Rechercher
Fermer ce champ de recherche.

À Villars, la tradition du 1er Août ne se dément pas

Pour Michael Jeandet, Michel Dätwyler et Michaël Bochatay (de g. à dr.), la fête patriotique villardoue rime avec passion et tradition.  | K. Di Matteo

Fête nationale
En station, le rendez‑vous patriotique est un incontournable qui traverse les générations. Trois d’entre elles racontent «leur» fête.

À eux trois, ils couvrent un demi-siècle de «success story» locale, celle du 1er Août à Villars. Ils ont contribué à le lancer, à le faire prospérer et à en assurer aujourd’hui encore la vitalité qui le caractérise. Michel Dätwyler, ancien syndic et cheville ouvrière des débuts, Michael Jeandet, actuel président du comité d’organisation, et Michaël Bochatay, le «petit jeune» de 38 ans, sont l’alpha, le gamma et l’omega du rendez-vous patriotique villardou.

Au fil de leurs explications, on comprend l’importance de ce week-end folklorique et de son populaire cortège dans leurs cœurs de Suisses et de Villardous. Le Mérite de la Commune Ollon-Villars, reçu à titre individuel par Michael Jeandet en 2024, vaut pour toute une équipe d’organisateurs. «Tous les conseillers d’État y sont passés pour leur discours du 1er Août, s’enorgueillit-il. En 2021, nous avons même eu Guy Parmelin, président de la Confédération!»

Cette année, c’est le Chablaisien Frédéric Borloz, ministre de l’éducation vaudoise, qui montera sur l’estrade le 1er Août au soir, en préambule aux feux d’artifice de l’Office du tourisme (voir programme ci-contre).

Un «Bijou» de manifestation

Michaël Bochatay était pour sa part destiné à finir au comité. Non seulement, l’hérédité pèse (il est le petit-fils d’Eugène Bonzon, dit Bijou, figure tutélaire du 1er Août à Villars), mais il n’a pas manqué un cortège depuis qu’il est en âge de marcher. «Mes deux filles non plus!, ajoute-t-il. Je préparais les chars avec mon grand-papa. J’ai toujours baigné là-dedans, toujours défilé. Et ma maman m’a déjà dit que maintenant qu’elle est à la retraite, plutôt que de marcher elle montera sur un char!»

Michel Dätwyler, mémoire du groupe à 78 ans et ancien président, se plaît pour sa part à saluer les pionniers (Henri Guex, Hermann «Bouby» Heiz, Albert Manidi, Claude Schwab, etc.). Il se souvient des tâtonnements du début. «En 1971, lorsque la station de Villars était dirigée par André Willi (ndlr: le directeur de l’OT), on organisait un spectacle sons et lumières qui retraçait les origines de la Confédération. D’abord vers le ski-lift du palace, ensuite sur la place du Marché, puis à la place du Rendez-vous, qui servait alors de décharge terreuse. C’était déjà Bijou qui était responsable de l’aménagement.»

En 1978, la décharge est pleine et l’événement s’éteint sous cette forme pour mieux renaître l’année suivante au cœur de la station, un cortège en prime. Le 1er Août de Villars est officiellement né et prendra de plus en plus d’ampleur.

Le défilé en point d’orgue

Le cortège, justement, ne cesse de s’étoffer: chars, orchestres, animaux… La calèche des débuts de l’hôtellerie sur le plateau ne rate pas une édition. Les Milices vaudoises font partie des habitués, tout comme Jean-Marc Richard, qui fait régulièrement le déplacement pour diffuser son émission «Le Kiosque à Musique» sur les ondes de la RTS depuis la cantine.

«Cet été, les fameux fifres et tambours de Bâle (ndlr: Basler Mittwoch-Gesellschaft 1907) seront à l’honneur, annonce Michael Jeandet. Le cortège comptera 6 à 7 chars et 500 personnes défileront. On parle d’une manifestation qui draine jusqu’à 10’000 personnes sur le week-end et que même le Covid n’a pas tuée!», ajoute l’habitant de Huémoz, 57 ans.

Si toute nouvelle force vive désireuse de s’investir est la bienvenue au comité, le volet intergénérationnel n’a pas faibli en plus de 50 ans, et les amateurs de folklore à l’ancienne côtoient les plus jeunes fêtards. «Certains reviennent à Villars exprès, parce qu’ils savent qu’ils y croiseront d’anciens amis ou connaissances», ajoute Michaël Bochatay. «Et puis l’ambiance est très familiale, jamais un débordement grave», surenchérit Michael Jeandet. «Tout au plus, conclut Michel Dätwyler, un cheval est monté sur une table une fois.»

Programme complet à retrouver ici:
Fête du 1er Août à Villars

Les autres événements en Riviera et en Chablais

Sous la terre quand le soleil…

Autre tradition liée à la Fête nationale, le «Brunch du 1er Août» a été lancé en 1993 par l’Union Suisse des Paysans. Si ce rendez-vous patriotique et gourmand se déroule généralement à la ferme ou à l’alpage, au milieu des bottes de paille, il existe aujourd’hui des déclinaisons pour le moins originales. Sur la Riviera comme dans le Chablais, il est ainsi possible de trinquer au Pacte de 1291 dans les profondeurs de la terre.

Sortez vos gamelles!

«Ah non, si on fait griller les cervelas à l’intérieur, il y a tous les systèmes anti-feu qui vont s’enclencher!», se marre Christophe de Rham, directeur du Musée Fort de Chillon. Bon d’accord, les schübligs et autres saucisses de veau seront cuits sur la terrasse. Avant d’être servis manu militari au Bistrot du Soldat, l’ancien réfectoire de la troupe niché au cœur de la forteresse. Avec des tomates roses de Berne et fromages frais en entrée ou encore des meringues fribourgeoises au dessert, ce bataillon de viande fumante venu de chez Suter sera bien escorté.

C’est la deuxième fois depuis 2023 que l’ancien Fort militaire de Veytaux organise son brunch aux couleurs helvétiques. Rendez-vous dans la roche, à une trentaine de mètres sous la montagne, où le thermomètre reste sagement entre 19 et 20 degrés. Encore équipé de ses tables d’origine, le Bistrot du Soldat ne comporte que 24 places assises. «Mais l’idée serait de faire deux services en fonction des inscriptions», précise le responsable des lieux.

Si le Fort de la Riviera attire toute l’année des visiteurs du monde entier, ce rendez-vous est, pour le coup, destiné à des «bruncheurs» de la région, principalement des familles. «Nous avons la chance d’avoir un public local présent et fidèle», se réjouit Christophe de Rham. Tarif: 39 francs (hors boissons et sans entrée au musée).

Inscription au 021 552 44 55 ou sur fortdechillon.ch/fete-nationale-suisse

Avec du sel, votre patrie ?

La «Taverne du Dessaloir» était l’endroit tout trouvé. À 450 mètres de profondeur, cette salle, jadis creusée par les mineurs pour leurs moments festifs, accueille depuis une dizaine d’années des brunchs du 1er Août. La Fête nationale s’annonce caniculaire? «Ici, il fait 18 degrés toute l’année, il faut prévoir une petite jaquette», indique Lara Riccio, responsable événements des Mines de Sel de Bex.

Une septantaine de convives peuvent prendre place autour du grand buffet, qui joue à fond la carte des produits locaux: viennoiseries et pains de la boulangerie Charlet à Barboleuse, spécialités fromagères de la Laiterie de Bex ou encore mets du traiteur Planchamp à Vouvry. «Et nous proposons également du Gruyère et de L’Étivaz, vieillis dans notre cave et frottés avec de la saumure de la mine», souligne Lara Riccio.

Pour se creuser l’appétit, une visite guidée du site chablaisien est organisée avant de se mettre à table. Un rendez-vous qui attire chaque année des touristes, mais aussi des gens de la région. «Il y a des fidèles pour qui c’est devenu un moment incontournable.»

Tarifs (visite + brunch): 65.- adultes/ 45.- jeunes/ 35.- enfants/ 15.- enfants jusqu’à 6 ans. Départs à 9h45 ou 11h15 (durée totale 3h30). Pas d’accès déambulateur/chaise roulante/poussette. Inscriptions: salina-helvetica.ch/fr/brunch-mines

La ferme, et puis c’est tout

Si vous préférez l’air libre, la vue des montagnes et le tintement des cloches de vaches, plusieurs exploitations de la région ouvriront leurs portes lors du 1er Août.

À découvrir ici: recherche.paysanssuisses.ch/fr

GALERIE