L’église paroissiale poursuit sa transfiguration

On les voit de loin lorsqu’on s’approche de Châtel-Saint-Denis: les échafaudages entourant l’église paroissiale locale. La restauration de l’iconique édifice châtelois, construit sur roc entre 1872 et 1876 dans le style gothique ogival du XIII^e siècle, suit son cours. Ces grands travaux, lancés en janvier 2024 et devisés à 5 millions, sont encore dans leur première phase. Soit celle concernant la tour et la flèche du clocher haut de 70 mètres qui devraient être finalisées en novembre.

«La flèche est déjà terminée, après la restitution d’un trompe-l’œil qui redessine ses ouvertures et sa structure en tuf d’antan. Quant à l’ancien chapiteau sommitale en calcaire, il a été partiellement remplacé. La croix sommitale de 6 m, elle, a été restaurée avec l’ajout d’une rosace dorée en son centre et reposée», récapitule Antoine Vianin, l’architecte chargé des travaux. Son bureau, basé à Fribourg, mais aussi Grimentz, fait référence dans le domaine de la réfection d’églises, de remparts et de châteaux depuis 30 ans.

D’imposants pinacles

La plupart des pierres en molasse de la tour de l’église de Châtel-Saint-Denis sont restaurées, mais d’autres sont aussi en cours d’être remplacées. C’est le cas de celles formant les pinacles du balcon. «D’en bas, on ne s’en rend pas compte, mais ces huit pinacles ont des sections de 90 par 90 centimètres et montent jusqu’à 8 mètres de haut. Les nouveaux sont actuellement en cours de taillage chez Villapierre SA, une entreprise fribourgeoise spécialisée dans la taille de pierre, car les originaux étaient sérieusement détériorés par les affres du temps et de la météo», explique Antoine Vianin.

Une fois reposés en juillet prochain, les échafaudages pourront ensuite être démontés. Ce sera ensuite au tour des quatre pinacles en calcaire situés au niveau des cadrans de l’horloge de subir le même sort, au niveau des pyramides et fleurons. Commencera alors la seconde et dernière phase du chantier, laquelle devrait se terminer peu avant l’hiver 2026. Elle consistera à restaurer le frontispice de l’église, soit sa façade d’entrée.

«À cette occasion, les pinacles qui existaient jusqu’au tournant des années 1930 et qui avaient dû être enlevés sans jamais être remplacés, probablement pour des raisons de coût, seront reconstruits à l’identique, rendant à l’édifice sa majesté originelle», poursuit l’architecte d’origine valaisanne qui a notamment chapeauté les travaux de restauration de la Basilique de Notre-Dame de Fribourg et des églises de Belfaux, de Grolley et de Romon. Au total, une soixantaine de personnes auront participé à ce chantier. Et Antoine Vianin de conclure: «Restaurer de tels bâtiments, porteurs d’Histoire et qui vont nous survivre, a beaucoup de sens. Cela exige d’avoir l’humilité de s’imprégner du passé de l’édifice pour trouver la meilleure manière de le respecter, tout en lui apportant une fonctionnalité moderne.»