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«Toute notre famille refuse catégoriquement la vente de ses parcelles»

L’agriculteur Roger Cardinaux le promet. Il défendra sans relâche sa propriété contre toute tentative d’achat.  | X. Crépon

Saint-Légier
Le projet de centre multisports envisagé «En Pangires» par plusieurs entrepreneurs essuie un premier écueil. Le propriétaire du terrain l’affirme publiquement: il est hors de question de céder ses terres.

À l’approche de l’hiver, Roger Cardinaux est loin d’être groggy. Quand cet agriculteur ne s’occupe pas de l’entretien des différents terrains situés à proximité de sa ferme, il coupe ou range son bois. Durant le reste de l’année, ce Saint-Légerin de 62 ans gère des cultures conventionnelles de céréales, principalement du blé, du maïs ou du colza.
Il a néanmoins été secoué par la récente révélation dans la presse de la convoitise du groupe «Réflexion-Avenir» pour ses parcelles (voir édition 227, 05.11.25). «Pour moi, c’était une question réglée depuis un bon moment! Quand un de ses membres est venu me voir pour évoquer leur intérêt pour un projet de site multisports chez nous, je pense avoir été très clair…»
Pourtant, une plaquette avec passablement de détails a été élaborée par ces entrepreneurs de la région. Face au manque d’infrastructures sportives, ils imaginent sur les 70’000 m² de surfaces agricoles des terrains de foot, de basket, de rugby, une salle de gym triple, une piscine de 25 m, une salle de sports de balles (handball, padel, tennis), ainsi que des vestiaires, des locaux techniques ou encore une buvette.

La goutte d’eau de trop
«Nous avions déjà pris connaissance de ce plan récemment via une publication sur Facebook, mais là, cela prend désormais une autre ampleur, fulmine Roger Cardinaux. Plusieurs voisins, ou collègues agriculteurs, m’ont alpagué quant à une probable vente. Or, il n’en a jamais été question! Nous souhaitons garder ces parcelles telles quelles, surtout qu’au fil des ans, il est de plus en plus difficile de conserver des terrains agricoles face à la pression immobilière.»
Le propriétaire estime que l’endroit ne serait de toute façon pas adapté pour un tel complexe. «On comprend bien qu’il y ait des besoins en termes d’infrastructures sportives et nous ne sommes pas fondamentalement contre. Mais en envisager ici est insensé! Notre terrain est par endroits bosselé et en dessous, c’est du rocher. Sans oublier qu’il comporte un passage écologique le long de l’autoroute essentiel pour la faune. Il serait fortement entravé avec un tel projet!»
Le sexagénaire assure que sa famille «mettra tout en œuvre pour empêcher cette acquisition, ainsi que pour repousser toute éventuelle tentative d’expropriation». Il regrette encore la tournure qu’ont pris les événements. «Nous sommes scandalisés de ne même pas avoir été avertis de l’élaboration de ces plans par ce groupe, alors que nous sommes tout de même les principaux concernés! La manière de faire n’a pas été correcte. Ces personnes ont été sans gêne et nous avons été blessés par leur démarche.»
Contacté, le groupe «Réflexion-Avenir» dit comprendre et respecter la position de l’agriculteur. «Nous avons surtout pensé au futur de la jeunesse avec l’esquisse de ces plans, relève Guy Marti. Est-ce que notre idée est bonne ou non? L’avenir nous le dira. Là, on est sur du moyen-long terme. Pour nous, l’essentiel était d’essayer de réserver des emplacements pour de futures infrastructures sportives. Nous avions pensé ce site à cet endroit, car il nous paraissait logique d’étendre une zone de sport qui existait déjà, à savoir celle de Praz Dagoud. Mais ce projet pourrait très bien voir le jour sur une autre parcelle. C’est désormais aux politiques de prendre les choses en main.»