
Une rupture amoureuse serait à l’origine d’un incendie au camping de Noville. | V. Cardoso – 24 heures
«Les accusations reposent sur la thèse du « cocu pyromane », c’est bien trop expéditif.» L’avocat de la défense, Me Albert Habib, donne le ton à l’ouverture de ce procès en ce lundi matin. Il demande alors de nouvelles réquisitions de preuves, notamment l’avis d’un expert sur la thermodynamique, une nouvelle audition de l’ex-compagne de Julien*, qui a depuis retiré sa plainte. Des demandes rejetées par la présidente de la Cour.
Les faits reprochés à ce ressortissant français de 26 ans remontent à l’été 2024. Lors de la nuit du 6 au 7 juillet, le Camping des Grangettes de Noville s’est alors fait réveiller par le bruit d’explosions et de flammes. Visible loin à la ronde, l’incendie au bord du Léman a marqué les riverains et les habitants de la région.
Ce brasier a réduit en cendres deux mobil-homes et en a endommagé au moins neuf autres. «Les caravanes sur ce site sont très proches les unes des autres, détaille la procureur Sophie Rodieux. C’est un miracle qu’il n’y ait eu aucune victime.»
La thèse de l’amant jaloux
Le prévenu, Julien, est accusé d’avoir intentionnellement bouté le feu à la caravane de son ex-compagne Aurélie*. Un acte ayant entraîné des dommages collatéraux conséquents aux emplacements voisins.
À l’origine de ce sinistre, il y aurait une histoire de vengeance. Celle de Julien, qui, très tôt le 6 juillet 2024, après une soirée bien arrosée, surprend sa copine Aurélie en train d’embrasser un autre homme dans leur mobil-home. Une altercation éclate alors entre les trois protagonistes, tous très alcoolisés, provoquant l’intervention de la police aux aurores. Cette dispute a mené à la rupture entre Julien et Aurélie. «J’étais triste et en colère, mais je ne cherchais pas à me venger», précise encore aujourd’hui l’accusé.
Ce dernier décide ensuite de s’établir dans le camping-car de son ami Marc*, faisant plusieurs allers-retours dans la caravane de son ex-compagne durant cette même journée, afin de récupérer ses affaires. En fin d’après-midi, les deux amis se rendent au Club Aphrodite de Roche. Le flou demeure à ce stade quant aux faits suivant leur retour au camping, aux alentours de 22h. Ce qui est certain, c’est que la caravane d’Aurélie prend feu vers minuit.
« Mon fils n’est
pas un pyromane »
Julien est réveillé brutalement par la police deux heures plus tard, qui l’interpelle et l’arrête manu militari pour le placer en détention. Il est incarcéré depuis le 7 juillet 2024. Figurant parmi les parties plaignantes, son ex-compagne décide de retirer sa plainte quelques mois plus tard.
Quant à son meilleur ami, Marc, il a quitté la Suisse pour retourner en France, sur conseil de la mère du prévenu. «Quand on a vu qu’innocent ou non, les gens sont incarcérés en Suisse, on lui a dit de rentrer, glisse son père, présent au procès. Mon fils n’est pas un pyromane. Il est innocent, les faits parlent pour lui. Pourquoi serait-il resté sur place s’il était coupable?»
Radio camping
En filigrane de cette histoire, il y a donc Marc, ce meilleur ami absent. «Soit il est l’auteur de ce sinistre, soit il est au courant des faits, déclare l’avocat de la défense lors des réquisitoires. Sa fuite n’est en tout cas pas anodine.» Plusieurs témoins, résidant au camping, dépeignent une relation toxique entre les deux amants, et la mauvaise influence de cet ami Marc.
«Vous connaissez l’aveuglement de l’amour. L’on risque trop souvent un retour de flammes, sans mauvais jeu de mots.» Pour l’avocat de la défense, plus que la présomption d’innocence, il est crucial d’effectuer une recherche illimitée de la vérité. «Or, ici, la vérité est compromise par la destruction totale de la caravane d’Aurélie et par les rumeurs propagées au sein du camping, qui nuisent à l’image du prévenu.»
Pour le parquet, Julien a déclenché un incendie dans la caravane de son amie, sans l’ombre d’un doute. «Les témoignages se recoupent et convergent vers la culpabilité du prévenu», poursuit la procureure.
La défense plaide pour la libération de l’accusé, faute de preuves «probantes». Le Ministère public, lui, maintient ses accusations. Il requiert une peine privative de liberté de 50 mois, une amende de 300 francs et une expulsion du territoire suisse de 10 ans. Au moment d’écrire ses lignes, le verdict n’était pas encore tombé. Affaire à suivre, donc.
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