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Yvorne, bientôt premier grand terroir durable de Suisse

Parmi les actions mises en place, on retrouve la promotion de variétés de plantes comme le souci des champs (au premier plan). | Yvorne Grandeur Nature

Révolution viticole
Le projet «Yvorne Grandeur Nature» réunit désormais presque tous les producteurs de l’appellation. Il vient d’obtenir un financement fédéral et cantonal.

Les premières bouteilles labellisées sortiront en 2027. «C’est une démarche assez unique, déjà par l’engouement qu’elle suscite», observe Thierry Heger, professeur à l’École de Changins, qui suit sur le terrain depuis trois ans le développement de «Yvorne Grandeur Nature». Ce projet «parti de viticulteurs passionnés et de responsables de domaines viticoles» a rapidement réussi à fédérer et impliquer la plupart des producteurs de ce terroir local.

Certains ayant encore récemment rallié cette révolution, la surface répertoriée représente près de 90% des quelque 150 hectares de cette appellation. Une ampleur qui constitue un des critères ayant convaincu l’Office fédéral de l’agriculture de le soutenir financièrement, et ce, sur plusieurs années. Il a également obtenu une participation importante du Canton.

L’étendue du territoire concerné permet aussi de mettre en place des mesures avec un impact écologique favorisant par exemple des corridors de végétation et de biodiversité. Parmi les actions mises en place, on retrouve la promotion de certaines variétés de plantes emblématiques du lieu – souci des champs et orlaya à grandes fleurs – ainsi que d’une espèce de papillons ou encore la création de petits biotopes avec des buissons et des pierriers favorables aux insectes et aux reptiles.

L’aspect économique pas oublié

Le cahier des charges, qui comprend une cartographie détaillée des vignes, porte aussi sur un certain degré «d’enherbement» des parcelles, à même d’éviter le transfert de certains produits phytosanitaires vers les eaux de surface. Des contrôles de la qualité de l’eau, de l’état des nutriments et des diatomées dans le torrent de l’Yvorne seront d’ailleurs effectués jusqu’en 2029.

Mais ce n’est pas tout. Le travail au niveau des vignobles terminé, le projet prévoit également la mise en place de mesures de durabilité au niveau du travail de la cave, puis un volet social et, surtout, économique, sur le plan du marketing et de la promotion de ce nouveau terroir durable.

«Ces mesures ont tout de même un coût pour les viticulteurs. Il est donc nécessaire qu’ils s’y retrouvent financièrement. C’est ce qui rend ce projet intéressant et rassembleur», souligne Thierry Heger.

Autres cépages à l’étude

Si la démarche doit aboutir à un label durable, elle peut se greffer sur les plants existants et l’adaptation du vignoble actuel. Elle ne nécessite cependant pas forcément le passage à une viticulture biologique, «même si on s’en approche», poursuit Thierry Heger.

Yvorne restera ainsi un terroir majoritaire du Chasselas. Le projet fait néanmoins l’objet d’une thèse de doctorat. Son auteure, Serena Fantasia, a étudié et simulé, sous serre, la sécheresse et les conditions de stress hydrique auxquelles seront soumises les vignes ces prochaines années. Le but étant de déterminer d’éventuels nouveaux cépages robustes plus résistants. Un travail de recherche unique en Suisse et sur le plan européen.