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Un Montreusien crée des toilettes sèches 2.0

Gaëtan Macheret a développé des nouvelles toilettes sèches écologiques. Son produit s’adresse surtout aux Communes.  | C. Dervey – 24heures

Innovation
L’entrepreneur Gaëtan Macheret a conçu une cabine de toilettes mobile, écologique, autonome et connectée. S’adressant aux collectivités publiques, cette installation fabriquée en Suisse ne nécessite ni sciure, ni produits chimiques.

«YouPee», c’est le jeu de mots, et le sentiment de soulagement, que l’on découvre en ouvrant la cabine de toilette développée par Gaëtan Macheret. Après un passage dans l’électronique et les télécommunications, ce créatif a vite eu l’envie d’être indépendant et de lancer sa propre affaire.
Aujourd’hui, sa société MTX Toilettes, spécialisée dans les sanitaires publics, a déjà dix ans. Elle compte cinq collaborateurs et dispose d’un atelier dépôt à Rennaz, ainsi qu’une succursale à Fribourg pour le marché suisse alémanique.
Fort du retour des utilisateurs et des besoins des Communes, ce Montreusien a développé, en marge de cette activité, sa propre installation modèle. «C’est neuf ans d’idées et de recherches, puis deux ans d’études et de réalisation. Et le résultat est là! Nous avons abouti à un produit fini la semaine dernière», s’enthousiasme Gaëtan Macheret. L’ensemble se présente comme une cabane mobile, en bois, qui se transporte comme une remorque.
Pourquoi ces toilettes sèches ont-elles été pensées sous cette forme? «Il n’est pas toujours facile pour les collectivités publiques de faire équiper des WC à un endroit extérieur où il n’y a pas de conduite d’eau à proximité, sans passer par un ingénieur ou des travaux», explique l’entrepreneur. Il donne pour exemple les lieux de sports ou de randonnées en montagne, les parkings où l’on charge les véhicules électriques, ou encore les zones industrielles des commerces discounters qui n’offrent parfois même pas de WC ouverts à la clientèle.

Comment ça marche?
Les systèmes de toilettes mobiles «digestives» (avec des vers destinés à la décomposition) ont leurs désavantages. Débordées d’une trop grande quantité de papier, elles ne fonctionnent pas bien. Gaëtan Macheret a ainsi conçu une cabine de toilettes sèches écologiques, qui ne nécessite ni eau ni produits chimiques dissolvants. Et également sans la traditionnelle sciure.
L’astuce? C’est dans la cuvette que cela se passe. Elle comprend un système de bande coulissante – une sorte de tapis roulant – qui sépare urine et excréments et les envoie en deux circuits différents dans le compartiment technique de la cabine.
Là, le liquide est stocké en fût, tandis que le solide arrive dans une cuve basse. Un système d’hyperventilation aspire les odeurs et les expulse à l’extérieur, tout en asséchant la matière fécale, jusqu’à ce qu’elle soit réduite à l’extrême. Cela permet de réduire les volumes à évacuer. L’installation étant entièrement connectée, un signal sur le smartphone indique lorsque la capacité maximale est atteinte. L’employé communal n’a ainsi plus forcément besoin de passer tous les jours pour l’entretien.

Des composants locaux
Autre avantage du dispositif: le vidage de la cuvette s’active automatiquement après un temps prédéterminé, tout comme le déverrouillage de la cabine, pour éviter vandalisme et autres usages non souhaités.
L’installation est aussi dotée de panneaux solaires et d’une batterie au lithium qui font marcher le système et l’éclairage. La «cabane», elle, est construite avec du bois provenant du Chablais. L’ensemble des matériaux proviennent du circuit court, y compris certains composants confectionnés à base de plastiques recyclés et issus d’une déchetterie locale.
Contrairement aux toilettes publiques à disposition que l’on trouve parfois insalubres, froides et vandalisées, Gaëtan Macheret a tenu à élaborer «une cabine accueillante, à la fois au niveau de son design, mais aussi de par ses dimensions».

Un besoin saillant
À une époque où les villes s’étendent jusqu’aux agglomérations, et où les horaires professionnels sont minutés, le besoin en toilettes publiques est bien là. «Il n’y a qu’à voir les nombreux chauffeurs-livreurs qui n’ont pas le temps ou la possibilité de s’arrêter dans un commerce pendant leurs tournées», illustre Gaëtan Macheret.
Sa solution mobile s’adresse aux Communes et coûte 40’000 francs. Deux d’entre elles se sont déjà montrées intéressées: «Une grande Commune alémanique et une autre du côté genevois», assure Gaëtan Macheret. Reste désormais à convaincre celles de nos régions.