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«Nous tâchons de ne pas surréagir face à ces coups de pression»

Les USA représentent entre 5 et 10% des exportations que la Société des entrepôts de Vevey assure.  | SEV

Exportations
À l’heure où l’économie suisse est suspendue à la future décision de Donald Trump sur les droits de douanes, les transporteurs tentent de garder la tête froide. Prise de température à la Société des entrepôts de Vevey.

Depuis qu’il est entré en fonction le 20 janvier dernier, il souffle le chaud et le froid sur la planète entière. Presque pas un jour sans une annonce fracassante, un tweet lunaire ou une décision drastique. En quelques mois, Donald Trump est devenu l’être humain le plus scruté au monde. Et le secteur qui retient le plus son souffle, c’est bien évidemment l’économie. 

Le 12 juillet dernier, le président américain annonçait à l’Union européenne que ses produits seraient taxés à hauteur de 30% à partir du 1er août. Et la Suisse dans tout ça? En avril, Donald Trump déclarait vouloir lui infliger un taux de 31%. Mais depuis, silence radio. Malgré d’intenses tractations en coulisses, la Confédération ne sait – à l’heure d’écrire ces lignes – toujours pas à quelle taxe elle sera mangée.

Un flou qui pèse logiquement sur les exportateurs helvétiques. «Certains de nos clients nous questionnent à ce sujet, mais nous n’avons pas toujours les réponses», confirme Patrick Storbeck, directeur de la Société des entrepôts de Vevey (SEV). L’enseigne, qui emploie une trentaine de personnes, est spécialisée dans les formalités douanières et le transport de marchandises aux quatre coins du monde depuis plus de 80 ans. Situé non loin de la gare, son quartier général est flanqué de l’inscription «Port Franc Vevey». 

Des contrats qui peuvent prendre l’eau

«Les États-Unis représentent entre 5 et 10% des exportations que nous chapeautons», précise le responsable. Moins d’une dizaine d’entreprises de la région font appel à la SEV pour acheminer leurs produits outre-Atlantique. «Il y a des indépendants comme des multinationales.» Des sociétés pour qui la décision de la Maison-Blanche pourrait avoir des conséquences «très difficiles». «La taxe serait déjà une chose, mais il y a aussi des inquiétudes dans le cas où des concurrents installés dans d’autres pays seraient moins taxés. À cela s’ajoute un franc suisse très fort par rapport à l’euro.»      

Les gesticulations du milliardaire ont un effet sur le quotidien de la SEV. «Pour les USA, tout se complexifie et nous pouvons être directement impactés par une décision, poursuit le directeur. Imaginez qu’une marchandise soit sur un bateau à destination de l’Amérique et qu’un droit de douane soit instauré pendant le trajet. Cela peut changer la face d’un contrat avec notre client. Et je ne vous parle pas des complications juridiques.»    

S’informer pour mieux transporter

Dans ce climat chauffé à blanc, Patrick Storbeck, comme ses homologues dans le secteur, tentent de garder la tête froide. «À présent, nous prenons du recul. Nous évitons de paniquer ou de surréagir face à ces coups de pression. Il y a beaucoup d’effets d’annonce, et tant que ce n’est pas une décision entrée en force, il n’y a rien de définitif.»

Le suivi de l’actualité est de toute manière un volet important de son quotidien. «Chaque matin, on cherche à savoir ce qui se passe dans le monde au niveau géopolitique. Le Canal de Suez bloqué, un port en grève, une attaque dans une région: on doit se demander si ça peut avoir une influence sur un transport. Et c’est aussi cela qui rend le métier dynamique.»

Contacts aux premières loges

Face au flot tumultueux des «breaking news» et autres tweets en provenance des USA, la Société des entrepôts a son propre canal. «Nous sommes bien lotis. Les organismes comme la Chambre vaudoise du commerce et de l’industrie ou le Secrétariat d’État à l’économie compilent différentes sources d’information de qualité.» Sans compter les contacts dont dispose le transporteur veveysan outre-Atlantique. «Nous collaborons avec des agences sur place, des sortes de confrères qui vivent ces changements aux premières loges.»

Comment le directeur de la SEV entrevoit-il ces prochaines semaines? «Je pense qu’on n’est de loin pas au bout de nos surprises, répond Patrick Storbeck. Je ne m’attends pas à une décision ferme de Donald Trump, plutôt des annonces qui seront encore des coups de pression. Et même s’il n’a encore rien formulé pour la Suisse, cela viendra. On peut penser qu’il nous oublie, mais c’est comme les impôts, ça finit toujours par arriver!»