, elle se donne pour mission de fournir à ses lecteurs une information de qualité et proche des gens.

Le modèle a évolué au fil des mois depuis sa création. En quoi le Riviera Chablais Hebdo se différencie-t-il des autres offres médiatiques?

– Nous n’avons jamais souhaité proposer ce que font déjà les autres médias. Par exemple, si nous décidons de traiter l’information nationale ou internationale, nous le faisons uniquement avec un ancrage local. Pour ce qui est du reste de l’actualité suisse, européenne ou mondiale, on trouve presque tout sur Internet gratuitement. Par contre, pour le local, à savoir un journalisme proche de ses lecteurs, ce n’est pas le cas. Le rôle de notre journal est de donner aux gens d’ici la place qu’ils méritent dans nos colonnes, car ce journal leur appartient avant tout. Nous avons également pour objectif de les amener à en apprendre davantage sur ce qui les entoure. On croit parfois tout connaître, mais on découvre régulièrement des choses qui se sont déroulées juste à côté de chez soi sans le savoir.

Revenons au contexte médiatique. Plusieurs éditeurs ont annoncé des suppressions de postes ces derniers mois. Qu’en est-il du Riviera Chablais Hebdo?

– Nous avons réussi à avoir un journal qui est rentable et nous n’avons pas prévu de licencier. Au niveau financier, nous avons très bien débuté l’année. Mais nous devons rester vigilants. Nous voyons ce qu’il se passe autour de nous, et cela nous attriste de voir plusieurs médias en difficulté. Cela peut aussi créer une atmosphère délétère chez le lecteur qui peut douter quand vient le moment de renouveler son abonnement. Mais c’est justement ce soutien qui permet aux médias de couvrir l’actualité de manière régulière et de jouer son rôle de rouage de la démocratie. Ne l’oublions pas! Sans les lecteurs, les médias ne seraient pas les mêmes.

Quels sont les enjeux actuels auxquels est confronté le Rivera Chablais Hebdo?

– Aujourd’hui, nous avons trouvé notre rythme de croisière au niveau du soutien des annonceurs. Toutefois, nous avons un petit regret, quiest le nombre d’abonnements. Nous avons encore un potentiel de développement pour pouvoir compter sur un modèle plus équilibré au niveau des revenus. Il nous manque idéalement encore 2’000 à 3’000 abonnés pour avoir un coussin de sécurité. Sur une zone de diffusion comprenant 240’000 habitants, c’est tout à fait imaginable. D’autant plus que nous avons énormément de retours favorables sur le terrain.