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Un «petit Suisse» s’impose devant les meilleurs Français

Valentin Lefebvre rêve de suivre les traces de son idole, le pilote de formule 1 monégasque Charles Leclerc. Son papa Thibault met tout en œuvre pour qu’il atteigne son plein potentiel.  | L. Grabet

Karting
À 13 ans, Valentin Lefebvre enchaîne les victoires, des rêves de F1 plein la tête. Ce jeudi, l’Attalensois participera au grand raout annuel de la Fédération française du sport auto.

Le 26 octobre dernier, c’est le «Cantique suisse», et non pas la moins discrète «Marseillaise», qui a retenti à Val d’Argenton, lors de la finale de la Coupe de France de karting, devant la crème des jeunes pilotes de l’hexagone. Et pour cause, à la surprise générale, c’est Valentin Lefebvre qui montait, un peu intimidé, sur la première marche du podium dans sa catégorie.

«Ça a été un moment très émouvant, pour moi qui ai été si bien adopté par la Suisse», confie son papa Thibault, 52 ans et français d’origine, mais naturalisé suisse. Celui qui a couru trois rallyes de Monte-Carlo dans sa jeunesse et désormais patron d’un cabinet de recrutement. Il nous a reçu avec son cadet dans leur villa familiale d’Attalens.

Surdoué mais modeste

Dans la chambre de l’ado trônent coupes, trophées et magazines spécialisés. Ça sent la passion et les rêves éveillés qui deviendront peut-être un jour réalité… «Après ma victoire, j’étais hyper fier pour mon père et ma famille», lance Valentin dans un touchant mélange de timidité et de gentillesse. À 13 ans, il passe une centaine de jours par an au volant de ses bolides flirtant avec les 115 km/h.

L’avant-veille de notre rencontre, il faisait des essais du côté de Lyon et le surlendemain, il partait remettre ça sur un circuit à Pontarlier. Et le programme ne s’arrête pas là. Grâce à sa victoire remarquée en Coupe de France, il participera demain à la prestigieuse remise des prix de la Fédération française du sport automobile à Paris. Là, le jeune Suisse espère rencontrer quelques-unes de ses idoles, à l’instar du pilote F1 Isack Hadjar ou des spécialistes rallyes Sébastien Ogier et Adrien Fourmaux.

Comme tant d’autres, cette belle histoire a pourtant commencé sur un de ces «hasards» que sèment le destin sur nos routes. Nous sommes en août 2022. Le karting de Vuitebœuf fait de l’œil aux Lefebvre qui passent à proximité. Ils s’y arrêtent donc «pour voir et simplement s’amuser». Sauf que les fistons Maxence et Valentin se prennent au jeu.

«Après deux sessions, ils me collaient déjà de très près. Et après quatre de plus, ils affichaient des chronos que seuls atteignent quelques habitués du circuit», se souvient Thibault Lefebvre. Coup de chance: le coach spécialisé Nicolas Rohrbasser – vice-champion du monde Super Shifter 2018 (ndlr: catégorie de karting) – est présent. Et évidemment, les performances de ces gamins débutants tapent dans son œil averti.

Un jour en F1?

Les détails de la suite ne parleraient qu’aux spécialistes. La seule chose à retenir est peut-être qu’en 2025, pour sa première saison complète, Valentin a enchaîné neuf podiums dont cinq victoires en seize courses. Il s’est aussi qualifié pour la finale mondiale des «Lame Series» en Espagne où il a flirté avec le top 10.

L’année prochaine, il passera dans la catégorie des 13-16 ans avec des moteurs plus puissants et des châssis plus imposants. L’ambition affichée est de sortir du lot en championnats de Suisse, de France et d’Europe. Valentin espère aussi parvenir à représenter son pays lors du FIA Trophée Académie et du Champions of the Future, soit des compétitions de référence dans le karting. Cette discipline automobile reste un passage obligé vers les étapes suivantes: la monoplace et la formule 4, que les meilleurs espoirs atteignent dès 14-15 ans.

La Suisse tiendrait-elle donc un successeur à Sébastien Buemi ou au légendaire pilote F1 fribourgeois «Jo» Siffert? Il est évidemment bien trop tôt pour le pronostiquer. Mais jusque-là, la trajectoire éclair de Valentin peut le laisser espérer.

Lui en tout cas rêve à voix haute de défendre un jour les couleurs de «Ferrari». Le tout en étant bien conscient que très peu de pilotes arrivent jusqu’en Formule 1. «Pour poursuivre son évolution dans le sport auto, il a besoin de sponsors et de partenaires, car une saison de karting à ce niveau coûte vite cher», prévient son père, qui injecte dans la bataille ses économies, tout en mettant à profit son entregent pour trouver d’autres solutions plus durables.

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