
Il a fallu anticiper les vendanges, en commençant par les rouges. | C. Dervey – 24 heures
Le pronostic après quelques jours de vendanges est quasi unanime du Lavaux au Chablais, et on pourrait le résumer ainsi: «On misait sur un millésime exceptionnel, mais à cause de la pluie de ces dernières semaines, il sera seulement très bon.»
Ce sont d’ailleurs quasiment, mot pour mot, les termes d’Alain Barbay, président des Artisans Vignerons d’Yvorne (AVY). «Le problème, c’est la pluie qui a gorgé les grains et les a fragilisés.» Et le fameux scarabée japonais? «Rien cette année, mais il faudra voir l’an prochain, cela pourrait devenir un énorme problème.»
Il a quand même fallu rappeler les employés à la der pour s’affairer au plus vite avant que les pourritures ne profitent de l’humidité. «Les rouges d’abord, surtout les Pinot, et si on avait pu, on aurait même commencé la semaine d’avant», souligne Christophe Echenard, l’œnologue de la cave.
Une cave 100% neuve, par ailleurs, après de récents travaux dans les locaux de la coopérative de 120 membres. À tel point que les derniers réglages n’étaient pas encore effectués que les premières caisses des plus de 500 tonnes de raisin à venir débarquaient déjà mercredi dernier. «Nous avons investi grosso modo 2 millions de francs pour nous équiper de machines et de cuves neuves plus efficaces et plus écologiques, reprend Alain Barbay, en attendant de poser des panneaux photovoltaïques sur le toit cet automne. C’est un placement pour l’avenir. Nous avons fait un bond en avant de 30-40 ans.»
Branle-bas de combat
Raymond Chappuis a lui aussi dû rappeler du personnel de l’étranger en catastrophe la semaine dernière pour se mettre au travail sur ses cinq hectares de vignes chablaisiennes d’Aigle et Bex, puis sur les huit autres en Lavaux.
S’il est quelque peu déçu de la tournure récente des événements, la situation n’a rien à voir avec celle de l’an dernier, rendue catastrophique à cause du gel. «Il y a eu un peu de grêle en juin, mais rien de méchant, la récolte est belle, confirme-t-il. Mais il faut qu’on fasse vite avec cette fichue suzukii qui adore le frais!», continue le vigneron de Puidoux.
La drosophile met en effet les nerfs à rude épreuve et s’en donne à cœur joie. «Particulièrement à Bex, ajoute Raymond Chappuis. Elle pique le raisin derrière le grain pour pondre, l’oxygène entre et ça fait vinaigre, on le sent. On repère aussi les grains touchés parce qu’ils sont plus clairs et on doit jouer du sécateur.»
Il a donc fallu redoubler d’efforts jusqu’à samedi, avant la pluie annoncée. «Lundi, ce sera repos, repas tous ensemble et distribution de sécateurs. Mardi (ndlr: hier), les vraies vendanges commenceront, avec l’entier du personnel, et on attaquera les blancs et la fin de la récolte durant quinze jours.»
Mi-figue, mi-raisin
Sur le domaine de Trécord, à Ollon, Harald Cropt fait un peu la grimace. «Je dis pas, c’est quand même joli cette récolte, le Chasselas a l’air très beau, avec du volume, mais on se disait il y a un mois qu’il allait être fantastique et il a fallu qu’il tombe 140 litres d’eau par m²…»
Lui aussi a commencé par se concentrer sur les rouges. «Et sur certaines spécialités blanches, ainsi que sur certaines vignes affaiblies par un coup de grêle. Si le grain est fendu, c’est propice à la prolifération de botrytis (ndlr: de la pourriture grise ou dite «noble» causée par un champignon).»
Mais comme tout bon vigneron qui sait devoir concilier avec la nature et la météo, le Boyard reste philosophe. «Les années un peu plus difficiles, on a souvent des vins avec un peu plus de caractère. Les années trop brûlantes ne donnent pas forcément les meilleurs vins sur la longueur. En 2021, cela avait été très humide et nous avions eu de très bons vins.»
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