«Nous voulons relancer le basket veveysan»

De l’avis de différents témoins, c’est «du jamais vu». L’assemblée générale de Vevey Riviera Basket (VRB), en proie à de gros problèmes sportifs et financiers, est allée de rebondissements en rebondissements mercredi soir. Jusqu’à un dénouement inattendu: l’ancienne star locale et premier joueur suisse de NBA, l’enfant du pays Thabo Sefolosha, a annoncé lancer une nouvelle association, le Vevey Basket, «pour relancer le club et, en priorité, le mouvement junior».

«Beaucoup de choses se sont passées dernièrement, explique-t-il au téléphone, et nous voulons sauver la saison de ces jeunes en amenant du calme et une vision pour la suite, afin de rassurer les parents et les joueurs.» Une septantaine de personnes, dont de nombreux parents, ont ainsi validé la constitution de la nouvelle entité.

Contexte difficile

Mais rembobinons quelque peu. Le basket veveysan évolue dans un climat complexe depuis quelques années. Après avoir été relégué en 1re ligue en 2024 pour raisons financières, l’ancien club mythique au niveau national avait réussi à remonter la barre sur le plan sportif, avec une promotion en LNB cet été, mais sans se départir des difficultés sur les volets administratifs. À cela s’ajoute «une opacité administrative et financière», dénoncent des membres.

Dernier coup de théâtre en septembre: le VRB et l’autre club local, l’Union Lavaux Riviera Basketball (ULRB), se rapprochent et lancent le Riviera Basket Club, sans discussions préalables avec les autorités. La goutte de trop pour ces dernières, qui refusent au club de s’entraîner dans les salles de la Commune, «conformément à nos directives internes», déclare la municipale des sports de Vevey, Laurie Willommet.

VRB insolvable

Mercredi soir, cette dernière a en partie confirmé certaines craintes en énonçant la liste des poursuites et actes de défaut de biens accumulés par VRB, document de l’Office des poursuites à l’appui. Certaines sources évoquent plus de 200’000 francs d’actes de défaut de bien et un trou total d’un million de francs, ce que l’élue ne précise pas.

Un constat est par contre clair, selon l’édile: «L’Association VRB est insolvable et devrait être automatiquement dissoute, selon l’article 77 du Code civil.» Sur cette base, les membres de l’assemblée ont refusé les comptes 2023–2024.

Contacté pour réagir à ces éléments, le président du VRB, Nathan Zana nous renvoie au communiqué officiel du club qui «réaffirme continuité, stabilité et engagement envers la jeunesse veveysanne».
Nous apprenons dans ce document «l’arrivée prévue de deux groupes d’investisseurs présents dans la salle». Selon le comité du VRB, «un plan d’assainissement complet était sur le point d’être validé. La stabilité financière du club était ainsi assurée pour les saisons futures».

Plusieurs équipes de jeunes concernées

L’ordre du jour n’a toutefois pas pu être traité dans son entier. Une fois l’insolvabilité révélée et les comptes refusés, Thabo Sefolosha, aurait pris la parole pour annoncer la création de Vevey Basket dans une salle voisine, où de nombreux membres l’ont suivi pour valider le projet.

Patrick Bertschy, ancien président du Vevey Riviera Basket de 1999 à 2006, et Elina Leimgruber, ancienne syndique de Vevey, ont été nommés co-présidents de l’association. Thabo Sefolosha assurera la direction sportive de la nouvelle entité.

Laurie Willommet ajoute que «Vevey Basket pourrait obtenir ces prochains jours l’autorisation de s’entraîner dans les salles de sport de la Ville, nous devons en discuter en Municipalité».

Selon Patrick Bertschy, cinq équipes de jeunes du VRB seront reprises par Vevey Basket. «Les discussions avec les fédérations pour validation sont en cours. Mais il en reste quatre autres – notamment des U16, U18 et des jeunes de 1^re ligue – qui sont encore sous l’égide du Riviera Basket Club. L’objectif est de les intégrer chez nous également. Les jeunes doivent pouvoir s’épanouir et pratiquer leur passion!»

«Faire profiter de mon expérience»

Thabo Sefolosha abonde, lui qui se dit très motivé à s’engager pour le bien de ce vivier qui l’a vu éclore en son temps. «Je suis un enfant de la région et la situation compliquée de ces dernières années a atteint son paroxysme. Quand je vois ce que ce sport m’a apporté, j’ai envie de transmettre ses valeurs.»

Comment compte-t-il agir? «Dans un premier temps, je veux discuter avec les joueurs, les parents, les entraîneurs, pour remettre les équipes en place, rassurer, faire un état des lieux, fédérer toutes les bonnes volontés. J’espère y contribuer en faisant profiter tout le monde de mon expérience de quatorze ans au plus haut niveau. La priorité, c’est de sauver la situation pour des dizaines d’enfants.»
Le comité du VRB de son côté déplore «la création précipitée d’une nouvelle association au lendemain de la séance, alors même que les discussions statutaires n’étaient pas terminées». Il estime que cette nouvelle entité Vevey Basket «ne peut en aucun cas constituer une alternative structurée ou légitime au VRB» et confirme «qu’il n’acceptera aucune tentative de déstabilisation ou d’appropriation de son projet sportif, bâti au fil de plusieurs décennies».