Rechercher
Fermer ce champ de recherche.

Nouvelle vague de sauveteurs sur le Léman

À bord de «La Vedette», les apprentis sauveteurs lacustres répètent leurs techniques d’amarrage au débarcadère de Saint-Gingolph.  | L. Menétrey

Saint-Gingolph
Pendant la haute saison, les apprentis secouristes du lac sont formés à Port-Valais tous les vendredis soir. Immersion entre massages cardiaques et nœuds de navigation.

Depuis leur balcon, surplombant le Léman et la plage de la Bâtiaz, le sauvetage de Saint-Gingolph jouit d’un poste d’observation de qualité. Accoudé à la balustrade, Yann Favre, vice-président du club, accueille ce vendredi soir, comme chaque semaine, les jeunes navigateurs pour une formation tous azimuts sur les bases du secourisme aquatique.

«C’est parti pour dix minutes de nœuds, allez!», s’exclame le formateur. Ni une ni deux, la dizaine d’apprentis enroulent leurs cordes autour de la barrière. Ils s’exercent avec le nœud de batelier, le «b.a.-ba du secouriste», lance le Gingolais. Il faut le faire dans tous les sens, à la verticale, la tête à l’envers, et même les yeux fermés. «On ne sait jamais les conditions d’intervention, s’il y a une tempête et des grosses vagues, il faut pouvoir les réaliser avec un bateau qui tangue.»

Le sauvetage gingolais, fondé en 1985, intervient principalement en cas de panne ou d’avarie de moteur, de remorquage et de noyade. «Nous intervenons également dans le Rhône et la technique de navigation y est tout autre. Il faut remonter la rivière à contre-courant, ça tire, il y a les bois flottants à éviter», poursuit Yann Favre. Contrairement à d’autres sauvetages qui fonctionnent sous forme de piquets, le club agit sur appel. Lorsqu’une alerte tombe — via les pompiers ou la police, suisse ou française — le responsable envoie un message sur leur groupe WhatsApp. Les jeunes bénévoles, disponibles en 5-10 minutes, doivent alors accourir au lac.

À terre comme sur l’eau

Les nœuds à peine défaits, les groupes se scindent. Tandis que les uns vont sur l’eau à bord de «La Vedette», les autres restent sur la terre ferme pour répéter les gestes de premiers secours. Sur la plage, quatre jeunes s’entraînent au lancer de corde en cas de noyade.

«Première étape, toujours observer. Puis prendre contact avec la personne: « Monsieur ou Madame, je vais vous aider, regardez-moi, je vous lance une corde, écartez les bras et tenez-la. » La personne doit ensuite se mettre sur le dos, pour éviter de boire la tasse. Une fois que c’est fait, vous la tirez», explique Yann, toujours avec entrain. Les apprentis s’exécutent sans broncher. Puis, l’heure est à la position latérale de sécurité, du massage cardiaque et du défibrillateur.

Sur l’eau, c’est Mathilde Cohendet, 22 ans, qui prend la barre. L’étudiante en radiologie médicale a obtenu son permis bateau à l’âge de 19 ans et est l’une des rares pilotes du sauvetage. «Madame, il va falloir vous tenir, je vais accélérer», nous avertit-elle. Sans plus attendre, nous rangeons notre matériel photo avant que les gouttes ne l’atteignent. L’engin file à belle allure. À ce moment, Guillaume Pachoud – l’un des formateurs – rappelle: «Un pilote sans ses bateliers n’est rien!» Amarrage, manœuvres, reconnaissance des débarcadères: tout est passé en revue.

Pour clôturer la soirée de formation, un bénévole doit tester le gilet à déclenchement automatique. Lauryn Burnet se porte volontaire. À peine a-t-elle sauté que le gilet se gonfle au contact de l’eau et la retourne sur le dos. «Je flotte, mais ça serre, ce n’est pas agréable», lance-t-elle, sous les rires bienveillants de ses camarades.

Une relève qui prend le large

Parmi les bénévoles, le grand frère de Lauryn, Kylian est actif au club depuis dix ans. «Ce pic d’adrénaline, ça me stimule», confie l’étudiant en soins infirmiers, qui souhaite devenir urgentiste. Le jeune Gingolais nageur-sauveteur regrette le manque de relève au sein des bénévoles. «Quand j’ai commencé, c’était normal de s’impliquer pour son village. La nouvelle génération s’active moins, pas que dans le sauvetage, c’est valable partout, c’est sociétal. Cette fibre baisse et c’est dommage.» Kylian Burnet n’hésite pas à lancer un appel: «Si vous êtes jeune et aimez l’eau, venez, on vous accueille à bras ouverts!»

GALERIE