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Météo Robin, pour l’amour du ciel

Robin Métrailler a créé sa page Facebook en 2016. Elle vient de franchir les 100’000 abonnés. À 22 ans, il jouit déjà d’une belle cote de popularité dans le Chablais, mais pas seulement.  | L. De Senarclens -24 heures

Muraz
Le Chablaisien Robin Métrailler, 22 ans, fait la pluie et le beau temps avec un certain succès en Suisse romande. Sa page Facebook dépasse désormais les 100’000 abonnés.

Ne soyez pas étonné si les publications de la très populaire page Facebook «Météo Robin» se font plus espacées ces prochaines semaines. Son administrateur, Robin Métrailler, renfloue son compte en banque d’étudiant en travaillant comme serveur au restaurant d’alpage de Tovassière, sur les hauts de Morgins. C’est là que nous lui avons rendu visite pour évoquer sa passion et le succès de sa page, qui vient de franchir la barre des 100’000 abonnés.

Drogué aux prévisions

Davantage que de passion, lui parle d’addiction. «C’est comme une drogue dure, mais en moins dangereux pour la santé. Qu’est-ce que j’ai pu saouler ma mère!», en rigole le chroniqueur météo de Radio Chablais du vendredi matin.

La première substance qui le plongea dans la dépendance fut la neige. «Gamin, s’ils en annonçaient, je n’en dormais pas, se souvient le Chablaisien de 22 ans, pur produit de son village de Muraz. Et lorsqu’ils se trompaient, j’étais de mauvaise à la maison.»

Il finit par élargir son champ à l’ensemble des phénomènes, se documente par tous les moyens, développe son modèle de prévisions, les compare avec les officielles, se félicite de constater qu’il n’a pas tout faux. En 2016, il lance donc «Météo Robin». Un succès aussi rapide qu’inattendu. «J’avoue ne pas comprendre. Ce n’est qu’une page météo!»

Mais qui cartonne, en mixant à parts égales, des prévisions et des images ou vidéos d’événements extraordinaires. De Suisse surtout, d’ailleurs aussi. «C’est davantage les photos et vidéos qui font réagir. Beaucoup me communiquent des informations et contenus. Ils aiment les voir publiés.»

Boum depuis deux ans

Cet échange de bons procédés, combiné à une grande réactivité, explique le succès enregistré depuis deux ans. «Par exemple, l’incroyable orage de La Chaux-de-Fonds de l’an dernier. Deux minutes avant, j’ai reçu le message <Le toit de ma voisine s’est envolé>, suivi d’une avalanche d’autres, que j’ai publiés quasi en direct. Pendant les récentes crues du Rhône, pareil: sur 4 jours, j’ai eu 12 millions de visites et 15’000 abonnés sur une semaine.» De quoi en faire la page «la plus vue de Suisse», comme il l’écrit? «En tout cas, j’ai l’impression de les avoir toutes répertoriées.»

Au-delà du cap symbolique et de la fierté personnelle, la barre des 100’000 ouvre la porte à d’éventuels revenus. «Meta (ndlr: la société exploitant Facebook) m’a contacté pour me donner les règles au sujet des retombées de la publicité diffusée avant mes vidéos, mais je n’ai aucune idée de ce que cela peut rapporter.»

Pour l’heure, Robin Métrailler
en retire avant tout un plaisir infini et une certaine reconnaissance. «Je reçois un nombre incroyable de messages, ça fait chaud au cœur. Après, certaines personnes deviennent exigeantes: si je n’ai rien mis dans les trois minutes ou si je me suis trompé, je me fais tacler. Je leur rappelle gentiment que je suis bénévole et que j’ai un matériel limité. Je peux aussi compter sur une armada d’internautes pour me défendre.»

Un atout pour l’avenir

Le Valaisan a aussi su tisser sa toile et consolider un réseau spécifique. «Je suis en contact avec des prévisionnistes de Météo Suisse et certains présentateurs météo de la RTS, qui reprennent parfois mes contributions. D’autres me voient davantage comme un concurrent et un charlatan. Je peux parfaitement entendre que je n’ai pas de diplôme dans le domaine, pour autant que cela soit dit avec respect. Cela ne m’empêche pas de considérer que mon expérience vaut quelque chose.»

Son rêve est-il de devenir lui-même prévisionniste météo? «Oui, même si j’ai déjà l’impression de faire ce qui me plaît. Après, le profil type est d’avoir un diplôme de l’EPFZ, alors…» Un peu loin de ses études à Fribourg pour devenir enseignant. «Avant ça, j’avais commencé à Lausanne en sciences de l’environnement, mais j’ai été déçu, je pensais qu’il y aurait beaucoup plus de météo.»

À court terme, ses objectifs sont sa page Instagram naissante, un site à créer sur Internet, voire une application. Autant d’investissements qui s’ajouteront à l’heure et demie qu’il consacre déjà quotidiennement à Météo Robin. «On m’a aussi proposé de me lancer en politique, étant donné que j’adore ça, que je suis fils de députée et que ma sœur est conseillère générale (ndlr: Législatif). Mais j’ai toute la vie pour ça, on verra. Je suis déjà engagé pour la Jeunesse, le ski-club, le carnaval et les Jeunes du district pour le parti du Centre, c’est déjà bien.»

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