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L’Auberge de Morcles est sur le point de renaître

L’Auberge de Morcles, fermée depuis quelques années, rouvrira flambant neuve à la fin du printemps, selon le planning. De g. à dr.: Marie-Laurraine Cochinaire, Ludovic Denis, l’architecte Gordji Kaveh et le nouveau propriétaire Christian Degouy.   | K. Di Matteo

Gastronomie
Le bâtiment des hauts de Lavey, inexploité depuis quelques années, est en travaux. Un restaurant et trois chambres sont prévus dès le mois de mai. Une aubaine pour le village de 20 habitants.

Le vaste échafaudage sur la façade et l’activité incessante de plusieurs employés sont des plus clairs: l’Auberge de Morcles, fermée depuis quatre ans, est en plein chantier, signe de renouveau.

Mario Da Silva ne va pas jusqu’à parler de soulagement en évoquant la renaissance de l’établissement, mais la perspective d’un restaurant et de quatre chambres flambant neufs d’ici à la fin du printemps sont «un réel plaisir», selon les termes du syndic de Lavey-Morcles.

Il est d’autant plus heureux que la Commune ne contraignait pas la reprise du bien à une exploitation d’hôtellerie-restauration, mais il la perçoit clairement comme un plus. «Le lieu sera un atout pour le développement touristique et économique local, qui mettra en avant le charme et l’authenticité de notre village.»

À n’en pas douter, les quelque 250 recrues du Fort de Dailly voisin s’en réjouiront aussi, elles qui n’auront plus forcément à descendre en plaine pour se changer les idées.

Coup de cœur calculé

Vu de l’extérieur, l’affaire ne paraissait pas gagnée d’avance. Certes, le panorama sur les Dents-du-Midi est époustouflant et Morcles un écrin de nature préservé. Mais la trentaine de virages serrés qui a fait la réputation anxiogène de la route menant au village de 20 habitants à l’année (plus une trentaine de résidences secondaires), et l’état général du bâtiment, n’invitaient pas à l’optimisme.

«On peut dire qu’il était dans un état catastrophique», lance carrément Christian Degouy, l’entrepreneur qui a racheté l’immeuble à la Commune en septembre 2023 pour 370’000 francs via sa société 4Rent SA. Celui qui est aussi patron de Bugnard SA (outillage électrique), à Lausanne, a eu vent de «la bonne affaire» par des connaissances professionnelles. Il a fini d’être convaincu en voyant le lieu. «Un coup de cœur», au dire de ce grand amateur de ski de randonnée et VTT.

Mais l’investisseur se qualifie avant tout de «cartésien». «En étant le point de départ vers les Dents de Morcles et la cabane de la Tourche, proches des Bains de Lavey, et voisins du fort, il n’y a pas de raison que cela ne marche pas, lance-t-il. Le directeur des bains m’a dit être prêt à me recommander ses hôtes surnuméraires, et le commandant de Dailly avoir simplement besoin d’un super WI-FI pour les officiers qui logeraient chez nous et d’un tenancier qui travaille tôt le matin et tard le soir.»

Nature et proximité

Ludovic Denis et sa compagne Marie-Laurraine Cochinaire ont décidé de relever ce «sacré défi». «Certains amis se réjouissent pour nous, d’autres nous traitent de fous», explique Ludovic, qui sera aux fourneaux.

Sa compagne se chargera de la logistique. «Aller chercher la nourriture notamment, car les petites productions ne livrent pas souvent, explique-t-elle. Et je gérerai les appartements.» Le couple logera du reste dans l’un des quatre logements. Une équipe «de 5-6 personnes» est prévue pour le restaurant et l’auberge.

Les deux Lorrains, arrivés en Suisse en 2020, sont convaincus d’avoir trouvé l’exploitation de leurs rêves. «C’est exactement ce que nous recherchions, un établissement excentré, proche de la nature, que nous pourrions mettre en valeur avec des produits locaux.»

À la carte du futur restaurant semi-gastronomique d’une capacité de 40 personnes, le cuistot prévoit «des plats préparés autant que possible en basse température, pour garder le goût des aliments et ne pas abîmer les produits des producteurs.» Pour ces derniers, il s’est fixé, dans la mesure du possible, un rayon de 50 km.

S’y ajouteront des petits-déjeuners rustiques (œufs bénédicte, pancakes, etc.) et une carte coupe-faim de l’après-midi pour les randonneurs et personnes de passage. En substance, «une cuisine de sincérité, comme le lieu».