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Sunfire, un départ qui pose des questions

Sunfire était arrivée en 2021 sur le site des anciennes halles Giovanola, à Monthey.  | P. Genet

Monthey
Arrivé en 2021 sur le site des anciennes halles Giovanola, le leader mondial des électrolyseurs industriels licencie ses 68 employés montheysans à partir du 30 juin. Sans réel plan social.

Le ciel est lourd au-dessus de la zone de Clos-Donroux en ce lundi de la fin juin. Et ce n’est pas que pour des raisons météorologiques. D’ici à une semaine, au 30 juin et progressivement jusqu’à l’arrêt complet de l’activité de la société à Monthey le 31 décembre prochain, les 68 employés de Sunfire, leader mondial des électrolyseurs industriels basé à Dresde, en Allemagne, devront quitter leurs postes. 

La nouvelle, tombée le 19 février dernier, avait créé un séisme sur le vaste site industriel – plus de 30’000 m2 de halles réparties sur 100’000 m2 de terrain – racheté par la Ville de Monthey en 2004 après la faillite de l’entreprise Giovanola. 

«Assurer une croissance durable»  

À l’approche de la date-couperet, le dossier a sans grande surprise refait surface lundi 16 juin lors de la dernière séance du Conseil général de Monthey avant les vacances d’été. Le groupe PS et Gauche citoyenne demandait alors à la Municipalité si des solutions avaient été trouvées en ce qui concerne la reprise de bail et, surtout, si un véritable plan social avait été mis en place par Sunfire. 

Le président Fabrice Thétaz, qui rappelait qu’il avait «comme beaucoup» appris la nouvelle par la presse en février dernier, a répondu qu’il n’avait eu «aucune discussion, que ce soit avant ou après» l’annonce, avec la société allemande. «Des discussions devront avoir lieu avec Gessimo, mais cela doit venir d’eux», a complété l’élu, précisant que «tout se passe en Allemagne» et que «les informations parviennent au compte-gouttes.» 

Nous avons relayé cette déclaration au service communication de la société, qui n’a malheureusement pas donné suite à nos demandes. Il faudra donc, pour l’heure du moins, se contenter du communiqué officiel présenté sur le site Internet de l’entreprise il y a quatre mois. On y apprenait que la société «relocalis(ait) son site de Monthey en Allemagne dans le cadre d’un mouvement stratégique visant à renforcer sa compétitivité et assurer une croissance durable». Aucune mention des mesures concernant les salariés.

Au terme d’une procédure de consultation qui aura duré trois semaines, Sunfire déclarait fin mars au «Nouvelliste» garantir «que tous les employés concernés reste(raie)nt en poste à Monthey jusqu’au 30 juin 2025», leur accordant «une période de plusieurs mois pour réussir leur reconversion». «À notre grande surprise, la majorité de nos demandes n’ont pas été retenues, ni même communiquées à la direction allemande», s’étonnait un employé interrogé par le quotidien valaisan. 

« Beaucoup d’arrogance et de mépris »

Selon nos informations, les mesures proposées par l’industriel n’auraient pas excédé deux mois de congé – un mois supplémentaire pour les salariés de plus de 58 ans– un jour de congé par mois pour des recherches d’emploi et une invitation à postuler… en Allemagne. «Ce que propose Sunfire n’est pas un plan social, ça n’a de social que le nom», s’emporte Blaise Carron, secrétaire régional d’Unia Valais, selon qui l’entreprise fait montre de «beaucoup d’arrogance et de mépris» dans ce qu’elle propose. 

Les mesures proposées seraient ainsi «bien loin» des pratiques usuelles en cas de licenciement collectif dans l’industrie. «L’entreprise s’en tire à extrêmement bon compte, car en liquidant quasi les 10% de son personnel global, elle n’offre pas un plan social, mais juste des mesures centrées sur ses propres besoins», poursuit le syndicaliste, évoquant notamment l’usage, dans de tels cas de figure, de proposer un jour de congé par semaine aux salariés, afin qu’ils puissent se consacrer à des recherches d’emploi. 

Blaise Carron juge par ailleurs particulièrement irrespectueux de la part de Sunfire de proposer à ses employés montheysans de postuler pour une place sur le site allemand de la société. «Par décence et respect pour les salariés, l’entreprise aurait pu s’abstenir de faire ce type de proposition, car elle sait que personne ne va pouvoir le faire», estime le patron d’Unia Valais.