Des mots pour traverser la tempête

«La nuit / manque à ton appel / et le jour est sans fin» Telle une élégie, l’absence se fait lancinante dans «Flots charnières».

Des mots comme un gouvernail dans la tourmente. Passés les déferlements, Pat Genet écume les eaux troubles en quête de nouveaux ancrages. Émois amoureux et rupture désillusionnée, la poésie est une catharsis dans ce deuxième recueil. Une manière de suturer ses plaies et de reprendre sa respiration une fois la tourmente passée.

Une mise à nu pour dévoiler les déchirures et les blessures à vif, sans tomber dans le pathos. L’écriture ciselée et syncopée de Pat Genet parvient à insérer ça et là des respirations salvatrices, afin de ne pas s’enfoncer dans les abîmes.

Flux chaloupé, le rythme est à l’image des marées. Un voyage à bout de souffle, avec parfois un seul mot sur le blanc de la page. Un instant de sérénité.

L’universalité de l’intime

Journaliste dans nos pages, le musicien et chanteur Pat Genet fonde son écriture versifiée sur la rythmique des mots, sur la pulsation des phrases. Une oralité au plus près de l’expression du quotidien. «Cela fait plus de 20 ans que j’écris des chansons, enchaîne le poète valaisan. L’écriture poétique reste mon moyen d’expression le plus intime, et je suis convaincu que rien n’est plus universel que l’intime.»

Du détroit de Behring à Ostende, les «Flots charnières» nous emmènent sur des rives plus ou moins lointaines. Un détour par les berges des Îles sédunoises ancre les poèmes sur des berges plus familières. «Que ce soit des lieux que je connaisse personnellement ou non, ils encapsulent tous des parfums d’émotions. Chaque lecture libère et réitère ces souvenirs.» Des petites pépites à dénicher et à savourer dans les différents poèmes.

S’il ne se munit pas de la même plume pour écrire ses refrains, la musicalité de ses vers a tout d’une chanson entêtante. Une manière de les rendre accessibles? «J’aime que mes poèmes soient des portes d’entrée, afin que le lectorat y trouve sa place, réagit le Bellerin d’origine. La poésie n’a de sens que si elle laisse de la place pour la résonance.»