Les prières tibétaines résonnent sur les hauts de Chardonne

Assis en tailleurs, crânes rasés et vêtus de robes monastiques bordeaux, une cinquantaine de moines et de nonnes se préparent à entonner les prières. Devant eux, une table basse rouge, sur laquelle repose un livret manuscrit pour les paroles. D’autres sont munis d’une tablette numérique. Des guirlandes multicolores ornent le plafond et des tapisseries traditionnelles recouvrent les murs. Si, l’espace d’un instant, on croit avoir été transportés en Asie, il suffit de jeter un œil par la fenêtre pour vérifier que nous sommes toujours en terres vaudoises. Le Léman et les sommets enneigés des Alpes ne laissent planer aucun doute. Au monastère bouddhiste du Mont-Pèlerin, la fête traditionnelle du Mönlam a réuni du 13 au 18 mars une centaine de résidents et de fidèles de passage. Une célébration pour apaiser les souffrances du monde.

Dans la grande salle du temple, une imposante statue dorée d’un Bouddha règne sur cette cérémonie du Mönlam dévolue à remercier les maîtres spirituels. Devant l’autel, trois tables croulent sous les offrandes. Fruits et pain côtoient aussi des produits industriels, comme des chips, des biscuits, et même des pots de pâte à tartiner bien connus. «Habituellement, nous avons une seule table d’offrandes. Là, c’est la fête!», sourit Helmut Gassner, un moine autrichien résidant au monastère depuis sa fondation. Soudainement, un chœur emplit toute la salle. Mené par le maître spirituel du centre, Gonsar Tulkou Rinpoché, les prières sacrées, accompagnées de cymbales et de tambours traditionnels, s’enchaînent, créant un rythme presque hypnotique.

Un ingénieur devenu moine

Helmut Gassner nous accueille à la cafétéria du centre. Un homme au regard lumineux, à la voix sereine et au sourire chaleureux. À l’âge de 20 ans, alors étudiant en informatique à l’École polytechnique de Zurich, il rencontre le maître Guéshé Rabten Rinpoché dans un monastère zurichois. Ce dernier lui offre des clés de réflexion et des réponses précieuses à ses questions existentielles. Après ses études, il décide de tout quitter pour suivre son maître sur la Riviera et prend la kesa pour poursuivre son chemin spirituel.

Près de 50 ans plus tard, à 71 ans, Helmut reste fidèle aux aspirations de son jeune âge. Bien qu’il n’ait jamais mis les pieds au Tibet en raison des conflits politiques, il parle couramment la langue et sert aujourd’hui de traducteur à Gonsar Tulkou Rinpoché. Pour lui, le Mönlam est l’opportunité idéale d’approfondir les prières quotidiennes. «Ces festivités nous permettent d’amplifier les pensées positives et d’accumuler une certaine énergie pour apaiser les souffrances du monde.»