Xavier Michel, nouveau messie d’un entre-soi jubilatoire

Est-ce dû à ses qualités d’observateur aiguisées par plus de 20 années d’écriture de chansons? Ou à ses connaissances d’historien, qui lui auraient conféré un sens certain de l’anticipation? Sans doute un peu des deux. Toujours est-il que Xavier Michel a le timing inspiré. Alors même que «Sorcière» part en tournée, l’auteur-compositeur-interprète et poète de La Côte sort aux éditions Slatkine une nouvelle enquête de l’inspecteur – retraité – Philibert Ramuz qui a justement pour cadre le spectacle-événement créé au temple Saint-Vincent à Montreux au printemps 2024. 

L’ouvrage, qui mêle fiction du polar et réalité du travail de création de la troupe, prend la forme d’un habile jeu de piste à la recherche d’un mal mystérieux qui ronge littéralement l’auteur-compositeur-interprète, auteur du best-seller «Mais qui a tué Marc Voltenauer?», paru en 2022. 

Confirmant son goût pour le second degré, Xavier Michel y fait défiler une vaste galerie de personnalités du milieu musical romand. On y croise ainsi par exemple, sous leurs véritables noms, Pascal Rinaldi, Thierry Romanens, Gjon’s Tears, Marc Aymon, ainsi que l’ensemble des protagonistes de «Sorcière», en tête desquels Pierre Smets, administrateur de la Saison culturelle de Montreux. 

Notes de bas de page à lire absolument

«Je ne sais pas trop ce qui m’a pris…», nous avait-il lancé au moment où l’on commençait la lecture de l’ouvrage. Car comme pour son précédent opus, Xavier Michel s’est lancé dans le travail d’écriture sans trop savoir où il allait… ni même si cela allait sortir un jour. Jusqu’à même se poser la question de savoir – parce que chaque membre de l’équipe s’y voit gentiment brocardé – si cela n’allait pas rester un simple journal de création. 

«Il y a un côté «coulisses», reconnaît l’auteur. Ma question principale était de savoir si c’était du <private joke> (ndlr: humour interne) ou non; la troupe, ce ne sont pas forcément des gens connus, j’aurais pu me contenter d’en faire tirer 30 exemplaires pour l’équipe et basta.» 

C’était sans compter le fin nez des éditions Slatkine, actrices un peu malgré elles de ce roman par le biais de nombreuses «notes de l’éditeur» en bas de page – notes que l’on soupçonne fortement être en fait l’œuvre de l’auteur lui-même. Intelligemment parsemées et indispensables à la mécanique de l’œuvre, elles permettent au roman, constamment sur le fil de l’auto-promotion, de ne jamais y sombrer. Et faire de cet opus un vrai bon moment de divertissement littéraire.

slatkine.com