
Présidente depuis septembre dernier des Pully Lausanne Foxes, Mouna Skaria est la seule femme à occuper cette fonction à ce niveau. | Pully Lausanne Foxes
Libanaise d’origine, née au Nigeria où son père était ingénieur, Mouna Skaria (54 ans) ne renonce jamais. Quand elle a une idée ou un projet en tête, elle avance, quels que soient les obstacles. «Rien ne me fait peur, je ne baisse jamais les bras, je ne regarde jamais en arrière», confie-t-elle à l’heure de l’interview.
En dehors du basket, elle dirige depuis 28 ans avec son mari Andreas un cabinet de dermatologie et de chirurgie esthétique à Vevey. Sportive polyvalente, elle est aussi à l’aise sur une planche à voile qu’en snowboard et a pratiqué plus jeune quasi toutes les disciplines imaginables. «Même le lancer du poids, c’est mon côté garçon manqué», plaisante-t-elle.
Depuis septembre, Mouna Skaria est la nouvelle présidente des Pully Lausanne Foxes en Swiss Basket League, la plus haute division du pays. Particularité: elle est actuellement la seule femme occupant un tel poste à ce niveau.
Elle ne craint pas de déranger
Entrée au comité en 2021, elle a tenu bon malgré ce qu’elle considère comme une forme d’hostilité de la part des dirigeants de l’époque. «Ils me contredisaient systématiquement, me mettaient des bâtons dans les roues, ne me parlaient pas… mais cela m’a motivée encore plus, j’ai toujours eu la force de continuer», détaille-t-elle. Et d’ajouter: «Dans la vie, je n’ai jamais eu de problèmes avec ma féminité, même si maquillée, habillée différemment, il m’est arrivé de sentir de la jalousie chez certaines femmes dans le milieu médical. En revanche, venant des hommes, c’était nouveau!»
Entraîneur de la première équipe depuis 2017, le Jurassien Randoald Dessarzin a vécu cela de l’intérieur, impressionné par la force de caractère de l’actuelle présidente. «Mouna est une femme d’action toujours positive, une combattante que j’apprécie énormément. Elle a tenu le coup malgré tout ce qu’elle a vécu à ses débuts. Beaucoup de dirigeants se contentent des <faudrait faire ça>… Mouna, elle, prend les choses en main et le fait. C’est ce qui peut parfois déranger.»
Fans de Michael Jordan, ses deux fils Arjun (19 ans) et Sanjay (22 ans) ont porté plus jeune le maillot du club et elle les a suivis. «Maman impliquée, je tenais la buvette lors de leurs matches, j’ai cherché des sponsors, organisé les déplacements, etc.» «Elle a même mis sur pied un baskethon qui a rapporté quelque 5’000 francs au mouvement juniors», souligne Randoald Dessarzin pour démontrer son engagement.
Aujourd’hui, la présidente s’est prise de passion pour ce sport dynamique même si elle a l’impression d’être «une poupée sur talons», comparé aux joueurs de deux mètres régulièrement alignés sur le parquet.
La médecine, une voie toute trouvée
Avec ses plus de 230 millions d’habitants, le Nigeria est notamment connu pour sa dangerosité. Les parents de la dirigeante ont ainsi envoyé très jeunes leurs quatre enfants (deux filles et deux garçons) en internat à l’étranger.
Mouna Skaria avait à peine 7 ans quand elle débarque dans les Yvelines, en France, et 11 au moment d’intégrer le collège du Léman à Genève. «Nous n’allions voir nos parents que toutes les six semaines et j’en ai souffert. À l’école, j’étais très studieuse, très organisée, dure avec moi-même», confie-t-elle.
Parallèlement à ses études à l’Université de Genève, elle a été vendeuse dans une boutique d’habits, réceptionniste chez SOS médecin ou encore prof privée en maths et physique. Elle trouve rapidement le chemin de la médecine. Une discipline devenue vocation. Un prof très marquant lui transmet le goût de la dermatologie en quatrième année du cursus. «Je suis très sensible à la qualité de la peau. En dermatologie, on peut parfois établir un diagnostic d’un simple coup d’œil.»
Même si elle n’y a jamais vécu, Mouna Skaria reste très attachée à son Liban d’origine meurtri par les guerres et les tragédies. «Récemment, lors d’un congrès à Beyrouth, nous sommes tombées en panne en pleine nuit avec une amie. Or, je ne sais combien de gens se sont arrêtés pour nous aider. Malgré tout ce qu’ils ont enduré, les Libanais sont très accueillants et d’une extraordinaire générosité. Et je crois que je me comporte un peu comme eux.»
Vainqueur contre Massagno au Tessin ce samedi, Pully Lausanne occupe actuellement la cinquième place du classement, ce qui ne satisfait pas totalement sa présidente. «Les nombreuses blessures ont un peu perturbé notre début de saison.» Davantage que la qualification pour les play off, elle vise ouvertement pour son équipe une 3e place, même si avec 350’000 francs, Pully Lausanne dispose du plus petit budget de la League, loin derrière celui de Fribourg Olympic, ou de celui des Lions de Genève qui dépasse le million. En dehors des quatre Américains, l’ossature des Pully Lausanne Foxes est composée en majorité de jeunes issus de leur formation qui compte quelque 370 juniors répartis en 20 équipes. Après son entrée au comité, Mouna Skaria a créé une nouvelle équipe marketing d’une quinzaine de bénévoles qui l’accompagnent dans cette aventure. Son grand objectif, c’est de voir un jour le club évoluer dans sa propre salle, comme à Fribourg, un outil indispensable pour aller de l’avant. «À l’image de la Vaudoise Arena pour le LHC, cela nous permettrait de trouver de nouveaux partenaires, d’offrir des loges. J’ai écrit à la Ville dans ce sens et je planche déjà sur un projet avec un architecte, papa d’un de nos juniors!»
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