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Partir à l’ascension de la lecture

Coureuse et skieuse alpiniste, Maude Mathys est une fervente lectrice et ambassadrice de cette journée depuis cinq ans.  | L. Menétrey 

Ollon
Au Château de la Roche, la sportive Maude Mathys a su captiver les enfants en leur racontant des histoires. Reportage à l’occasion de la 8e édition de la Journée suisse de la lecture à voix haute.

Rappelez-vous de ces moments tendres de l’enfance, blottis dans les bras d’un parent, qui d’une voix apaisante nous lisait une histoire au moment du coucher. Il nous suffisait de tendre l’oreille pour s’évader, l’espace de quelques pages, dans toutes sortes de rêveries. Comme une parenthèse suspendue dans le quotidien. Mercredi dernier, cette magie a imprégné le Château de la Roche à l’occasion de la 8e édition de la Journée suisse de la lecture à voix haute. 

La championne du monde de kilomètre vertical et multiple médaillée d’Europe et de Suisse de course en montagne a exceptionnellement troqué ses baskets de trail et skis de rando pour les livres d’enfants. Devant une douzaine de petits, allongés ou accroupis sur des coussins, oreilles tendues et yeux grands ouverts, la sportive a donné vie à divers récits. Parmi eux, «Mission dent de lait», l’histoire de Lili, une souris agent secret à la recherche de jolies quenottes. Une histoire que Maude Mathys se plaisait à lire à ses propres enfants quand ils étaient plus petits, Timothée (8 ans) et Charlotte (14 ans). Originaire de Blonay et installée à Ollon depuis plus de quinze ans, l’athlète est une grande lectrice et une fidèle ambassadrice de cette journée.

Lire pour mieux comprendre ses émotions

Lancée par l’Institut suisse jeunesse et médias (ISJM), la Journée de la lecture à voix haute a compté cette année plus de 75 événements en Suisse romande – dans des bibliothèques, librairies, musées ou théâtres – avec la participation de 24 personnalités, dont la conseillère fédérale Élisabeth Baume-Schneider, le journaliste Philippe Revaz, la sportive Timea Bacsinszky ou encore l’humoriste Benjamin Décosterd. «Cette journée est une piqûre de rappel annuelle aux parents, parfois débordés, stressés ou pris dans le quotidien, pour leur rappeler l’importance de ces moments qui peuvent sembler anodins», explique Bernard Utz-Wyss, coordinateur romand de la journée. 

Ce dernier souligne les nombreux bienfaits de cette pratique: développement du langage, renforcement du sentiment de sécurité et de la complicité, stimulation cognitive, enrichissement de l’imagination, et renforcement de l’empathie. «C’est un moment de partage plus actif que les écrans. C’est une bulle dans la journée où l’on part ensemble à l’aventure.» Selon lui, la moitié du bénéfice vient du livre lui-même, l’autre moitié naît des échanges qu’il suscite: les questions de l’enfant, ses incompréhensions, ses réactions. «Plus ils ont cette intimité jeune avec le livre et l’associent à un moment agréable, plus il y a de chances que plus tard, ils ne soient pas impressionnés par les livres et aient une plus grande facilité à lire et à écrire», reprend-il.

Cette année, l’édition met l’accent sur la santé mentale et souligne combien la lecture peut être un outil précieux de bien-être pour les enfants et les jeunes. «En leur permettant de s’identifier aux personnages, de mieux comprendre leurs propres émotions et de réaliser qu’ils ne sont pas seuls à ressentir certaines choses», note Bernard Utz-Wyss.

Un rituel essentiel

«Même si je n’ai pas le temps, je prends toujours au moins 10 minutes de lecture avant de me coucher, ça me permet de faire le vide», confie Maude. Depuis la naissance de ses enfants, elle les a bercés d’histoires. «Ça permet de les calmer de leur journée, de partager en famille, de s’évader dans des récits. C’est parfois un moyen d’aborder des thématiques plus lourdes, comme le deuil.» Les livres deviennent alors le point de départ de discussions, que l’enfant peut mener à son rythme. Un outil pour nourrir l’écoute, l’empathie et l’expression des émotions.

Aujourd’hui, Charlotte et Timothée n’ont plus besoin d’être incités à lire: c’est devenu une habitude et un plaisir. «Maintenant ma fille me recommande des livres! Je suis très heureuse de leur avoir transmis ça», sourit Maude Mathys.