
| Musée Jenisch Vevey
Alors que le stratus et la neige apposent leur lavis ouaté à nos paysages, le Musée Jenisch propose de nous plonger dans un bain de lumière. De quoi égayer les grises journées de cette entame hivernale. À peine le seuil de l’institution franchi que la vibration de couleurs chatoyantes nous entraîne au fil des salles.
Entre croquis, dessins, matrices et gravures, le musée dévoile le savoir-faire ancestral de l’ukiyo-e (ndlr: mouvement artistique japonais de l’époque d’Edo, courant allant du XVIIe au XIXe siècle) et témoigne de la vaste collection réunie par Rudolf Schindler (1914-2015).
«Chaque œuvre est d’une qualité incroyable. C’était à chaque fois un moment d’émerveillement lorsque nous travaillions à l’inventaire et à l’étude de cette collection», se remémore l’une des commissaires Margaux Honegger.
Sur les 3’300 objets de ce fonds, arrivés dans les collections du musée il y a dix ans, quelque 200 estampes sont accrochées aux cimaises. Exposé pour la première fois, cet ensemble de gravures sur bois offre un aperçu vivant et vibrant de la société japonaise de 1750 à 1920.
Histoires en filigrane
Dans la première aile du musée, nous voilà directement plongés dans l’univers du kabuki, ce théâtre traditionnel et populaire japonais. Maquillages bariolés et costumes flamboyants parent les acteurs et icônes de l’époque. Et sitôt les planches derrière nous que nous sommes happés dans les ruelles de Yoshiwara, dans le quartier des plaisirs de Tokyo. Portraits de courtisanes et scènes de vie quotidienne s’égrènent.
Outre les vues urbaines, le parcours scénographique nous guide à l’ombre des cerisiers en fleurs, ou encore dans l’intimité d’une scène musicale, à l’abri des regards. «Au-delà de leur beauté exceptionnelle, l’intérêt de ces estampes réside également dans ce qu’elles disent de la société dans laquelle elles ont vu le jour, nous glisse entre deux salles celle qui est également conservatrice adjointe du Cabinet cantonal des estampes. C’est-à-dire que ces représentations graphiques sont révélatrices des dynamiques sociales alors à l’œuvre.»
Prenons le cas des estampes de paysages. Puisque se déplacer librement n’est pas entreprise aisée, le développement des gravures de voyage prend son essor particulièrement durant l’époque d’Edo. «Ces images étaient spécialement destinées à la population n’ayant pas l’autorisation d’emprunter certaines routes, complète Margaux Honegger. Cela permet ainsi au public de voyager par les images.»
Parmi les sorties au restaurant, l’admiration des arbres en pleine floraison, ou l’élégance des pièces vestimentaires, l’exposition «Impressions du Japon» est un magnifique kaléidoscope des us et coutumes de la société japonaise à l’époque Edo. Une expérience picturale vibratoire, qui révèle un langage singulier et méconnu, n’ayant rien perdu de son éclat. «Malgré la fluctuation des goûts à travers les époques, la fascination pour les estampes japonaises, elle, n’a jamais faibli depuis leur découverte en Occident», conclut la conservatrice de la Fondation Kokoschka, Aglaja Kempf.
«Impressions du Japon», à voir du 28 novembre 2025 au 29 mars 2026, Musée Jenisch, avenue de la Gare 2, Vevey.
museejenisch.ch/expositions/impressions-du-japon/

À Vienne, l’Exposition universelle de 1873 ouvre les esprits aux arts extrême-orientaux. En quelques décennies, les estampes japonaises suscitent un véritable engouement. C’est la «japomanie». Cet enthousiasme pour cette nouvelle esthétique s’empare du jeune Oskar Kokoschka (1886-1980). Il constituera d’ailleurs sa propre collection, et va très tôt intégrer ce vocabulaire formel dans ses propres œuvres. Un ensemble de 17 estampes est à découvrir à la Fondation Oskar Kokoschka, abritée au Musée Jenisch. «Montrer les gravures issues de sa collection permet de comprendre les liens tissés entre un artiste qui a traversé le XXe siècle et cet art traditionnel, explique la commissaire Aglaja Kempf. L’œuvre artistique de Kokoschka s’approprie subtilement certaines caractéristiques, telles que la composition.»
Légende: L’ensemble d’Oskar Kokoschka est constitué de gravures de grands maîtres du tournant du XVIIIe et XIXe siècle, avec un accent particulier sur Utamaro. Ici une de ses estampes, «Courtisane avec rouleau illustré», vers 1800. | Musée Jenisch Vevey
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