
Stéphanie Furrer propose cette saison une programmation mêlant cabaret, musique, impro ou encore stand-up. | P. Mitrovic
Voilà 19 ans que Stéphanie Furrer tient les rênes du charmant caveau du XIXe siècle niché au cœur de Vevey. À la Grenette, cette institution qui a fait découvrir François Silvant, elle a vu passer des pointures, Anne Roumanoff, Jean-Luc Lemoine, Audrey Lamy, Thomas Wiesel… Elle a reçu Jamel Debbouze, venu faire le rodage d’un spectacle. Mais surtout, elle a su sentir le potentiel de jeunes pousses, telle une certaine Élodie Poux, venue à ses débuts sur la scène veveysanne et qu’on ne présente plus aujourd’hui. «C’est juste fou! Et c’était pareil avec Gérémy Crédeville. Mais je dirige un théâtre en Suisse, donc je défends en priorité les artistes suisses!», s’enthousiasme la directrice des lieux.
Sa nouvelle programmation – éclectique, avec du cabaret, de la musique, de l’improvisation, du stand-up… – le montre, puisque les trois-quarts des spectacles annoncés mettent en scène des humoristes helvétiques. Et cette année, deux nouveautés vont faire s’esclaffer à coup sûr les spectateurs et spectatrices amoureux de l’humour.
Vos Open Mic, ce sera 6 à 8 minutes sur scène offertes à des novices qui bénéficieront ensuite d’une discussion en tête-à-tête avec deux pros. D’où vous est venue l’envie de créer cet espace ?
– Les jeunes qui démarrent, c’est ma came. Et ils ont tous besoin d’un vrai retour artistique. J’ai voulu que tous les comédiens soient face à des gens du métier, après leur passage sur scène, pour qu’ils puissent avancer. Il ne s’agit pas d’un jury et ça n’est pas une compétition. Le public n’assistera pas aux discussions. On travaille toujours dans l’ombre. Le but est de faire un retour sur leur positionnement physique, leur mise en scène, leurs propos, etc. Si vous saviez le nombre de dossiers qu’on a déjà reçus! Et j’ai aussi choisi un spectacle en italien, pour la première fois. C’est mon petit défi. J’avais déjà programmé des productions en anglais, mais rien dans d’autres langues. Vincenzo Comunale vient de Naples. Tout est en italien, y compris notre communication.
Comment sent-on qu’un artiste peut réussir ?
– C’est sûrement un mélange d’instinct et de connaissance des gens. Par expérience – cela fait 30 ans que je suis dans le métier, je suis passée par le Montreux Comedy Festival – je sais quand c’est un peu bleu, mais prometteur dans l’écriture ou encore un peu bleu, mais que la personne dégage quelque chose sur scène. Dans ces cas-là, je la pousse. Malheureusement, il y a aussi des gens qui sont des monstres travailleurs, mais qui ne vont jamais passer, parce qu’ils ont le charisme d’une huître. Je n’aime pas critiquer, je préfère accompagner, mettre des artistes qui vont les aider sur leur chemin. Je n’ai rien à y gagner, car je ne suis ni leur agent, ni leur productrice, ni leur manager. Simplement, je leur dis: «Si tu veux venir jouer à la Grenette, il faut t’améliorer.» Et j’offre des pistes. Je suis une directrice très accessible. Le revers de la médaille, c’est qu’on m’appelle tout le temps. Mais je fais aussi ce métier pour cette proximité avec les jeunes artistes. C’est fabuleux!
La Grenette existe depuis 44 ans. Comment se porte-t-elle aujourd’hui ?
– Au niveau artistique, bien. Cela se renouvelle. Les thèmes tournent. En ce moment, c’est la faiblesse humaine que les artistes aiment décortiquer. Au niveau financier, cela reste un lieu dépendant des subventions publiques, du sponsoring. Il faut faire des appels aux dons. Cela demande beaucoup d’énergie. Depuis le début, je travaille à flux tendus. Ce qui est le plus gênant, c’est quand on saupoudre des subventions plutôt que de soutenir correctement. En revanche, je remarque que certaines institutions commencent à réfléchir à des soutiens sur plusieurs saisons. Cela leur évite, comme à nous, des démarches administratives tous les six mois.
Qu’est-ce qui vous motive à continuer ?
– C’est un plaisir de vendre du bonheur aux gens, un petit moment dans une journée. C’est extraordinaire! Quand je lance ma saison, je vois arriver les gens, parfois un peu de mauvaise humeur, parce qu’ils ont eu une sale journée. Je leur dis bonsoir, je m’inquiète de leurs problèmes de parking, je leur souris, ils se sentent compris. Je leur montre leur chaise réservée, ils commandent une planchette. Et d’un coup, ils ont la banane. Ils savent qu’ils sont dans une bulle, avec la petite cheminée qui crépite. Ils sont venus pour profiter d’un produit sympa: l’humour.
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