Le sentier lacustre joue à fond la carte nature

C’est ce qu’on pourrait appeler un véritable serpent de lac. Six ans après une première mise à l’enquête, le projet de sentier lacustre à La Tour-de-Peilz refait surface. Début 2023, le Tribunal cantonal avait donné raison à des opposants en pointant du doigt des manquements administratifs. La justice vaudoise ne s’était toutefois pas prononcée sur le fond du dossier.
Contrainte de reprendre la procédure depuis le début, la Commune en a également profité pour revoir sa copie. Des améliorations ont ainsi été apportées à ce projet de cheminement pédestre qui doit relier les Bains de la Becque à Portail-Blanc sur environ 600 mètres au bord de l’eau.
«Le grief principal qui nous avait été fait par les opposants – dont bon nombre sont propriétaires d’une parcelle au bord du lac – c’est l’impact que pourrait avoir ce sentier sur les écosystèmes», rappelle Elise Kaiser, municipale chargée du dossier.
À l’enquête publique depuis hier et jusqu’au 26 décembre, ce projet revu et corrigé s’accompagne désormais d’une renaturation de la rive. «Jusqu’à présent, la valeur biologique de cette dernière n’était pas très intéressante, explique l’élue écologiste. Grâce aux différentes mesures prévues, il devrait y avoir un net bénéfice pour les biotopes.» Une refonte imaginée en étroite collaboration avec le Canton, qui s’est lui-même lancé dans un vaste programme de renaturation de son littoral. Près de 30 kilomètres de rives y seraient propices.

Arbres vivants et morts
Parmi les aménagements envisagés le long de la rive boélande: une passerelle reposant sur des pilotis. «Prévue sur un premier tronçon du côté de la Becque, elle permettra de circuler sans déranger les couleuvres vipérines», expose Elise Kaiser. La suite du parcours devrait comporter des murs en pierres sèches à certains endroits, afin de favoriser la microfaune. Dans l’eau, c’est une roselière qui doit voir le jour et des arbres qui seront plantés. «Des caissons en bois à moitié immergés seront également édifiés pour y abriter des plantes aquatiques.» Enfin, des arbres morts seront couchés dans les flots.
Concernant le sentier lui-même, le tracé n’a pas subi de changements majeurs. «Certains passages ont été un peu élargis pour permettre les croisements», indique la municipale, avant de préciser qu’il est toujours question d’un chemin pédestre. Pas possible d’y circuler en chaise roulante ou avec une poussette.
Coût du projet? Pour l’heure difficile à chiffrer. «Il faudra attendre l’appel d’offre, prévu à l’issue des procédures juridiques. Un montant de 3 millons a été inscrit au plan des investissements. Nous attendons des subventions cantonales et fédérales.»

Pas de porte-à-porte
La première mise à l’enquête en 2019 avait suscité 23 oppositions. Doit-on s’attendre à une nouvelle levée de boucliers ces prochaines semaines? Elise Kaiser n’a en tout cas pas renoué le dialogue avec les opposants qui s’étaient mobilisés.
«À l’époque, mon prédécesseur Alain Grangier avait rencontré chaque riverain pour leur expliquer le projet. Cela n’a servi à rien car ils ont tous fait opposition.» Et la Verte de rappeler que l’idée de cette promenade au bord de l’eau avait été approuvée en votation populaire en 2010. «Nous appliquons cette volonté.»
Présidente de l’Association Rives du Lac, qui veille à la concrétisation de ce sentier, Geneviève Pasche affiche un enthousiasme prudent. «C’est un premier pas parmi une série d’autres, formule-t-elle. Il faut continuer à avoir plein d’espoir. De mon point de vue, ce nouveau projet a bien été ficelé, avec un vrai souci de préservation de la biodiversité. Mais la mise à l’enquête ne donne aucune garantie pour la suite. On va certainement avoir une ribambelle d’avocats qui viendront pour dénicher des choses à redire!»

La Commune de La Tour-de-Peilz répondra aux questions lors d’un guichet à la population le mercredi 3 décembre de 16h à 20h, à l’Aula du Collège Courbet