
Déjà rares, les ateliers sont trop coûteux pour les revenus irréguliers des artistes et artisans indépendants. | Adobe Stock
«Avec l’harmonisation des loyers, tout est devenu trop cher pour les artistes!» Si l’internalisation des gérances au sein de l’administration publique fait ses preuves en termes de politique publique et de rendements financiers (voir édition 208, 18 juin 2025), il y a «peu de volonté de la Ville à pérenniser les locaux d’artistes ou des espaces voués à des fonctions d’artisanat, tel le CAB ou de média comme le Swiss Media Center.» Par crainte de se mettre en danger dans leur profession et leur recherche de locaux, ces artistes profesionnels ont préféré rester anonymes.
Déjà rares, les ateliers atteignent aujourd’hui des prix trop élevés pour les revenus irréguliers des artistes et artisans indépendants. Les derniers espaces aux loyers bon marché disparaissent, au profit de rénovations – synonymes d’augmentations de loyer – de nouvelles attributions ou de constructions neuves.
«Toute une tranche de la population veveysanne est touchée par cette <harmonisation> des loyers, qui la plonge dans une plus forte précarité.»
Dernier exemple en date avec l’évacuation de l’espace situé à la rue des Moulins à la fin du mois d’avril, pour cause de vétusté. Si la nouvelle coopérative VOIE48 (voir édition 207, 11 juin 2025) est une opportunité, elle demande néanmoins un investissement de départ, ce qui n’est pas accessible à tout le monde. «Au vu de la quantité des personnes à la recherche d’ateliers, il n’y aura jamais assez de place pour tout le monde.»
À l’arrière du peloton
La volonté de ces artistes aujourd’hui: amener plus de visibilité et fédérer cette population précaire qui pourtant représente Vevey, Ville d’Images, au quotidien. Selon un premier sondage mené par ce groupe d’artistes veveysans, «pas moins d’une soixantaine d’artistes plasticiens et d’artisans sont à la recherche de locaux adéquats à leurs besoins professionnels.»
«Les lignes budgétaires allouées à la culture sont constamment en danger. La distribution des fonds favorise plutôt les grandes structures et moins le tissu extrêmement riche et divers des <petits> acteurs culturels. Ce système défavorise la nouvelle génération.» Le risque est de voir disparaître l’émulation artistique qui fait partie de l’ADN de la ville, selon eux.
«Il y a quand même un important acquis à Vevey, rappelle la municipale chargée de la culture Alexandra Melchior. La Ville dispose d’un parc conséquent dédié aux activités culturelles. Mais en pratique, tous les espaces – de l’Ancienne Prison aux autres locaux communaux – sont occupés. Le taux de rotation reste faible, et une liste d’attente s’est créée.»
«Nous n’avons de loin pas abandonné les actrices et acteurs culturels durant cette législature, poursuit son collègue municipal Pascal Molliat. J’en veux pour preuve la stabilisation et légalisation des locaux d’artistes à l’avenue Général-Guisan 75, les ateliers faisant partie des parcelles rachetées de la Valsainte 9 et des Jardins 12, la nouvelle exploitation de la cour de l’Avenir, ainsi que la mise aux normes et la pérennisation en salle de danse/théâtre du Clabo, pour ne citer que ces exemples. À l’heure actuelle, ce sont des ateliers maintenus et pas détruits pour du locatif.»
Priorité aux logements
Si les artistes peinent à trouver des locaux pour leurs pratiques, ce n’est pas le seul secteur en mal d’espace. «Contrairement aux années 1990, les friches industrielles et donc les surfaces flexibles et bon marché se font rares et disparaissent une à une, regrette Pascal Molliat. Le manque de place est désormais un problème endémique à Vevey. Que ce soit pour les artistes, le sport, les entreprises, les garderies ou autre, tout le monde a de la peine à trouver des locaux.»
À l’image d’un immense plateau de Monopoly, la Ville tente de placer des pions à l’endroit le plus approprié, tout en menant une politique publique cohérente. «Nous tentons de saisir toutes les opportunités, mais les urgences actuellement au plan des investissements sont les logements abordables, les garderies et la rénovation du bâti scolaire», poursuit l’édile.
«Nous essayons de jongler avec les différentes demandes, ajoute Alexandra Melchior. Le Service de la culture reste attentif, mais les besoins de tous les acteurs sont très importants. De plus, les nouvelles normes de sécurité et la professionnalisation du milieu ont complexifié et changé le paradigme culturel.»
«De plus, avec l’harmonisation des loyers, les nouveaux montants sont trop élevés pour les artistes. Le Service des gérances doit garantir des loyers abordables, pour ne pas mettre en péril une grande partie de sa population. Quant aux revenus des acteurs culturels, ils ont plutôt tendance à baisser. Qu’en est-il du constat des États généraux de la culture? Si c’était une urgence en 2017, il n’y a toujours rien huit ans plus tard…»
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