
Le départ de ses parents avec Exit et le suivi qui en a découlé ont été des moments difficiles à vivre pour Anne-Laure Mausner. Mais elle souhaite aujourd’hui n’en garder que le positif. |DR
Anne-Laure Mausner a accompagné ses parents jusqu’à leur dernier souffle. Atteints dans leur santé, ils ont fait le choix du suicide assisté, une volonté dont leur fille avait connaissance depuis longtemps. «Ils avaient préparé le terrain, mais quand leurs dossiers ont été acceptés, tout s’est avéré concret. Ça a calmé tout le monde», se rappelle la Lutrienne.
Chaque année, Exit Suisse romande recense cinq à six demandes de couples. Vice-présidente de l’association depuis 2018, responsable des accompagnateurs et elle-même accompagnatrice depuis 21 ans, Gabriela Jaunin a suivi huit de ces situations de couples. «C’est quelque chose de très beau, mais de très, très lourd. Le processus prend plus de temps. Il faut deux rapports médicaux et un acte notarié.» Une attente dont Anne-Laure se souvient avec émotion. «J’avais la sensation d’être suspendue. Dès que la date a été fixée, je me suis dit: <Enfin, ça va se finir>.»
Se sentir parfois démunis
Durant les derniers mois de vie des patients, les accompagnateurs – issus du domaine médical ou paramédical – respectent un cahier des charges défini par l’association. «Il y a deux premiers entretiens. Après, on ne les recontacte pas, c’est à eux de nous solliciter. Sinon, ça veut dire qu’on les pousse à prendre les décisions. Or, on ne meurt pas dans l’urgence. Notre rôle est de les rassurer», détaille Gabriela Jaunin.
Pour les patients comme pour les proches, Exit propose également le soutien de psychologues bénévoles, à disposition sur demande. Toutefois, dans certaines situations, les proches peuvent se sentir démunis. Anne-Laure en a fait la douloureuse expérience. «Quand j’ai abordé la torture psychologique de ma mère, l’accompagnant a botté en touche et m’a dit que les gens partaient toujours sereins. J’avais l’impression d’une sorte de conflit d’intérêt. Je ne me sentais pas vraiment libre de tout dire par peur de prétériter la décision de mes parents.» Regrettant ce cas de figure, Gabriela Jaunin précise qu’aucun conflit d’intérêt ne doit entrer en ligne de compte et avertit que toute lacune doit être signalée à l’association.
« La mort a besoin de sens »
Pour tenter d’appréhender au mieux cette épreuve, Anne-Laure a mobilisé diverses ressources, à commencer par les conseils du psychiatre français Christophe Fauré, dont elle a découvert l’approche lors d’une journée de formation sur les soins palliatifs. «Ses conférences et son livre sur le deuil m’ont permis de poser un cadre et de suivre un mode d’emploi.»
De ces conseils découle la mise en place de multiples outils: suivi psychologique, soutien spirituel, thérapie en constellation familiale, naturopathie, ostéopathie ou encore pilates. «Je me suis construit une équipe autour de moi pour travailler sur tous les aspects du corps et de l’esprit. La mort a besoin de sens, j’ai donc cherché à mettre du sens dans la réalité vécue», partage la sophrologue.
Outre ce soutien pluridisciplinaire, Anne-Laure a pu compter sur l’écoute et la compréhension de ses amis et de sa famille. Autant de repères qui se sont révélés salvateurs pour traverser les mois précédant le décès de ses parents. Quant aux avis divergents autour du suicide assisté, elle encourage à garder une conscience attentive des événements. «Il ne faut pas se laisser emporter par les visions et émotions des uns et des autres.»
Un livre pour projet
En effet, si les demandes de suicide assisté ont augmenté, un certain tabou persiste autour de cette pratique. «Il serait aidant que ça devienne plus ouvert», estime Anne-Laure. Du côté d’Exit, Gabriela Jaunin constate toutefois une amélioration. «Je trouve que c’est devenu plus libéral, on en parle beaucoup plus, et plus facilement.»
Après le décès, les accompagnateurs doivent rester présents et disponibles auprès de la famille. «Nous sommes censés reprendre contact après et nous pouvons les revoir si besoin», ajoute la vice-présidente.
Anne-Laure souhaite désormais entamer l’écriture d’un livre. Un projet motivé par l’espoir d’aider toute personne touchée par un vécu similaire et, ainsi, participer à rendre ces situations plus visibles. «Ce n’est pas possible de ne rien faire d’une telle expérience», conclut-elle.
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