
Le veilleur de nuit en poste cette nuit-là avait été contraint d’ouvrir le coffre-fort. L’ancienne directrice de l’hôtel, que nous avons contactée, n’a pas souhaité commenter ces événements. | C. Dervey – 24heures
Un palace, un coffre-fort, et des diamants volés… L’affaire sur laquelle le Tribunal correctionnel de Vevey se penchera demain a tout d’un scénario hollywoodien. C’est pourtant bien sur la paisible Riviera vaudoise que l’épisode a eu lieu. Il met en cause un Kosovar de 35 ans. L’homme est notamment accusé d’avoir pris part, avec deux autres individus, à un brigandage survenu à l’Hôtel Victoria de Glion. Des faits qui remontent à la nuit du 9 au 10 mars 2016.
Au lendemain de ce braquage à main armée, les journaux avaient succinctement évoqué un «veilleur de nuit agressé» et le «contenu d’un coffre envolé». Presqu’une décennie plus tard, l’acte d’accusation rédigé par le procureur Karim Ben Amor fait la lumière sur le déroulé de ce pillage nocturne, qui a visiblement rapporté gros. Ses auteurs s’étaient ensuite évanouis dans la nature. Que s’est-il déroulé cette nuit-là entre les murs feutrés du quatre étoiles construit en 1869? On rembobine la pellicule.
Nous sommes donc le 9 mars 2016. Après avoir loué une chambre dans l’emblématique palace des hauts de Montreux, les trois malfrats auraient attendu la nuit pour passer à l’action. Vers 2h30 du matin, alors que l’un d’eux – celui qui sera jugé demain – «faisait le guet à l’extérieur de l’hôtel», ses deux comparses seraient descendus de la chambre pour déclarer au réceptionniste qu’ils voulaient quitter l’établissement.
Face à l’employé leur indiquant que la note «n’avait pas été payée», les deux hommes auraient dégainé un pied de biche et un pistolet, avant de le contraindre à se coucher par terre. «Alors que le réceptionniste était au sol, l’un des assaillants lui a donné un coup de pied dans le dos en disant <bouge pas!> et en pointant l’arme contre l’arrière de sa tête», lit-on dans le récit du Ministère public.
Une précieuse mallette
Les agresseurs auraient ensuite contraint le veilleur de nuit à ouvrir le coffre-fort, avant de lui attacher les poignets et les chevilles «au moyen d’un gros ruban adhésif». Deux des malfrats – dont le prévenu – auraient alors «forcé les casiers du coffre au moyen d’un tournevis et d’un pied de biche». C’est après leur départ que l’employé, parvenu à se libérer de ses liens, a appelé la directrice de l’hôtel pour qu’elle contacte la police.
Si à l’époque rien n’avait filtré au sujet du butin, le Ministère public lève le voile sur ce dernier. En plus d’un fonds de caisse de 1’350 francs, d’argent liquide et de bijoux trouvés, on apprend que les voleurs ont également mis la main sur une mallette appartenant à un client français de l’hôtel. Et c’était visiblement leur nuit de chance, puisque la valise «contenait des diamants d’une valeur totale d’1,73 million de francs, ainsi que des coupures de 200 francs totalisant environ 450’000 francs».
«Rattrapé par cette affaire»
Près de 10 ans se sont donc écoulés. Le prévenu qui comparaîtra demain – aussi pour deux autres vols commis dans le canton – est actuellement détenu à la prison du Bois-Mermet. Il a été remis aux autorités helvétiques en mai dernier, après son extradition de France voisine. «Mon client a refait sa vie, il travaille, est marié et a des enfants, explique son avocat François Gillard. Aujourd’hui, il est rattrapé par cette vieille affaire, qu’il reconnaît et qui le hante.»
Selon lui, c’est la quotité de la peine qu’il s’agira surtout de combattre. «L’accusation pourrait requérir quatre ans de prison, ce qui est un lourd tarif à mon sens. Mon client a déjà purgé une peine conséquente jusqu’en 2019 pour un autre brigandage commis dans le canton. Il devrait bénéficier d’un bonus au vu de sa réintégration réussie», plaide l’avocat. Le procureur présentera ses réquisitions demain lors des débats.
Qu’en est-il enfin de l’important butin évoqué par le Ministère public? «À ma connaissance, il n’a jamais été retrouvé. Mon client assure qu’il n’a pas eu grand-chose et que ses complices ont tout pris», répond François Gillard, qui précise que les deux autres individus ont déjà purgé leurs peines pour ce spectaculaire braquage. «Je ne comprends d’ailleurs pas pourquoi mon client comparaît autant de temps après les faits.» Contacté, l’Ordre judiciaire vaudois n’a pas répondu à nos questions, arguant qu’il s’agit d’un dossier en cours.
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