
Le spectacle «Seuil» est un monologue qui explore l’éveil du désir et les dynamiques de pouvoir en questionnant la notion de consentement . | DR
Monologue poétique, «Seuil» propose de décortiquer les violences sexuelles à travers une «poésie vivante». Violée à l’âge de 15 ans, l’artiste cherche à comprendre. «J’avais besoin d’investiguer pourquoi je me sentais aussi coupable.»
On ne sensibilise pas les jeunes à la puissance du désir charnel, une chose que Nuria Manzur-Wirth dénonce avec véhémence. Il s’agit de sensibiliser les hommes et les femmes au consentement, car «désirer n’est pas consentir», précise-t-elle. «Il faut qu’on arrête de croire qu’on se remet des expériences aussi marquantes comme l’abus, le harcèlement ou le viol. La blessure reste ouverte à vie. Même si parfois elle arrive à cicatriser, on porte sa marque – un rappel – à jamais.»
«Seuil» est-il un moyen de dénoncer? Oui, mais pas seulement. Nuria Manzur-Wirth cherche à confronter les zones grises de nos rapports, «où chacun peut se responsabiliser». Car cette création «n’est pas l’histoire de Nuria, mais celle de milliers de femmes».
De la page à la scène
Du mot grec poièsis, «puissance créatrice», la poésie est la base commune de toutes les expressions artistiques. Une étymologie que Nuria Manzur-Wirth prend soin de retranscrire dans sa pratique artistique, à travers ses projets pluridisciplinaires. Sur scène, sa poésie se traduit par du texte, des gestes, des mouvements et des sons. Ses poèmes non conventionnels se traduisent en spectacles décloisonnés.
Fondatrice de la compagnie Les Eaux Courantes, créée en mars 2019, Nuria Manzur-Wirth veut sortir la poésie des carcans littéraires. «La mettre dans l’espace», détaille-t-elle. À la manière de Stéphane Mallarmé, les vers s’étendent sur toute la page, les mots se détachent, glissent, construisent un parcours visuel étrange. L’œil voyage, «comme si on habitait la page», défend-elle. Clin d’œil à son père architecte, la Veveysanne étale sa poésie sur tous les espaces vides. Ses mises en page inhabituelles transgressent également les institutions.
Plus d’infos:
«Seuil», Décal’Quai, Montreux, du 27 au 30 novembre 2025
Jeudi, vendredi et samedi: ouverture des portes à 19h30, spectacle à 20h. Dimanche: ouverture des portes à 17h, spectacle à 17h30.
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